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La culture en deuil: Michel Ritter est mort

Michel Ritter (ici en 2003) est décédé mardi soir. Il avait 58 ans
Michel Ritter (ici en 2003) est décédé mardi soir. Il avait 58 ans
Le directeur du Centre culturel suisse de Paris, Michel Ritter, est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à son domicile parisien. Agé de 58 ans, il assumait la direction du Centre depuis 2002.

Michel Ritter a succombé à un cancer, a indiqué Pro Helvetia
confirmant une information publiée jeudi par «La Liberté». Le
Fribourgeois s'est d'abord fait connaître avec l'aventure du
Belluard Bollwerk, le festival pluridisciplinaire de Fribourg,
qu'il a dirigé entre 1983 et 1998.



Pro Helvetia perd avec lui une personnalité forte, qui s'est
engagée avec un grand élan pour l'art contemporain de Suisse et
pour sa diffusion à l'étranger. Il aura donné au CCSP une image et
un relief inimitable.

Père du Fri-Art

En 1990, le Fribourgeois a fondé le Fri-Art, centre d'art
contemporain de Fribourg, où il a travaillé jusqu'en 2002. Il a
reçu en 2004 le «Prix Art Frankfurt» pour la programmation de cette
institution et le prix Meret Oppenheim en 2005 décerné par l'Office
fédéral de la culture.



Auparavant, il a lancé l'aventure du Belluard Bollwerk, le
festival pluridisciplinaire de Fribourg, qu'il a dirigé entre 1983
et 1998. En 1981, il a organisé une grande exposition d'art
contemporain dans les locaux de l'ancien séminaire de Fribourg.
Jugée obscènes et attentatoires à l'esprit religieux, les peintures
de Félix Müller ont été séquestrées. L'affaire a eu des
prolongements juridiques jusqu'à la Cour des droits de l'Homme de
Strasbourg.

Remous parisiens

Michel Ritter a commencé sa carrière en 1974 en ouvrant une
galerie d'art à Fribourg, la galerie RB, avec le peintre Bruno
Baeriswyl. Il a auparavant travaillé comme artiste autodidacte et
passé trois ans à New York où il s'est frotté aux modes
d'expression comme la performance, le «work in progress» ou
l'installation.



Sa nomination à la tête du Centre culturel de Paris avait été
contestée à l'intérieur de l'organisation, comme dans le milieu
culturel romand. En 2004, l'exposition consacrée à Thomas Hirschorn
avait créé un scandale dans le monde politique suisse. Intitulée
«Swiss-swiss democracy», elle avait attiré 30'000 visiteurs, une
des plus grandes fréquentations du Centre.



ats/sun

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"Un homme à part"

De nombreuses réactions du monde culturel ont afflué après la mort de Michel Ritter.

L'ancienne présidente de la fondation Pro Helvetia, Yvette Jaggi, s'est dite très attristée par ce décès. «Outre sa personnalité attachante, ce qui me reste surtout, ce sont ses choix audacieux, exigents, sa capacité de discernement. Il avait le flair pour dénicher parmi ce qui émerge ce qui est significatif.»

«C'était un artiste, un homme à part, sur le fil du rasoir», a déclaré Pierre Keller, directeur de l'Ecole cantonale d'art de Lausanne sur la RSR. Il aimait faire découvrir l'art sous toutes ses formes: il l'a fait d'une façon exceptionnelle à Paris, malgré beaucoup de critiques inutiles. Il a certainement trouvé une nouvelle manière de faire valoir l'art suisse.»

Ancien directeur du festival du Belluard à Fribourg et de celui de la Bâtie à Genève, Olivier Suter souligne aussi le courage, la générosité, l'approche sans concessions et l'esprit de recherche permanente de Michel Ritter.

Successeur à nommer

L'équipe de Michel Ritter va assurer la direction intérimaire du Centre culturel suisse de Paris.

Un hommage lui sera rendu au CCSP à une date qui sera communiquée ultérieurement.