Qu’y a-t-il de pire qu’une masse d’immigrés sans argent ? Réponse : une masse d’immigrés qui gagnent plus que vous ! En dix ans, Genève et la région lémanique ont changé d’univers. La ville internationale est devenue un parc à multinationales, déversant sur les deux rives une nouvelle population, argentée et bien formée. Plongée dans le drame de la prospérité.
Parti comme une onde de choc du cœur de la métropole, le bouleversement atteint des régions de plus en plus éloignées. Temps Présent a planté ses caméras dans trois communes de la périphérie.
Bassins, petit village de la Côte lémanique, perché à 700 mètres d’altitude est suffisamment éloigné de la ville pour avoir traversé tout le XXe siècle sans perturbation majeure. Soudain, la campagne ne se reconnaît plus. Les nouveaux arrivants demandent à communiquer en anglais. Le syndic, qui a d’abord accepté, fait maintenant de la résistance. Des agriculteurs qui avaient leur ferme au centre du village ont dû s’en aller, à cause des nuisances… Leur fille, malgré un bon apprentissage et un bon travail, n’a pu s’établir sur place : son salaire est trop bas pour les nouveaux loyers.
Les nouveaux arrivants ont en effet un impact direct sur le coût du logement. D’autant que Genève n’a pas lancé, comme ses concurrentes de Londres ou Bruxelles, de grands programmes immobiliers, avec quartiers d’affaires et résidences de standing. Si le locataire en place est bien protégé, il suffit d’une naissance ou d’un divorce pour découvrir le problème : la classe moyenne locale n’a plus les moyens de trouver un logement dans le canton. Elle doit s’établir en France voisine. Où elle bouleverse à son tour la vie indigène. Comme à Veigy, commune française frontalière, où 80% des actifs travaillent à Genève. Les autres, à moins d’être propriétaires, ne peuvent plus vivre sur place.
Mais au fait, pourquoi la capitale n’a-t-elle pas construit ce qu’il fallait pour héberger les nouveaux arrivants ? Etude de cas avec Troinex, petite commune genevoise qui s’est rendue célèbre dans toute la République en refusant par referendum l’un des rares programmes de logement qui avait franchi toutes les étapes réglementaires.
Rediffusion le vendredi 30 septembre 2011 à 0h45 et le lundi 3 octobre 2011 à 14h50 sur TSR2.
Générique
Un reportage de Fabienne Clément et Jacques de Charrière
Image : Riccardo Willig Son : Beat Lambert Montage : Chantal Dall'Aglio