Le thé est la boisson au monde la plus consommée après l’eau. Mais sa production et les conditions de travail des cueilleuses ne sont pas toujours très équitables. Et que dire des vertus attribuées au thé vert? Autre volet, l'assurance accident et ses lacunes. Kevin, 18 ans, n'est pas couvert en raison d'un accident survenant durant son enfance.
Le marché du thé explose en Suisse
"On boit du thé pour oublier le monde !" Ce proverbe chinois est très en phase avec ce qui se développe en Suisse. Les boutiques de thé se multiplient. Elles font découvrir le monde de ce breuvage et ses subtilités.
Qu’ils soient noir, blanc ou vert, tous les thés viennent du même arbuste : le camelia sinensis. Les Chinois disaient il y a des siècles que ce breuvage rendait la vie meilleure et plus belle. Ses saveurs évoquent la volupté et invitent à des voyages immobiles et lointains.
Depuis une dizaine d'années, le goût des Suisses pour les thés s'affine et ils se tournent de plus en plus vers le thé vert. Ursula Selig en propose aujourd’hui 80 sortes différentes dans sa boutique de Rolle: "Au départ on avait peut-être quatre à cinq sortes de thés verts, et une centaine de thés noirs. Et quand j'ai commencé de l'autre côté à la Grand Rue 23, les gens me disaient, je bois du thé quand je suis malade. C'était la phrase que j'entendais quasiment tous les jours. Tandis que maintenant, les gens ont pris l'habitude. On a beaucoup de gens et même des hommes qui viennent chercher leur très bon thé."
Plus rare, plus cher, le thé vert est devenu un symbole de raffinement et un art de vivre. A Genève, une boutique a ouvert il y a un an dans le quartier des banques. On entre ici presque avec recueillement, dans cet espace dédié à l’art du thé. Tana Azzam y propose des dégustations qui ne sont pas sans rappeler celles des plus grands vins: "Ce thé est très rond d'abord, il est très lisse, il a beaucoup de tendresse, il a les notes de sous-bois."
Comme tous les thés verts, « le roi de singes » n’est pas fermenté. Il est fragile et se prépare avec délicatesse. Une eau filtrée, tiède, une infusion de moins d’une minute. Alors ce thé nous révèle toutes ses subtilités, selon Tana Azzam: "D'abord voir la liqueur, est-ce qu'elle a le point de lumière. Si elle est claire et propre, c'est qu'elle est bien préparée. Et puis deuxièmement, c'est les parfums, on sent. Est-ce que c'est un parfum agréable et surprenant ? Celui-là a des notes d'asperge. Il a beaucoup de fraîcheur."
Tonique, fruité, corsé ou tendre, le thé comme le vin doit danser dans la bouche, pour ravir le palais. Côté porte-monnaie, ces champagnes du thé se vendent jusqu’à 150 fr les 50 gr.
La T Fine Tea Trading Compagny à Gland, importe plus d'une centaine de thés du monde entier qu'elle revend dans des restaurants ou des boutiques spécialisées. Comme pour le vin, le prix d’un même thé peut varier selon l’année, le climat ou la période de récolte, comme l’explique, Denis Braunschweig de T Fine tea Trading Company : "Un exemple avec le thé qui s'appelle le Puits du Dragon, qui est un thé vert chinois qui vient du Zhejiang et qui a différentes qualités. Mon premier prix est à 9.50 les 50 grammes, mais il s’agit déjà d’un thé de très belle qualité. C'est déjà le meilleur de quatre degrés de qualité. J'en ai un autre à 35 francs les 50 grammes, qui est toujours du Puits du Dragon mais que j'appelle Finest. Et un autre à plus de 100 francs qui est de tout début de saison, de la première récolte, du meilleur jardin, qui coûte plus de 100 francs les 50 grammes."
Que ça soit du thé de table ou des grands crus, la Suisse importe environ 380 tonnes de thé vert chaque année.
Les cueilleuses de thé au Sri Lanka
Le Sri Lanka est l’un des plus gros producteurs de thé au monde. Kandy, ville de 500’000 habitants et capitale de la région montagneuse est le point de départ de la route du thé.
