"Mogadiscio a été complètement libérée de l'ennemi et le reste du pays sera également bientôt libéré", a déclaré à la presse le président Sharif Cheikh Ahmed. "L'ennemi a été défait, ils se sont retirés de Mogadiscio et nous les combattrons pour les éliminer dans le reste du pays", a renchéri le Premier ministre Abduweli Mohamed Ali.
Auparavant, plusieurs témoins avaient indiqué à l'AFP le départ de la capitale de nombreux combattants shebab, dans la nuit, après des combats avec les forces gouvernementales et leurs alliés de la force de l'Union africaine (Amisom). "Ce (samedi) matin, il n'y a plus un seul combattant islamiste face aux forces gouvernementales, qui ont pénétré à l'intérieur du quartier du stade", a ainsi rapporté un habitant de ce quartier, Abdi Mohamed.
Prudence
Un porte-parole des shebab, Ali Mohamed Rage, interrogé par l'AFP, a évoqué "un changement de tactique militaire" pour expliquer ce retrait. "Les combattants moudjahidine ont mis en oeuvre un changement de tactique militaire contre les ennemis d'Allah et, bientôt, vous entendrez une bonne nouvelle", a déclaré le porte-parole sans plus de précisions.
Ce départ nocturne en catimini a pris de court nombre d'acteurs du conflit somalien: à la mi-journée, l'Amisom vérifiait si le retrait des shebab de la ville était vraiment total. "Nous sommes très, très prudents: il pourrait s'agir d'un piège", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'Amisom, le major Paddy Ankunda.
Ce retrait devrait se traduire, dans un premier temps, par la fin des combats quasi-quotidiens qui opposaient les deux camps à l'artillerie lourde, faisant de très nombreuses victimes civiles. Les shebab, qui contrôlent la majeure partie du centre et du sud du pays, ont juré la perte du gouvernement de transition (TFG) du président Sharif Cheikh Ahmed, soutenu par la communauté internationale.
Progression des militaires
Depuis février, l'Amisom, forte de près de 9000 militaires ougandais et burundais, avait considérablement progressé et repoussé les islamistes sur les deux principales lignes de front de la capitale. Jusqu'à samedi matin, le TFG et l'Amisom contrôlaient un peu plus de la moitié de la ville, avec notamment l'aéroport et le port, face aux insurgés islamistes qui en tenaient toute la partie nord-est.
Les shebab, dont l'émergence remonterait à 2006, étaient à l'origine le mouvement de la jeunesse des Tribunaux islamiques, qui ont contrôlé brièvement la Somalie au deuxième semestre 2006 avant d'être mis en déroute par l'armée éthiopienne, un de leurs ennemis jurés.
Outre l'insurrection, le gouvernement somalien fait face à une crise humanitaire sans précédent depuis 20 ans: la sécheresse qui affecte l'ensemble de la Corne de l'Afrique a provoqué une famine dans plusieurs régions du sud de la Somalie, sous contrôle shebab, et parmi les populations de déplacés à Mogadiscio intra-muros et dans le corridor d'Afgoye, à environ 20 km la capitale.
afp/cmen
Pilleurs tueurs
Les combats et l'insécurité qui règnent à Mogadiscio handicapent fortement l'organisation et la distribution de l'aide.
Vendredi, au moins cinq déplacés ont été tués dans leur camp lors d'une fusillade provoquée par des hommes en armes, vraisemblablement des miliciens pro-gouvernementaux, venus piller les stocks de nourriture du Programme alimentaire mondial.
"Nous avons deux ennemis à combattre: les shebab d'un côté, et de l'autre ceux qui tentent de voler la population", a condamné le président somalien.