Depuis que l'UBS a associé son image à cette figure de l'architecture, la polémique ne faisait qu'enfler. Dans les cercles juifs, on reproche au Corbusier ses idées antisémites.
Un dernier article sur la question a été publié dans la presse dominicale. C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Hier l'UBS décidait de faire disparaître Charles-Edouard Jeanneret-Gris, dit Le Corbusier, de sa campagne.
Contacté par tsrinfo.ch, le porte-parole d'UBS Jean-Raphaël Fontannaz confirme le retrait des images du Corbusier, même si le clip demeure visible sur le site de la banque. "Nous avons déjà commencé à le faire. Mais la mise en œuvre réclame évidemment un certain temps, par exemple pour réaménager les vitrines des agences", explique-t-il. "Ce que nous ne voulons surtout pas avec notre campagne, c'est bien de blesser les sentiments de certaines personnes. C'est pourquoi nous n'allons plus utiliser Le Corbusier dans le cadre de cette campagne".
Une campagne mondiale
En août dernier, UBS a lancé une campagne mondiale de publicité. Après trois années de discrétion, l’opération vise à reconquérir la clientèle sous le slogan "We will not rest" (nous n’aurons pas de répit). L’image du Corbusier devait "tracer une ligne claire entre le passé et l’avenir", pouvait-on alors lire.
Dans son édition de mardi, le Tages-Anzeiger révèle ainsi une facette peu connue du génial architecte chaux-de-fonnier, celle d’un théoricien de l’eugénisme spatial dont les visions urbanistiques s’appuient sur un environnement autoritaire. Le Corbusier aurait ainsi frappé à la porte de Mussolini et dessiné des plans pour Staline.
Et les billets de banque?
Si l'UBS a décidé d’éteindre la polémique en retirant les publicités affichant Le Corbusier, le Tages-Anzeiger rappelle que l’architecte figure sur les billets de 10 francs depuis 13 ans.
Contrairement à la banque d’affaires, la Banque nationale ne peut retirer ses billets du circuit. Il faudra alors patienter jusqu’en 2012, année de la mise en circulation des nouveaux billets de banque.
lds
Le Corbusier à Vichy
L’écrivain et architecte genevois Daniel de Roulet révélait déjà en 2005 les penchants antisémites du "Corbu".
Dans un texte paru dans la revue d’architecture Tracés, Daniel de Roulet se demande pourquoi Le Corbusier a transporté son bureau ainsi que son domicile à Vichy au début des années 40.
"J’ai été très étonné d’y découvrir que mon architecte préféré avait été un collaborateur des nazis en France", écrit-il.
Selon l’écrivain et architecte, Le Corbusier servait directement le maréchal Pétain et de nombreuses lettres témoignent de l’admiration du "Corbu" pour le régime français à la botte du IIIe Reich.