Au Sri Lanka, l’argent du thé fait vivre un million de personnes. Ici, le breuvage se boit à l’anglaise, sucré, avec du lait que l’on fait mousser et toujours servi dans une tasse que l’on soit dans un bouiboui ou un palace. Une tradition héritée de la colonisation britannique.
Les premières plantations se trouvent à moins d’une heure de la ville. Le thé est une affaire de femmes. Depuis 150 ans, les gestes sont les mêmes. Les cueilleuses sélectionnent une à une les feuilles à la main. Elles recherchent celles qui sont les plus proches du bourgeon au sommet du théier. Les plus tendres, celles qui dégagent le plus de tanin et d’arômes.
Avant la tombée du jour, les femmes convergent vers l’usine pour la pesée. Les cueilleuses les plus habiles récoltent entre 5 et 7 kg de feuilles fraîches par jour.
La qualité finale du thé se joue dans la manufacture. Les feuilles sont flétries pendant 20 heures avant d’être ensuite déchiquetées et roulées dans des machines. Cela facilite la fermentation. A ce stade, le thé est brun. Puis il est séché à 90 ° avant d’être tamisé et trié.
Il faut 4 à 5 kg de feuilles fraîches pour obtenir 1 kg de ce fameux thé noir de Ceylan qui peut se décliner en une dizaine de catégories. Comme l’explique M. Kangarasa, directeur Hantane Factory, la taille des brisures du thé influencent le goût. Et les Européens ont un faible pour les grandes brisures : "Puisque vous aimez les feuilles plus grandes, on exporte ce thé vers l’Europe. Vous n’aimez pas la liqueur sombre et amère qui est obtenue avec la poussière de thé. Nous la gardons pour le marché local."
Le thé a son histoire. Les colons britanniques l’introduisirent sur l’île il y a 150 ans. Thomas Lipton, négociant prospère, fit fortune avec ses plantations Sri lankaises. Les Britanniques séjournaient dans la ville de Nuwara Elyia, séduits par la fraîcheur du climat. La capitale du thé, perchée à 2000 mètres, est surnommée Little England et elle a conservé le charme désuet de son passé colonial.
Aujourd’hui, la découverte du thé de Celyan fait partie des attractions touristiques du pays. Les plantations appartiennent à des multinationales et à l’état parfois. Ces propriétaires ont flairé le marché et tirent profit des vacanciers: visite guidée des usines, passage obligé dans la boutique et dégustation de thé dans les restaurants qui diffusent des vidéos promotionnelles.
Mais derrière ces images de carte postale se cache une réalité moins idyllique. Nous sommes partis à la rencontre des cueilleuses de thé, découvrir ce que les brochures de vacances ne montrent jamais.
Il faut quitter les routes principales et sillonner la montagne pour dénicher la plus ancienne plantation de thé du sri Lanka crée en 1867. Depuis 150 ans, les cueilleuses du thé et leur famille naissent, vivent, travaillent et meurent ici, loin de tout à une heure de marche du premier village.
Un tiers de cette population vit en dessous du seuil de pauvreté avec un salaire moyen de 50 francs par mois. Or, une famille sri lankaise aurait besoin de quatre fois plus pour vivre.
Tyasodi est veuve. Elle gagne 3 fr par jour, insuffisant pour nourrir ses 2 enfants. Alors elle coud des robes, pour pouvoir acheter quelques légumes en plus du riz et de la farine: "Je ne touche pas de salaire mensuel fixe. Cela dépend combien de jours je travaille par mois. Ces temps il y a moins de feuilles à cueillir. J’ai à peine de quoi nourrir ma famille."
Siva Pragasam connaît bien les plantations pour y avoir grandi. Aujourd’hui, il défend le droits des cueilleuses de thé et se bat avec son ONG Human Development Organization (HDO) pour améliorer le niveau de leur salaire: "Si on compare avec d’autres industries dans d’autres secteurs économiques, les travailleurs gagnent environ 700 roupies par jour (soit 5 CHF). Dans les plantations, ils gagnent beaucoup moins. C’est le premier problème.
