1386: la bataille de Sempach prépare le terrain pour la future Suisse

Le 9 juillet 1386, deux armées ennemies se croisent dans une prairie surplombant un petit lac de la campagne lucernoise. Le décor de la bataille de Sempach tient presque du hasard, mais la rencontre n'a rien de fortuit. D'un côté, il y a l'armée des Habsburg, les seigneurs d'un vaste territoire au sud de l’Empire allemand. De l'autre, les troupes de l'alliance des riverains du lac des Quatre-Cantons. Lucerne y a adhéré en 1332 dans le but de défendre ses intérêts politiques et économiques à l'égard de la maison des Habsburg.

En cette fin de XIV siècle, les uns et les autres sont d'humeur belliqueuse. Les Lucernois ont déjà lancé des attaques sur les baillis* voisins de Wolhusen et de Rothenburg, qui outrepassaient leurs droits seigneuriaux. De leur côté, les Habsburg ont déjà eu matière à conflit du côté de Berne et Zurich. Le duc Leopold III se sent bafoué et veut rétablir le droit à Lucerne en utilisant des moyens militaires. Avertie des manœuvres, Lucerne monte de son côté une armée avec l'appui de ses nouveaux alliés.

Le point de rencontre des deux troupes n'a sans doute pas été planifié à l'avance. Contre toute attente, les Confédérés prennent le dessus et remportant cette bataille qui est marquée par la mort de Leopold III. D'aucuns tiennent cette victoire pour un jugement divin, car les Lucernois respectent le pape de Rome et non celui d'Avignon, comme les Habsburg. L'échec des troupes de Leopold III à Sempach est l'amorce du déclin de l'autorité autrichienne à l'ouest de l'Arlberg. Lucerne devient alors un état territorial et ouvre la voie à une alliance indépendante de la domination des Habsburg.

Michelle Bulloch/RTSdécouverte

Sources: Dictionnaire historique de la Suisse, Wikipédia, Cliotexte, Forum médiéval romand

*Le bailli est une personne munie de droits seigneuriaux. Ceux-ci comprennent notamment la perception des taxes et des droits de douane, la pêche et la chasse, le droit de marché et l’établissement d’une monnaie, ainsi que la constitution de troupes militaires.