La Suisse est l’un des pays où il y a le plus de personnes âgées au monde et le phénomène gagne en ampleur avec l’arrivée des baby-boomers à l’âge de la retraite. Cette augmentation représente un défi majeur en matière de politique de santé. Comment favoriser le bien-être des seniors sans trop charger financièrement les générations suivantes? Quelles solutions notre société doit-elle offrir pour garder nos aînés intégrés? Avons-nous aujourd’hui déjà de bonnes réponses dans le domaine des soins à domicile et du logement?
Logement et longévité: home ou sweet home?
Vieillir en ville
Vieillir heureux tout en restant chez soi… comment concilier dès lors logement, sécurité et bien-être tout en restant intégré dans la société? Quel rôle l’Etat doit-il jouer dans ce domaine? Plusieurs projets novateurs en Suisse romande favorisent le lien entre les seniors et les jeunes générations.
Pro Senectute a lancé un projet de quartiers solidaires voilà 5 ans. Le but, créer des liens sociaux entre habitants de tous âges. Car l'un des risques les plus importants pour les retraités, c'est la solitude et le sentiment d'exclusion. Ils accélèrent en effet le dépérissement des personnes touchées. La ville de Gland est l’exemple le plus abouti de ce concept qui a donné naissance à l’association VIVAG (Vivre en ensemble à Gland), soutenue par les autorités locales. Relevons que Gland a reçu le prix "Vivre ensemble aujourd’hui et demain" à Paris, des mains de Roselyne Bachelot en 2011. Sorties du dimanche, cours d’informatique ou d’anglais, tables d’hôtes… une vingtaine d’activités propices à tisser des liens entre les seniors sont proposées.
Autre projet novateur, celui du centre intergénérationnel de Meinier, à Genève, qui a pour but de favoriser l’entraide entre les générations. Avec sa soixantaine de logements, cette réalisation unique en Suisse romande permet à des jeunes de trouver un habitat à prix attractif et à des personnes âgées de bénéficier d'espaces adaptés au vieillissement. Pour obtenir un bail, les habitants ont l’obligation de signer une charte de solidarité et d’interaction communautaire. Un premier bilan semble montrer que les liens ainsi créés restent timides. Il est parfois aussi difficile de proposer son aide que de demander celle de l'autre.
Dans le Valais, c'est le projet DOMINO qui se développe. Ce système de colocation entre personnes âgées permet de maintenir des contacts humains mais aussi de rassurer les habitants et leurs familles. Mais il s'agit d'un défi audacieux. Tout le monde n'est pas capable de vivre avec quatre parfaits étrangers. Toutefois c'est un bien petit prix à payer pour éviter l'EMS et la solitude…
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Soins à domicile
Vivre chez soi jusqu’au bout est le souhait de la majorité d’entre nous. Les gériatres plaident, eux aussi, pour un maintien à domicile – il revêt des vertus curatives et agit comme un moteur pour aller mieux – le plus longtemps possible. Les projets pilotes se développent pour proposer un encadrement des personnes âgées allant dans cette voie.
En Suisse, entre 250'000 et 300'000 personnes sont prises en charge par les services d’aide et de soins à domicile. Préventifs ou curatifs, en quoi consistent-ils? Combien coûtent-ils? Que doit-on améliorer? A Morges, un projet pilote consistant à placer des détecteurs de mouvements dans les appartements de personnes âgées permet aux professionnels de la santé d’adapter les traitements. Des équipements jugés peu intrusifs par leurs bénéficiaires, qui voient avant tout l'impact important de ces installations sur leur sentiment de bien-être et de sécurité.
A Genève, Cité Générations, fondée par le docteur Philippe Schaller, vise à réduire les séjours hospitaliers de patients âgés souffrant d’un problème médical aigu. Cette unité d’accueil temporaire médicalisée permet la prise en charge de patients tout en préservant leur autonomie. Contrairement à un hôpital, où les patients restent généralement alités, Cité Générations offre un encadrement qui préserve les rythmes de vie, facilitant par la suite le retour à domicile. Autre avantage, cette unité a besoin de moins d'équipement qu'un hôpital. Les séjours y sont donc bien moins chers.
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Débat animé par Isabelle Moncada
Enregistré précisément à Gland, au Collège de Grand-Champ, le débat mettra en perspectives et complétera les thèmes abordés dans les reportages. La première partie sera consacrée aux financements des soins à domicile: faut-il un modèle national de financement ou laisser les cantons et les communes s’organiser? La technologie peut-elle pallier le manque d’argent et de bras?
Intervenants: Pierre-Yves Maillard, ministre vaudois de la santé; Marie Da Roxa, directrice générale de l’IMAD GE (Institution genevoise de maintien à domicile), Hermann-Michel Hagmann, démographe et professeur honoraire à l’Université de Genève.
La deuxième partie abordera la question de l’intergénérationnel: comment intégrer les personnes très âgées dans la société à l’avenir? Quand ces dernières représenteront une grosse majorité, quel sera le pacte avec les jeunes? L’attention portée aujourd’hui aux aînés pourrait-elle disparaître et augmenter la tension entre générations?
Intervenants: Catherine Labouchère, habitante de Gland, ex-conseillère municipale PLR, initiatrice du projet VIVAG ; Cornelia Hummel, Dr en sociologie, maître d'enseignement et de recherche à l’Université de Genève ; Tristan Gratier, directeur de Pro Senectute Vaud ; Docteur Philippe Schaller, co-fondateur de Cité Générations.