Je peux relever d’autres injustices sur le plan des salaires. Par exemple : lorsqu’une femme est enceinte ou si elle doit s’occuper d’un enfant malade, si elle doit se rendre à l’hôpital parce qu’elle est malade ou qu’elle s’est blessée, eh bien, si elle manque un jour de travail, son salaire baisse."
Engagées sans contrat de travail, les cueilleuses de thé n’ont ni assurance sociales, ni congé maternité. Ce qu’elles redoutent le plus : tomber malade. Eprouvées par le climat très humide et chaud, les moussons, les piqûres d’insectes, ces femmes n’ont pas tous les jours la force de se rendre sur les pentes escarpées des plantations pour cueillir le thé. Un manque à gagner qui pèse dans le budget dérisoire des familles.
Magaswari, cueilleuse de thé, est préoccupée par la situation économique de son ménage: "Avec mon seul salaire nous ne nous en sortons pas. Nous travaillons tous les deux avec mon mari et nous gagnons 12000 roupies. Mais nous en dépensons 10 000 rien que pour manger. Et nous avons des dettes." Une situation qui peut encore empirer en cas de maladie ou d’accident: "Si pendant la saison des pluies on tombe malade, on n’est pas payée et les dépenses du médecins sont à notre charge. Et même si on a un accident on n’est pas payée et on est obligé de retourner au travail après 3 jours d’absence, sinon on raie notre nom de la liste des cueilleuses."
On dirait que le temps s’est arrêté dans ces plantations. Les familles vivent toujours, parqués dans les « lines room », des baraquements alignés qui datent d’il y a 150 ans et qui ne disposent que d’une seule pièce et d’une cuisine.
Pour Nadarasa, coordinateur HDO, ces habitations présentent des problèmes sanitaires et de promiscuité: "Ces maisons ne sont pas assez grandes pour vivre. Quand ils se marient et qu’ils ont des enfants, ils vivent tous dans la même pièce. Il n’y a pas d’intimité. Le foyer de la cuisine est dans la maison, mais la fumée ne peut sortir car il n’y a pas de système de ventilation. C’est mauvais pour la santé. C’est pourquoi les gens disent qu’ils vivent comme dans des étables. Il n’y a pas de système d’égout, pas de canalisation, pas de sanitaires dans les maisons. C’est un gros problème pour les habitants des plantations."
Karunawathi produit son propre thé qu’elle vend à Kandy une fois par semaine à la coopérative SOFA regroupant un millier de petits producteurs indépendants. Il y a 15 ans, elle travaillait dans les plantations, et s’endettait pour nourrir sa famille et éduquer sa fille. Aujourd’hui, elle s’en sort mieux. La coopérative lui garantit un prix minimum pour sa récolte, presque le double que le prix du marché: "Aujourd’hui, je travaille sur mes propres terres et plus pour les autres. Et la coopérative nous aide à développer notre production. Ils nous fournissent des plants de thé et du matériel agricole."
La parcelle de Karunawathi est petite, moins d’un hectare. Elle ne récolte qu’une dizaine de kilos de thé par semaine. Pour compléter ses revenus, elle cultive les épices qu’elle vend aussi à la coopérative. Girofle, curcuma, gingembre: tous les produits de son jardin sont bio. Condition obligatoire pour appartenir à SOFA qui cherche à faire du thé autrement.
Un mode de production dont Bernard Ranaweera est fier: "Ils fertilisent leurs sols selon les méthodes de l’agriculture biologique, avec des compost naturels. Ils n’utilisent pas de pesticides, pas d’insecticides, rien. Ils créent une jolie biodiversité dans leurs champs."
Le thé bio de Karunawathi est certifié par les labels internationaux et agréé par Max Havelar. Mais cette agriculture familiale et ce commerce équitable reste marginale au Sri Lanka. Les 330.000 tonnes de thé exportés sont essentiellement issus d’une monoculture intensive, pesticides et engrais chimiques à la clé.
