Le débat entre les deux candidats à la présidentielle française fait réagir la planète internet depuis hier soir. Petites phrases décortiquées, affirmations chiffrées passées sous la loupe, posture et comportement analysés... Petite revue sur ce qui se dit sur le web.
Le "factchecking" en super-star
Le grand jeu en vogue sur internet durant le débat entre Nicolas Sarkozy et François Hollande a été le "factchecking", ou la vérification des faits énoncés par les candidats. La plupart des médias en ligne se sont lancés dans la partie, comme Rue89 ou LeMonde.fr.
Mais l'exercice a véritablement pris de l'ampleur sur Twitter. Outre les commentaires partisans, la principale occupation de la soirée a en effet été de vérifier les affirmations des candidats. A ce jeu-là, c'est @LeVeritometre qui gagne. Regroupant des journalistes et des internautes, le fil a été particulièrement suivi.
Le bilan de la soirée, selon le site du Véritomètre: 46,3% de crédibilité pour Nicolas Sarkozy et 55,3% pour François Hollande.
Une déclaration de Sarkozy jugée "incorrecte":
Une déclaration classée "incorrecte" selon le Véritomètre
Une déclaration de Hollande jugée "incorrecte":
Une déclaration de Hollande classée "incorrecte" selon le Véritomètre
Rue89: "Hollande a présidé le débat"
François Hollande "a présidé le débat" tandis que Nicolas Sarkozy "n'a jamais trouvé la faille de cet adversaire" qu'il entendait pourtant "exploser". Voilà en substance l'analyse de Pascal Riché, rédacteur en chef du site participatif Rue89 (orienté à gauche). Pour Riché, l'actuel président a commis deux erreurs: il n'a pas interrompu la tirade de son adversaire ("Moi, président de la République,...") et il n'a pas trouvé le moment pour faire part de ses propres propositions.
Rue89 propose aussi une carte montrant la popularité des deux candidats calculée par analyse des tweets. "Globalement, les utilisateurs de Twitter semblent avoir préféré Hollande à Sarkozy. On note très clairement une inversion de ce rapport quand est évoquée l'immigration, preuve que ce thème est mobilisateur au moins dans le camp du Président sortant", note le site.
Atlantico: "Sarkozy a été meilleur, mais peut-être pas suffisamment"
Le site d'information Atlantico, considéré comme plutôt orienté à droite, a lui interrogé trois éditorialistes pour tenter de savoir qui est sorti vainqueur du duel. Deux d'entre eux estiment que Nicolas Sarkozy a été meilleur que son adversaire socialiste. "Je pense que Nicolas Sarkozy a été globalement meilleur, mais peut-être pas suffisamment", écrit Serge Federbusch, président du Parti des Libertés. Le troisième invité juge que la vraie question est de savoir si le président est parvenu à renverser la vapeur, sans toutefois donner de réponse.
Le site publie aussi une étude d'opinion menée auprès de 500 Français durant le débat. Le résultat: "une partie de l’opinion estime avoir changé d’avis -"en bien"- à propos de François Hollande, bilan à peu près neutre pour Nicolas Sarkozy".
Médiapart: "Avantage à Hollande"
Sur le site Médiapart, c'est clairement François Hollande qui a pris l'"avantage" lors du face-à-face télévisé. Le site, qui est en bisbille judiciaire avec Nicolas Sarkozy, estime que "le président sortant n’est pas parvenu à avoir le dessus [...] et est vite apparu sur la défensive, quand François Hollande a déroulé ses propositions".
Le Huffington Post compte les points
Le site francophone du Huffington Post fait du débat de l'entre-deux-tours un combat de boxe et compte les points. François Hollande gagne sur l'exactitude des faits et l'effet de surprise, alors que Nicolas Sarkozy s'illustre avec un coup qui porte sur les centres de rétention. Au final: "avantage au PS, l'UMP évite le KO".
L'ennui a gagné Twitter
Quant aux internautes, ils se sont rendus en masse sur Twitter. Rue89 avance le chiffre de 90'000 utilisateurs qui ont posté 500'000 sur les prestations des candidats.
Globalement, les utilisateurs de Twitter ont jugé le débat plutôt ennuyeux et ne se sont pas gênés pour le dire.
Le grand vainqueur du débat: l'ennui
Enfin, de nombreux posts ont aussi porté sur le rôle plus que discret des journalistes Laurence Ferrari et David Pujadas.
Le rôle de Ferrari et Pujadas jugé plutôt discret
La parodie de "Moi, président de la République"
Les rieurs ont déjà sévi. La tirade de François Hollande, avec ses 15 "Moi, président de la République", a été remixée sur un titre de Daft Punk.
A écouter en cliquant ici.
Cécile Rais
Les principales réactions politiques et médiatiques
Martine Aubry, première secrétaire du PS
"François Hollande a été exceptionnel. Ce débat montre ce que sera sa présidence, c'est-à-dire un cap clair, des valeurs de la France retrouvées".
Ségolène Royal, candidate socialiste en 2007
"François a dominé ce débat avec force, et surtout avec authenticité et vérité".
Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy s'est montré "authentique et sincère" face à un candidat PS "fuyant sur le fond".
Nadine Morano, ministre UMP
François Hollande a fait preuve de l'"arrogance de celui qui n'a rien assumé".
DANS LA PRESSE FRANCAISE
Pour la plupart des éditorialistes de la presse, le débat "ne devrait pas provoquer de séisme électoral". Le favori des sondages François Hollande a "marqué des points" quant à sa stature présidentielle.
La gauche a aussitôt revendiqué la victoire. "Hollande préside le débat", titrait en une le quotidien de gauche Libération, qui évoque des échanges "musclés".
Le quotidien de droite Le Figaro, proche de Nicolas Sarkozy, croit de son côté encore à la victoire face à "François Hollande, son langage daté et sa gauche disparate".
Enfin pour un éditorialiste du Monde, "François Hollande partait en position de favori. Il le reste".
La Lybie confirme à Mediapart avoir financé la campagne 2007 de Sarkozy
Mediapart persiste et signe: le site d'information affirme jeudi que l'ancien Premier ministre libyen Baghdadi Ali al-Mahmoudi lui a confirmé, via son avocat, que Nicolas Sarkozy avait bien reçu un financement de 50 millions d'euros du régime de Moammar Kadhafi pour sa campagne présidentielle de 2007.
"Je confirme qu'il existe bien un document signé par Moussa Koussa et qu'un financement a bien été reçu par Nicolas Sarkozy", a expliqué l'ancien chef du gouvernement libyen qui est actuellement détenu en Tunisie, par l'intermédiaire de son avocat, Béchir Essid, mercredi soir.
Mediapart a publié samedi dernier le fac-similé d'un document présenté comme une note officielle du régime du défunt dirigeant libyen Moammar Kadhafi, datée de décembre 2006, qui donnerait son accord de principe pour financer à hauteur de 50 millions d'euros la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy.
Le chef de l'Etat a dénoncé un "faux grossier". Le parquet de Paris a annoncé lundi soir avoir ouvert une enquête préliminaire après avoir reçu la plainte du président sortant contre le site Internet pour "faux et usage de faux" et "publication de fausses nouvelles". Mediapart a répliqué par une plainte pour "dénonciation calomnieuse" mercredi.