L’être humain a domestiqué certains animaux depuis longtemps, les sortant pour ainsi dire de la nature où subsistent les animaux sauvages. Nos ancêtres ont même créé des animaux domestiques presque de toutes pièces, comme les chiens, qui n’ont jamais existé dans la nature. Ce qui caractérise les animaux domestiques, y compris ceux que l’on appelle "de compagnie", est qu’ils ont été adaptés à nos besoins (par exemple, les aurochs sont devenus des vaches, qui sont plus petites, plus maniables et sans doute plus pacifiques).
Les animaux domestiques sont donc, par définition, au service de nos besoins, mais, bien entendu, ils ne sont pas par nature destinés à l’être: c’est nous qui les avons adaptés ou créés ainsi, afin qu’ils nous aident dans la satisfaction de nos besoins – sauf, bien sûr pour, ceux qui croient qu’il existe un dieu qui a créé les animaux pour le bénéfice de l’être humain, institué "seigneur et maître de la nature".
En ce qui concerne les plantes, leur modification par l’être humain est encore plus marquée, même si on n’y fait pas attention: le blé n’a jamais existé dans la nature, mais a été obtenu par les agriculteurs il y a plusieurs millénaires à partir de plusieurs herbes sauvages, dont le le Triticum turgidum. Plus près de nous, au XXe siècle, on a utilisé la mutagenèse pour obtenir de nombreuses variétés de légumes dont nous nous nourrissons; cela a consisté à plonger les graines dans des bains chimiques ou à les irradier afin d’induire des mutations génétiques. Les OGM (organismes génétiquement modifiés) actuels ont le même but: produire des plantes adaptées à nos besoins – comme on sait, il existe un désaccord profond chez nos contemporains sur le caractère bénéfique ou néfaste de ces transformations.
Si certains animaux et certaines plantes sont au service de nos besoins, cela ne signifie pas qu’on puisse les traiter comme bon nous semble sur le plan de l’éthique. C’est particulièrement vrai pour les animaux: ils sont doués de sensibilité (du moins les mammifères et les oiseaux, et très probablement les poissons) et sont donc capables d’éprouver du plaisir et de la douleur. Or, sur le plan moral, il n’est pas justifié de faire souffrir un être vivant sans de bonnes raisons. Les deux raisons les plus importantes que nous invoquons pour le faire sont la nourriture (le carnivorisme) et l’expérimentation scientifique, médicale surtout. Pour certains, elles justifient tout à fait que nous exploitions les animaux, bien que nous devons tendre à diminuer le plus possible leurs souffrances, alors que pour d’autres (particulièrement ceux que l’on appelle les "anti-spécistes"), ce n’est pas le cas, et nous devrions abandonner le carnivorisme pour le véganisme et trouver des méthodes alternatives à l’expérimentation animale.
Bref, les animaux et les plantes ne sont pas par nature ou par essence aux services de nos besoins, c’est nous qui avons décidé de leur faire jouer ce rôle. Certains le remettent actuellement en partie en question, et le débat sociétal sur la question est récemment venu sur le devant de la scène.
Une autre réponse à cette même question a été donnée par la Dre Samia Hurst. On peut la lire ici.