Si nous en retrouvons des traces dans nos sachets, ces substances toxiques sont avant tout dangereuses pour les sulfateurs qui travaillent sans protections, comme en témoigne Katdeswaran: "Ils ne nous donnent rien pour nous protéger, même pas un masque. C’est pourquoi nous ne pouvons pas faire longtemps ce travail car on inhale ces produits qui procurent des maux de tête et des vertiges. On spraie pendant trois ou six mois et après on s’arrête, car ça nous donne des nausées et des vomissements."
Siva Pragasam remarque que les risques ne se limitent pas aux seuls employés: "C’est aussi très néfaste pour la population car la plupart des gens boivent de l’eau qui vient de la montagne. Les pesticides se propagent dans les sols et les sources. Ils se répandent dans les rivières et ensuite nous buvons cette eau pour notre thé. Deuxièmement, il y a la pollution de l’air. Tous les gens qui vivent autour des plantations respirent un air pollué par ces produits chimiques qui atteignent leurs poumons et leur santé."
Le sort des cueilleuses de thé n’a pas évolué depuis le 19ème siècle.
L’espoir de Siva Pragasam est la nouvelle génération. Les filles et les fils des ces femmes, accrochées à la montagne. Il se bat pour leur éducation, pour leur permettre d’entrevoir une autre vie, demain, hors des plantations.
Un espoir alimenté aussi par les projets sociaux qui se mettent en place au Sri Lanka. Il reste un problème majeur : le salaire des cueilleuses. Vendu 50 ct par kg dans la coopérative, ce même kg de thé se négocie à 4 dollars environ, donc 3 francs 65 à la bourse de Colombo, pour arriver chez nous en sachet de thé à 80 CHF le kg ! Vous multipliez le salaire de la cueilleuse par 160 !
Thé vert : le test
Cet or vert, nous en avons fait tester quelques échantillons. Essentiellement des thés vert qui sont très à la mode en Suisse romande. Le laboratoire cantonal de Genève a mesuré les résidus de pesticides présents sur nos 12 échantillons. Et autant le dire toute de suite, la moitié des thés verts que nous avons testés contenaient des résidus de pesticides, tous dans les normes, mais certains renfermaient tout de même de vrais cocktails de fongicides et d’insecticides.
Petite précision concernant les prix: nous les avons calculés sur la base du prix aux 100g.
On commence avec le plus chargé de tous :
Pure Green Tea de Twinings
En sachet à 6.60 CHF les 100 g
7 substances détectées
6 insecticides
1 fongicide
Très insatisfaisant
Gunpowder de chez Tschin-ta-ni
à Genève
En vrac à 4 chf 50 les 100g.
6 substances détectées
3 insecticides
3 fongicides
Très insatisfaisant
Green tea Lord Nelson de Lidl
En sachet 4.10 CHF les 100 g
4 substances détectées
2 insecticides
2 fongicides
Insatisfaisant.
Thé vert M Classic de Migros
En sachet à 1CHF75 les 100 g
3 substances détectées
2 insecticides
1fongicide
Insatisfaisant
Green tea de Coop
En vrac à 1 CHF 40 les 100 g
3 substances détectées
2 insecticides
1 fongicide
Insatisfaisant
Lung Chin bio
En vrac chez Tekoe à 25 CHF les 100g (le plus cher du test)
Le laboratoire a détecté du piperonyl-butoxide, un agent synergique autorisé pour les produits bio. On préférerait quand même ne pas en retrouver du tout.
Satisfaisant
Les 6 autres thés vert que nous avons fait analyser ne renferment aucune trace de pesticide.
Ce qui est sûrement intéressant pour vous, c’est de les classer ces thés selon leur qualité, cette fois. Une façon objective de le faire est de rechercher le taux de polyphénols typiques du thé vert. Ce sont des anti-oxydants. Le laboratoire des Sciences pharmaceutiques de l’Université de Genève a effectué ces mesures. Chaque thé a été infusé à 85°C pendant 3 min. Le laboratoire a ensuite recherché l’Epigallo-catéchine-gallate (EGCG). Les résultats de moins riche au plus riche en anti-oxydant :
Chun Mee de Globus
En vrac à 6 fr 90 les 100g
Pas de pesticides
67 mg d’EGCG par tasse.
