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Le réalisateur français Claude Chabrol est mort

09 11 chabrol afp
Claude Chabrol avait commencé sa carrière avec "Le beau Serge".
Le cinéaste français Claude Chabrol est décédé dimanche matin à l'âge de 80 ans, a annoncé un responsable de la mairie de Paris. Il était une figure de la Nouvelle Vague avec Truffaut et Godard.

Le réalisateur du "Beau Serge", de "Violette Nozière", de "La Cérémonie" ou encore de "Merci pour le chocolat" (consulter la filmographie sélective ci-jointe) - tourné à Lausanne dans l'ancienne demeure de David Bowie - était né le 24 juin 1930 à Paris. Figure de la Nouvelle Vague, Claude Chabrol adorait croquer, à travers une oeuvre prolifique, les travers de la bourgeoisie de province avec la même gourmandise qu'il mettait à en savourer la cuisine.

Né dans une famille de pharmaciens, il passe son adolescence dans la Creuse, un département rural du centre de la France, pendant la Seconde Guerre mondiale avant de s'inscrire aux facultés de lettres et de pharmacie de Paris.

Licencié ès lettres, il participe en tant que critique de cinéma au lancement de la Nouvelle Vague en écrivant aux côtés de François Truffaut et Jacques Rivette dans la revue les "Cahiers du cinéma" (1952-1957).

Des débuts avec "Le beau Serge"

Chabrol s'impose rapidement en tant qu'auteur, réalisateur et producteur des films. "Le Beau Serge" (1957), avec un nouveau venu, l'acteur Jean-Claude Brialy, obtient le grand prix du Festival de Locarno en 1958 (voir une liste sélective de ses prix ci-contre) et "Les Cousins" remportent en 1959 l'Ours d'or du Festival de Berlin.

Il divorce pour épouser la comédienne Stéphane Audran qui sera l'une de ses interprètes fétiches ("La femme infidèle", "Le Boucher", 1969, "Juste avant la nuit", 1970). Il dépeint avec cruauté et gourmandise les moeurs de la bourgeoisie française de province avec ses scandales étouffés sous une respectabilité de façade, n'hésitant pas à forcer le trait jusqu'à la limite de la noirceur absolue.

Isabelle Huppert, son actrice fétiche

Avec "Violette Nozière" (1978), célèbre empoisonneuse parricide dans les années trente, il contribue à révéler le talent de l'actrice Isabelle Huppert. Claude Chabrol lui confiera le rôle principal dans cinq autres films, dont "Une Affaire de femmes" (1988), "La Cérémonie" (1995) et "Merci pour le chocolat" (2000), élargissant sa galerie de "monstres", mais aussi "Madame Bovary".

Plus légers, "Inspecteur Lavardin" et "Poulet au vinaigre", ses polars provinciaux tournés avec le comédien Jean Poiret, connaîtront un vif succès. L'ensemble de sa carrière (plus de 80 films pour le cinéma et la télévision) a été couronnée par le Prix René Clair de l'Académie française (2005) et le Grand prix 2010 des auteurs et compositeurs dramatiques. Il s'était marié pour la troisième fois en 1983 avec Aurore Pajot. Il était père de quatre enfants.

C'était "un immense cinéaste français, libre, impertinent, politique et prolixe", a commenté Christophe Girard, adjoint chargé de la culture à la mairie de Paris, qui a annoncé le décès (lire les réactions ci-dessous).


UNE PLUIE D'HOMMAGES

Nicolas Sarkozy, en déplacement en Dordogne: "Il tenait de Balzac par la finesse de sa peinture sociale. Il tenait de Rabelais par son humour et sans doute aussi par sa truculence. Mais il était surtout lui-même dans ses films, comme dans sa vie. Je suis certain qu'il manquera beaucoup à chacun".

Gérard Depardieu, acteur,sur RTL: "Claude était la joie de vivre même, et on ne pouvait pas penser qu'il puisse mourir. C'était la gaieté. Je n'arrive pas à imaginer qu'il soit parti. A aucun moment il ne parlait de la mort (...) Il avait tout, il avait l'histoire du cinéma, il avait la passion, il avait aussi l'enfance, le rire, aussi le plaisir. Pour moi, il ne répond pas au téléphone, mais j'aime à dire qu'il est là, qu'il est présent partout".

Jean-Pierre Mocky, réalisateur, sur France-Info: "Malheureusement mon ami est mort (...) C'est un vieux compagnon, on se connaît depuis 1952, ça fait 58 ans (...)

François Berléand, acteur, sur LCI: "Il épinglait la bourgeoisie de province (...) Ces plateaux étaient très drôles, tout le monde s'amusait, c'était un vrai bonheur. C'est quelqu'un qui découvrait les plateaux en même temps que les acteurs (...) C'est quelqu'un qui était amoureux de la vie (...) Pour moi c'est une grande perte, c'était un ami".

Bertrand Delanoë, le maire de Paris, dans un communiqué: "Avec lui, disparaît l'inventeur d'un cinéma inspiré, foisonnant, et profondément humain. Depuis "Le beau Serge", il y a cinquante ans, jusqu'à "Bellamy" en 2008, c'est un monde que Claude Chabrol a su créer, avec ses personnages complexes, ses atmosphères singulières, et un regard tendre et féroce sur la société de son temps. Il a, au long de sa carrière, permis à des talents aussi considérables que Michel Bouquet, Jean Yanne, et bien sûr Isabelle Huppert, de donner toute leur mesure, voire de se révéler.

Frédéric Maire, le directeur de la cinémathèque suisse, a salué dimanche l'oeuvre de Claude Chabrol, qualifiant ce dernier "d'un des plus grands cinéastes contemporains". A ses yeux, le réalisateur français peut être comparé à Alfred Hitchcock pour son regard ironique porté sur la société et sa boulimie de travail. "Il ne s'arrêtait jamais, insatiable, il avait toujours envie d'en raconter plus sur le monde contemporain".

agences/hof

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Filmographie sélective

1957 : "Le Beau Serge"

1959 : "Les Cousins"

1963 : "Landru"

1969 : "La Femme infidèle"

1975 : "Une partie de plaisir"

1975 : "Les Innocents aux mains sales"

1978 : "Les Liens de sang"

1978 : "Violette Nozière"

1982 : "Les Fantômes du chapelier"

1988 : "Le Cri du hibou"

1989 : "Une Affaire de femmes"

1991 : "Madame Bovary"

1992 : "Betty"

1994 : "L'Enfer"

1995 : "La Cérémonie"

2000 : "Merci pour le chocolat"

2002 : "La Fleur du mal"

2007 : "La fille coupée en deux"

2008 : "Bellamy"

Primé à plusieurs reprises

En 1958, Claude Chabrol est primé à Locarno pour "Le Beau Serge", qui lui vaut en 1959 le prix Jean-Vigo.

En 1959, il reçoit l'Ours d'or à Berlin pour "Les Cousins".

En 1995, "La Cérémonie" lui vaut le Metro Media Award au Festival international du Film de Toronto.

En 2000, "Merci pour le chocolat" reçoit le prix Louis-Delluc.

En 2005, l'ensemble de son œuvre cinématographique a été distingué par le Prix René Clair de l'Académie française.