Charlotte, 12 ans, petite prostituée d’une plage africaine touristique raconte que le Blanc lui paye ce qu’il veut… une dizaine de francs en général. Son cas n’est pas unique, des affaires de pédophilie à l’étranger avec des ressortissants suisses sortent parfois au grand jour. Que peut faire la Suisse ? Pourquoi cette exploitation continue-t-elle ? Notre enquête à Madagascar et en Thaïlande révèle l’ampleur insoupçonnée du tourisme pédophile et la traque complexe, ici et là-bas. Les policiers et la justice se battent mais ils doivent parfois renoncer.
Sa première fois, c’était il y a deux ans. Aujourd’hui, Charlotte, 12 ans, se rend tous les dimanches sur une plage touristique de Nosy Be pour séduire le « Vazaha », c’est-à dire le Blanc à Madagascar. Elle accompagne le touriste dans sa chambre ou s’offre à lui dans un coin sombre. Charlotte est prostituée et la pauvreté l’oblige à accepter jusqu’à des pratiques violentes.
Car la pédophilie est d’une violence inimaginable. Les policiers spécialisés dans ces questions n’ont pas peur de le dire. Ajouter à cela le pouvoir de l’argent du touriste qui se paie un enfant pendant ses vacances… l’horreur est telle qu’on a envie de détourner le regard. Et pourtant : moins on en parle et plus les pédophiles sont tranquilles. Et ils savent s’organiser ou se cacher.
Les médias relaient parfois des affaires qui impliquent des ressortissants helvétiques. Nous avons choisi d’en suivre trois. L’une se passe à Madagascar. Les autres en Thaïlande où nous avons retrouvé les jeunes garçons victimes. Notre question était : que peut faire la Suisse ?
Sur notre sol, la police perquisitionne, interroge, analyse des photos, remonte les filières de l’argent à la recherche d’indices pour consolider ses dossiers. A l’étranger, la coopération dépend du pays. Parfois c’est impossible, comme avec Madagascar. Parfois un accord autorise l’entraide judiciaire. Avec la Thaïlande, la Suisse a même envoyé un attaché de police qui fait le relais. Un modèle à suivre dans cette lutte inégale entre des enfants désespérément pauvres et des abuseurs sans scrupules.
Rediffusion le vendredi 26 juin 2015 à 1h10 et 10h30 puis le lundi 29 juin 2015 à 16h20 sur RTS Deux.
Générique
Un reportage de Marie-Laure Baggiolini et Isabelle Ducret
Image : Erwan Jagut Son : Beat Lambert Montage : Corinne Dubuis