Un reportage exceptionnel
L'émission historique C'était hier revient sur ce drame en 1970, soit 24 ans après les faits. Elle propose des images réalisées à l'époque par deux cameramen du Ciné-Journal suisse, qui ont suivi heure après heure les opérations. L'un des deux, Robert Gabarde, témoigne.
Au moment de l'accident, il se trouve à Sion. Il parvient à embarquer avec sa caméra dans un avion de l’armée suisse qui s’apprête à décoller pour une mission de recherche. Avec le pilote de l’appareil, il va repérer l’avion Dakota échoué sur le glacier du Gauli et en ramène les premières images.
Sauvetage par la terre et par les airs
Revenu à l’aérodrome de Sion, Robert Gabarde saute dans le premier train pour Meiringen, la localité la plus proche du lieu de l’accident. Un autre de ses collègues se trouve déjà sur place. Chargé de son matériel de prise de vues, ce dernier accompagne la colonne de secours partant à la recherche des rescapés.
Tandis que la colonne de secours rallie péniblement le lieu du crash, un avion militaire de type Fieseler Storch, piloté par le capitaine Victor Hug, tente un atterrissage sur le glacier, une manœuvre dangereuse et encore rarement pratiquée.
Débarquement américain à Meiringen
Dès l’annonce de l’accident, les autorités américaines sont fiévreuses. Parmi les passagers se trouvent en effet un haut gradé de l’armée, le général Haynes, ainsi que l'épouse et le fils d'un autre général américain. On assiste à Meiringen à un véritablement déferlement de soldats yankees. Ces derniers ont emmené avec eux du matériel, notamment des jeeps et des véhicules montés sur chenille. Ils prétendent rejoindre le glacier par ce moyen, ce qui s’avère totalement irréaliste.
Au fil des heures, des cohortes de journalistes, photographes et cameramen affluent. Karl Kobelt, le président de la Confédération, fait le voyage en personne depuis Berne.
Les rescapés
Sur le glacier, la colonne de sauvetage est arrivée, suivie de l’avion du capitaine Hug, qui a réussi l’exploit de se poser sans heurt sur la glace.
Le bilan humain tient du miracle. Aucune victime en effet n’est à déplorer. L’atterrissage forcé du Dakota C-53 n’a occasionné que des blessures légères. Les onze rescapés ont passé quatre jours et quatre nuits en haute altitude et certains souffrent d’engelures.
Un deuxième pilote, le major Hitz, se joint au capitaine Hug pour effectuer une série de navettes entre le glacier et l’aérodrome d’Unterbach où sont ramenés les survivants.
Jour de gloire pour la Suisse
"Sans le secours admirable des Suisses, nos gens seraient encore là-haut. L'action suisse de secours a accompli une performance remarquable, dans les conditions les plus difficiles".
Interviewé par un journaliste de la Gazette de Lausanne, le général Tate, dont l'épouse et le fils faisaient partie des passagers, ne tarit pas d'éloge sur la manière dont l'opération de sauvetage a été menée. Les autorités américaines mettent en avant le courage et l'audace des deux pilotes, le capitaine Hug et le major Hitz, salués en héros.
Magnifiant les valeurs montagnardes et la pugnacité de l'armée helvétique, ce sauvetage restera longtemps gravé dans la mémoire collective des Suisses.
Sophie Meyer pour les Archives de la RTS