Maladie sous-diagnostiquée et souvent banalisée, l'asthme peut pourtant avoir des conséquences graves, voire mortelles - L'auto-mesure intéresse autant les scientifique que les particuliers. Il faut dire qu'avec de simples bracelets, il est possible aujourd'hui de suivre les variations de son pouls, sa tension ou encore sa glycémie. Ces nouvelles technologies peuvent-elles changer la manière de prendre en charge sa santé?
Et si vous étiez asthmatique sans le savoir? - Médecine digitale : la santé connectée
Et si vous étiez asthmatique sans le savoir?
L’asthme est un mal sournois. Si un arrêt de traitement de quelques jours ne va pas avoir une incidence immédiate sur l’état de santé du patient, une crise peut intervenir à tout moment. Car on ne guérit jamais complètement de l’asthme, on le maîtrise, on le gère, tout au mieux on peut en contrôler les symptômes. Quels sont les facteurs susceptibles de le déclencher? Quelles réponses donne-t-on à ce mal? Comment vivent les personnes qui en souffrent?
On respire en moyenne 23'000 fois par jour. Mais chez les asthmatiques, ce geste a priori anodin prend une tout autre dimension. Ils souffrent d’une inflammation chronique des bronches qui empêche l’air de circuler librement jusqu’aux alvéoles, là où se déroule le passage de l’oxygène dans le sang. Chez la majorité des patients, il s’agit d’une réaction allergique à une substance inhalée comme le pollen, les poils de chat ou les acariens. D’autres facteurs irritants peuvent aggraver la maladie: l’effort, la pollution, les virus, le tabac, les produits chimiques peuvent aussi déclencher des crises.
Chez l'enfant, il est difficile de diagnostiquer l'asthme. Les médecins n'en parlent pas avant l'âge de 5 ans. Car si un tiers des enfants en âge préscolaire consultent au moins une fois un médecin pour des sifflements asthmatiques, seuls dix pour cent développeront réellement la maladie. Une fois diagnostiqué, l'asthme impose des traitements contraignants, souvent à base de corticoïdes. Le patient sera alors suivit et traité le reste de sa vie.
Des formes "d'asthmes tardifs" peuvent aussi se développer, par exemple en raison de l'environnement professionnel. C'est le cas chez des employés travaillant avec des produits chimiques comme les coiffeurs. Dix à quinze pour cent de nouveau cas d'asthme sont de ce type.
Et l'asthme continue de gagner du terrain. La proportion de malade ne cesse d'augmenter. Une augmentation qui est trop rapide pour s'expliquer par des changements génétiques. Les chercheurs favorisent la piste du mode de vie. Et c'est sans doute l'évolution de notre alimentation qui serait la cause de l'augmentation des cas d'asthme. Le manque de fibre dans la cuisine occidentale semble favoriser l'apparition de la maladie.
Un reportage de Magali Rochat et Vanessa Bapst
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Médecine digitale : la santé connectée
Le "quantified Self" ou "auto-quantification" consiste à récolter des données sur soi-même à l’aide de capteurs. Auparavant réservée aux sportifs ou aux personnes souffrant de problèmes de tension ou de diabète, cette pratique s’est élargie ces dernières années grâce, notamment, à la miniaturisation des puces électroniques. Un procédé qui permet de récolter des données en dehors des cabinets médicaux et que certains emploient à titre privé.
Obtenir des informations sur son métabolisme n'était pas chose facile il y a encore quelque années. Les appareils de mesures, souvent chers et encombrants, se trouvaient uniquement dans des cabinets médicaux et les centres hospitaliers. Une contrainte qui limitait les relevés dans le temps.
Mais avec les progrès de la science, les contraintes reculent. On peut désormais récolter une quantité impressionnante de données sur son métabolisme avec de simples bracelets, voir avec son smartphone. Les relevés peuvent se faire en continu, jour et nuit. Un diabétique peut ainsi suivre son taux de sucre à chaque instant et agir en conséquence. La technique intéresse d'autres spécialités du monde médical, comme certains centres d'études de lutte contre l'obésité massive.
L'engouement pour ces nouveaux outils touche aussi des privés qui veulent en savoir plus sur eux-mêmes. Le nombre de mètres parcourus dans la journée, le nombre de calories absorbées et dépensées, la tension ne sont que quelques exemples des données que l'on peut connaître.
Mais ces données ne sont pas anodines. Si elles intéressent les milieux scientifiques et certains curieux, elles pourraient aussi être utilisées par des sociétés. Un assureur pourrait ainsi s'en servir pour mieux encadrer les risques guettant ses assurés, ou s'en servir pour sélectionner les bons et mauvais risques et ainsi faire de belles économies…
Un reportage de Maria Pia Mascaro et Pascal Magnin