C’est un bon produit, mais son taux d’EGCG est un peu faible.
Lung Chin bio
acheté chez Tekoe
En vrac 25 CHF les 100 g
78 mg d’EGCG par tasse
Traces de pesticide (très faibles)
Green Gunpowder de Lipton
En sachet à 11 CHF 65 les 100 g
Pas de pesticides
79 mg d’EGCG par tasse
Wuyuan bio natur plus
de chez Manor
En vrac à 3 CHF 95 les 100 g
Pas de pesticides
87 mg d’EGCG par tasse
Green tea Nature Qualité et prix de Coop
En sachet à 3 fr. 40 les 100g.
91 mg d’EGCG par tasse
C’est un bon produit avec un bon rapport qualité prix. C’est le meilleur marché des produits sans pesticides.
Thé vert bio Naturaplan
de chez Coop
Pas de pesticides
146 mg d’EGCG par tasse
C’est un très bon produit.
Les 146 mg trouvés dans cet échantillon peuvent sembler étonnants. Le taux d’anti-oxydant peut dépendre du conditionnement, comme l’explique le Prof. Jean-Luc Wolfender : "Il y a deux types de thés dans le test. Il y a des thés qu'on va retrouver avec des feuilles entières, et des thés qu'on va retrouver sous forme de poudre, notamment dans les sachets. Quand on extrait un principe actif à partir d'une plante, il est clair qu'on va extraire beaucoup plus facilement ce principe actif quand on a une poudre, que quand on a une feuille entière. Et donc, on a beaucoup plus de chance d'avoir des taux d'EGCG importants quand on a une poudre par rapport à la plante entière. Quand on a pris un thé avec des feuilles entières qui donne une préparation assez agréable à la vue, pas mal d'authenticité aussi, on s'est aperçu que finalement le taux d'EGCG dans ce type de préparation était relativement faible, mais dès le moment où on broyait ces feuilles, et qu'on refaisait le thé on arrivait à doubler le taux d'EGCG."
C’est d’ailleurs un thé en sachet qui est le meilleur de notre test.
Thé vert bio nature Destination James Valley Ceylan
acheté chez Urban Bio à Genève
En sachet au prix de 11 fr 25 les 100g.
157 mg d’EGCG par tasse
C’est le plus riche en antioxydant EGCG de notre analyse. Un très bon produit, donc, même s’il n’est pas bon marché.
Cette mesure des anti-oxydants est un élément qualitatif important, mais ce n’est pas le seul. Le goût du thé vert a évidemment son importance. Il peut aussi dépendre du conditionnement. Les sachets peuvent contenir de la poussière de thé, presque des déchets de thé. Ce qui n’a rien à voir avec les feuilles que préfèrent les puristes ! La qualité varie également en fonction du lieu où le thé vert a poussé. Ce sera peut-être l’objet d’une autre émission ! En attendant, ces fameuses molécules anti-oxydantes, plus nombreux dans le thé vert que dans le thé noir, auraient pleins d’effets bénéfiques pour notre santé. Ces croyances sont-elles fondées ?
Le thé vert est-il bon pour la santé ?
Le thé vert: il ferait maigrir, dormir, rajeunir. Ce serait la potion magique, la panacée brûle-graisse, le roi de la détox. A l'heure du manger sain, il a la cote. Certains en boivent des litres pour en multiplier les bienfaits. Mais y a-t-il intox ?
La Diététicienne Laurence Margot des Ligues de la santé relativise les bienfaits d’un aliment particulier: "En fait, je n'arrive jamais à proposer un aliment miracle qui résoudrait tous les problèmes. Les bénéfices de l'alimentation sont plutôt liés à un ensemble d'aliments qui sont consommés plusieurs jours, plusieurs semaines, voir plusieurs mois."
Depuis des millénaires, on lui attribue 1001 vertus. Elixir de vie, anti-cancer, anti-cholestérol, anti-stress : le label est exploité jusqu’à plus soif sur les emballages et sur internet. Mais le thé vert a-t-il de réels effets sur notre santé. Nous avons posé la question à deux médecins.
