Il fut, avec son ami et condisciple Zoltan Kodaly, pionnier de l'ethnomusicologie sur le terrain.
Pianiste, compositeur, professeur de piano (mais pas de composition: la technique de piano est à tous; sa création à lui seul) au Conservatoire de Budapest de 1907 à 1934, pionnier, avec son ami et condisciple Zoltan Kodaly, de l'ethnomusicologie sur le terrain, Bela Bartokk est d'abord marqué par l'esthétique allemande (Richard Strauss, Brahms, Wagner, Liszt); ensuite deux influences sont chez lui majeures: Beethoven l'architecte, Debussy l'alchimiste.
De caractère entier, jamais Bartok ne transigera. Comprenant dès le début des années trente que le pire était en marche, c'est après la mort de sa mère, en décembre 1939, qu'il se décide à quitter l'Europe. À une amie il écrit: "Et nous voici le cœur plein de tristesse, et nous devons vous dire adieu, à vous et aux vôtres – pour combien de temps? Peut-être pour toujours, qui sait? Cet adieu est dur, infiniment dur. [...] À proprement parler, ce voyage nous fait sauter de l’incertitude dans une insupportable sécurité. Je ne suis pas encore entièrement rassuré sur mon état. Je crois que la périarthrite n’est pas complètement guérie. Dieu sait combien de travail j’arriverai à fournir là-bas, et pendant combien de temps. Mais nous ne pouvions rien faire d’autre. La question n’est absolument pas "Muss es sein?", car "es muss sein!".
Après un concert d'adieu à Budapest le 8 août 1940, il s'installe définitivement aux Etats-Unis d'Amérique où, avec sa deuxième femme, Ditta, il vit dans la gêne matérielle.
Son oeuvre marque le 20e siècle. Pour Pierre Boulez, il est l'un des cinq grands du siècle dernier.
À lire:
Pierre Citron, Bartok, éd. du Seuil, coll. Solfèges, 1994 (nouvelle édition)
Yann Queffélec, Bartok, La Mazarine, 1982 (uniquement biographique)
Bela Bartok. Éléments d'un autoportrait. Textes de Bela Bartok, L'Asiathèque (bilingue), 1995