Entre un photographe qui a choisi de mettre en scène des bidons de lait et un jeune taupier, il flotte quelque chose d'atypique dans l'air de Paju! Un parfum du Sud imprègne l'émission avec le jardin botanique Hanbury que parcourt Virginie Brawand. Il se niche à Ventimiglia, en Ligurie : une promesse de lumière et de couleurs doucement automnales.
La poésie du bidon - Taupier, de père en fils
La poésie du bidon
"Je suis le photographe des bidons de lait" voici comment Gérard Benoit à la Guillaume se présente à ses interlocuteurs. La démarche artistique du personnage est atypique, tout comme son nom venu d'un autre temps. Autodidacte en photographie, ancien prof de sport et franco-suisse, il vit dans le Jura français entouré de boilles et d'objets insolites qu'il cumule par passion.
L'idée qui a fait sa notoriété est de coloniser des paysages en mettant en scène des boilles à lait. Pas une ou deux boilles mais plus de 300 qu'il aligne au gré des saisons en pleine nature, en ville ou dans des déserts. Chaque installation est éphémère et donne lieu à des prises de vue photographiques et par la suite à des cartes postales.
Dans les coulisses de ces boilles on découvre également un autre personnage très original en la personne d'Ingeborg Tschäppät, on l'a présente aussi comme directrice de casting. En réalité c'est elle qui recherche et négocie l'achat de tous les bidons en allant quêter de ferme en ferme à travers tout le pays.
Si certaines installations sont surprenantes, la bonhomie des bidons l'est aussi. Gérard transforme avec humour chaque bidon en petit personnage sympathique par le simple fait d'en soulever le couvercle de travers. C'est suite à un travail sur l'anthropomorphisme et en photographiant deux bidons à lait que l'idée a surgi. La démarche de Bidons Sans Frontières est associée au courant du Land Art.
Un reportage atypique de Passe-moi les jumelles, rythmé aux sons de 300 boilles à lait, signé Dominique Clément.
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Taupier, de père en fils
Adrien Dubois est un très jeune taupier. A 29 ans, il parcourt la Suisse romande tous azimuts pour aider à la régulation des taupes et des campagnols. Dans la famille d’Adrien, l’art du piégeage à la pince mécanique a été transmis de génération en génération. Ce savoir-faire qui aujourd'hui tend à disparaître s’est perpétué notamment grâce au grand-père d’Adrien.
Dans les années 60, le grand-père d'Adrien ne céda pas à la facilité lorsque fut inventé un poison qui tue les taupes et les campagnols mais qui touche aussi leurs prédateurs naturels et pollue les sols. Adrien n’a pas seulement reçu en héritage des connaissances, il a également reçu des valeurs liées à la terre.
Né dans un petit village du sud de la Belgique, Adrien a fait des études à Bruxelles pour être professeur d’éducation physique. Lors d’un stage en Suisse, il découvre la montagne et se passionne pour le snowboard. A 21 ans, il quitte son pays natal pour s’installer en Valais.
Il emmène avec lui les pièges et les astuces de son père et de son grand-père. Attiré par la vie en plein air et la liberté, Adrien choisit finalement de devenir taupier professionnel. Avec son minibus, il vagabonde de jardins de particuliers en terrains de foot, en passant par le Golf de Genève.
Adrien semble balancer entre deux âges et deux époques. Il préfère pêcher les rivières et cultiver son potager plutôt que d’acheter et consommer. Il aime marcher seul et observer la nature. A 29 ans, il mène une vie en accord avec ses valeurs.
Reportage de Mélanie Dougoud
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Le film "Les Superpouvoirs de la taupe"
Jardin Hanbury de Ventimiglia
Le jardin botanique Hanbury est une invitation au voyage, non seulement parce qu’il se situe à deux pas de Ventimiglia en Ligurie, mais surtout parce qu’il rassemble un nombre impressionnant de plantes exotiques que nous ne sommes pas habitués à voir exister en pleine terre, de plus dans un tel décor de rêve.
On doit l’existence de ce jardin à un certain Thomas Hanbury, un Anglais ayant fait fortune en Chine et aux Indes, grâce au commerce des épices, du thé et de la soie. A la recherche d’une résidence loin des pluvieux hivers britanniques, il tombe sous le charme du cap Mortola, sa végétation méditerranéenne qui s’étale sur 18 hectares, son palazzo alors en ruine. Il achète cette propriété en 1867 et suivant les conseils de son frère Daniel, pharmacien et botaniste passionné, en fait un jardin exotique.
Aujourd’hui, le jardin est géré par l’Université de Gênes et offre neuf hectares à la visite, un voyage plutôt au cœur d’une forêt australienne, un jardin mexicain, les déserts où poussent de nombreuses variétés de succulentes, la Méditerranée et ses essences, sans compter l’Extrême-Orient et sa belle collection de cycadées. Ici, l’exotisme semble à portée de main.
Infos pratiques
Il existe un itinéraire balisé qui s’accompagne d’un prospectus avec un parcours pour descendre et un autre pour remonter, mais il est vrai que ce jardin se découvre en prenant le temps, car il est constitué de mille recoins et chemins sinueux qui méritent d’être fréquentés, parmi une végétation qui offre à chaque saison de nouvelles surprises.
Ouvert toute l’année, tous les jours, à l’exception du lundi entre novembre et février, dès 9h30 et jusqu’à 17, 18 ou 19 heures en fonction de la saison et de la longueur des journées.
Giardini Botanici Hanbury, Corso Montecarlo 43, La Mortola, 18039 Ventimiglia (IM), Italie.
Tél. +39 01 84 22 95 07