Le thé vert est-il un anticancer ?
Christine Bouchardy, épidémiologiste et médecin responsable du registre genevois des tumeurs ne voit aucune preuve tangible pour considérer le thé vert comme un anticancer: "Malheureusement l'expérimentation chez l'homme ne nous permet pas aujourd'hui d'affirmer un lien de causalité en disant le thé vert peut prévenir le cancer. Et d'ailleurs l'Institut National Gouvernemental Américain dit que l’on a aujourd'hui aucune base scientifique qui nous permette de dire : il faut boire du thé vert, ou il faut pas en boire. Ils disent simplement que ceux qui l'apprécient continuent à le boire, mais il n'y a pas de lien de causalité établi aujourd'hui."
Le thé vert est-il un antiviral ?
Le Prof. Roger Darioli, vice-président de la société Suisse de nutrition, affirme que là encore, aucune preuve ne permet de lier des effets antiviraux au thé vert : "Les asiatiques consomment beaucoup plus de thé que chez nous. Et évidemment, ça été testé pour savoir si de boire régulièrement du thé vert va vous réduire le risque de faire un état grippal durant la saison hivernale. La réponse : pas d'évidence certaine."
Le thé vert combat-il les effets du tabac ?
Selon Christine Bouchardy, les études menées sont négatives sur l’Homme: "L'immense contradiction au jour d'aujourd'hui par rapport au thé vert, c'est que l'on a beaucoup de données expérimentales ou chez l'animal, où vraiment c'est des données très excitantes parce que le thé vert donné aux souris empêche la survenu de cancer de la peau, du poumon, de l'ovaire, vraiment des données biologiquement impressionnantes mais malheureusement quand on a recensé toutes les études qu'on avait chez l'être humain, il y a eu plus d'une cinquantaine d'études qui ont porté sur deux millions de personnes, les conclusions ne sont pas là."
Le thé vert permet-il de vivre plus longtemps ?
Prof. Roger Darioli appelle à la prudence: "Cette notion de vivre plus longtemps en buvant du thé vert, je crois qu'il faut être très prudent. A savoir qu'il est vrai que les gens qui consomment régulièrement du thé vert ont des bénéfices qui pourraient être liés à cette consommation, mais ils ont des habitudes de vie qui sont complètement différentes. Quand on fait dans le cadre de ces études, l'évaluation de savoir est-ce qu'on a pris en compte par exemple, l'effet du tabac, l'effet de l'alcool, l'effet de l'activité physique, etc, on s'aperçoit qu’effectivement il est difficile de démontrer cette amélioration. S'ils vivent plus longtemps, c'est pas seulement parce qu’ils ont bu du thé vert, c'est parce qu'ils avaient d'autres habitudes de vie qui étaient favorables à la santé."
Notre rubrique : Kevin, 18 ans, victime d’une faille du système d’assurance accident
Le 31 mai dernier, nous vous racontions l’histoire de Kevin, victime d’une faille dans notre système d’assurance accident. Cette histoire a ému certains parlementaires qui ont décidé de faire bouger les choses. Mais une mauvaise nouvelle est tombée début septembre.
Kevin rêvait d’une carrière de sportif professionnel. Mais une chute de VTT dans le cadre scolaire lui abîme l’épaule. Le rêve de Kevin se brise: «J’ai consacré une énorme partie de ma vie à cela. Et maintenant, avec mon épaule, c’est fini.»
Kevin est victime de luxations à répétitions. Devenu apprenti-mécanicien, il doit se faire ré-opérer. Il réalise alors qu’il n’a pas droit à des indemnités journalières. Une situation que son patron, Willy Ecoeur, juge inacceptable: «C’est affligeant, c’est ridicule, on n’est pas dans le bon siècle. Qu’il n’y ait pas d’assurance prévue pour quelqu’un qui passe de la vie scolaire à la vie professionnelle… Ca me paraît incroyable.»
De son côté, le père de Kevin, Marc Hafner, remue ciel et terre. Il sait que des cas comparables existent en Suisse: « Le cas de mon fils n’est probablement pas unique. J’ai horreur de l’injustice. Et c’en est une et je voudrais bien que l’on la corrige. En plus de cela, je pense beaucoup aux enfants qui pratique du football, du volley ou du ski et qui risquent de se retrouver dans cette même situation.»
