L'installation de caméras de surveillance dans les collèges de Lutry a soulevé une tempête en Suisse romande : Big Brother est-il en train de s'inviter dans les préaux de nos écoles ? Un débat passionné qui pourrait bien pourtant ne s'intéresser qu'à la partie visible de l'iceberg...
Reconnaissance faciale, caméras intelligentes détectant les mouvements suspects ou haute-définition permettant de lire jusqu'à la marque de vos lunettes, logiciels espions pour téléphones portables, puces électroniques sous-cutanées... ce ne sont pas les ingrédients d'un bon film d'anticipation, mais bel et bien ce que la technologie mêlée à l'offensive sécuritaire (et bien entendu commerciale) aiguë nous réserve dès demain.
En Suisse, c'est bien entendu la question de la multiplication exponentielle des caméras de surveillance qui fait débat. La mesure est-elle adaptée dans le cadre d'un lieu public tel une école ? L'effet préventif est-il vraiment prouvé ? N'existe-t-il pas d'autres mesures ? En majorité, les Suisses sont convaincus que « si l'on n'a rien à cacher, on ne risque rien », mais cela relève peut-être d'une méconnaissance des tenants et aboutissants, plus que d'une réelle acceptation.
Car, comme le souligne John Gage, vice-président de Sun Microsystems et conseiller à la Maison-Blanche pour les affaires technologiques, qu'il s'agisse de vidéosurveillance, de téléphones mobiles, du GPS ou d'internet, il ne faut jamais oublier que dans le monde des données informatiques, rien ne disparaît jamais totalement.
Dès lors, comment concilier ces technologies avec le respect de la sphère privée ? Deux doctrines s'affrontent : aux Etats-Unis, c'est le marché qui est censé s'autoréguler, alors que l'Europe a décidé de légiférer. La question est de savoir quel modèle prendra le pas sur l'autre dans un proche avenir. Car la plupart des experts s'accordent à dire qu'à court terme, plus aucune parcelle de notre espace quotidien, que ce soit dans la rue, au bureau ou chez soi, ne sera épargnée par les petites sœurs de Big Brother.
Générique
Un reportage de Philippe Mach et Alec Feuz
Image : Philippe Mory Son : Roméo dos Santos Montage : Brigitte Duc