Premier soutien politique : le Conseiller aux États neuchâtelois Raphaël Comte. Le 31 mai, le jour même de notre émission, il interpelle le Conseil fédéral pour dénoncer cette injustice: « C’est visiblement une situation injuste. Et il s’agit donc d’intervenir au niveau légal puisque les assurances sont dans leur droit. Il faudrait modifier la loi pour qu’elles doivent intervenir dans ce genre de situation.»
La réponse du Conseil fédéral tombe le 31 août. Bonne nouvelle, il reconnaît qu’il y a une lacune. Un soulagement pour M. Hafner, mais de courte durée. Le Conseil Fédéral affirme dans le même document «qu’une obligation de prestation de la loi sur l’Assurance accident pour les rechutes et les séquelles tardives attribuables à des accidents non couverts constituerait une prestation supplémentaire (…) il en résulterait des coûts supplémentaires qui seraient disproportionnés ».
Marc Hafner ne décolère pas : « Je suis très fâché parce que le Conseil Fédéral ne répond pas du tout à l’interpellation de Monsieur Raphaël Comte. Il répond en déviant la question posée.» Coup dur aussi pour Kevin, qui ne pourra peut-être plus faire de sport.
La solution du Conseil Fédéral ? Le statu quo, et une assurance complémentaire pour perte de gain en cas d’accident que Kevin devrait payer lui-même. Mais là encore, les choses ne sont pas simples. Marc Hafner pense qu’il sera délicat de trouver une assurance qui accepte son fils. Et ses problèmes ne s’arrêteront pas là : « Une assurance qui accepterait le cas de Kevin émet une réserve de cinq ans minimum. Et il faut savoir que cela coûte très cher. Le message que la CVF me donne dans sa réponse est très simple : ceux qui ont les moyens de se payer une assurance complémentaire, prenez une assurance complémentaire, et ceux qui n’en ont pas les moyens n’ont qu’à demande l’aide sociale. »
Kevin n’est pas plus optimiste que son père. Le 31 mai, il confiait : «Pour l’instant, ça va. J’habite chez mes parents. Mais plus tard, ça va être vraiment dur».
Mais Marc Hafner ne veut pas arrêter son combat. Depuis notre émission, il a obtenu de nombreux soutiens politiques, à droite comme à gauche. Et ce n’est pas le temps passé sur ce dossier qui le fera abandonner: « Le dossier devient tellement épais que je compte plus mes heures. Mais c’est une cause que j’estime juste pour défendre l’intérêt des jeunes qui font du sport. Et ce n’est pas normal que ça continue comme ça ».
Le jeudi 22 septembre, c’était au tour de Christophe Darbellay, président du PDC suisse et parlementaire fédéral de soutenir Marc Hafner. Il a déposé une motion au Conseil National, soutenue par de nombreux autre parlementaires : «Pour combler les lacunes de l'assurance-accidents»
Texte déposé
Le Conseil fédéral est chargé de modifier la loi fédérale du 20 mars 1981 sur l'assurance-accidents (LAA) et, le cas échéant, d'autres règlements s'y rapportant, en vue de garantir le versement des indemnités journalières dans les cas où l'incapacité de travail est due à une rechute ou aux séquelles tardives d'une blessure survenue lorsque l'assuré était plus jeune.
Développement
La Confédération entend faire bouger davantage la population sédentaire et encourager les jeunes à faire plus de sport. Même s'il s'agit là d'une intention louable, elle expose ces jeunes à un certain risque. Celui qui est victime d'un accident au cours de ses jeunes années se retrouve, souvent sans le savoir, avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Si, plusieurs années plus tard, il fait une rechute ou commence à souffrir de séquelles de son accident, il ne recevra pas d'indemnités journalières de la part de l'assurance-accidents, quand bien même il aurait versé ses contributions régulièrement. Une telle situation peut se révéler insurmontable, surtout si la personne concernée a une famille à sa charge.