Elle était "marraine" du bourg valaisan St-Pierre de Clages, où elle a inauguré en 1996 la Maison du livre: Han Suyin, née en 1917 en Chine du Nord, fille d'un ingénieur chinois et d'une intellectuelle belge, est décédée.
Han Suyin reçut une éducation européenne, n'apprit le chinois qu'à 15 ans et paya ses premiers cours en travaillant comme secrétaire dans une fondation américaine à Pékin. Après avoir étudié la médecine en Chine, en Belgique et en Angleterre, elle devint sage-femme et pédiatre, puis dirigea une clinique à Singapour.
Autobiographie en cinq volumes
C'est après son premier mariage, avec un diplomate chinois devenu attaché de presse à Londres et général et aide de camp de Chang Kaichek, que Han Suyin abandonne la médecine et commence à écrire en chinois, en anglais et en français. Elle s'installe à Hong Kong et publie "Multiple splendeur". Ce premier roman est adapté à l'écran en 1955 par Henry King sous le titre "La colline de l'adieu".
L'oeuvre majeure de la romancière est une autobiographie en cinq volumes: "L'arbre blessé", "Une fleur mortelle", "Un été sans oiseaux ", "Ma maison à deux portes" et "La maison du phénix" (1964- 1979). On lui doit aussi "Le premier jour du monde", "Le déluge du matin", "Les cent fleurs", "Jusqu'au matin", "Et la pluie pour ma soif", "S'il ne reste que l'amour", ainsi qu'une biographie de Mao et une étude sur le Tibet.
Très attachée à la Chine - sa famille est l'une des plus anciennes du pays -, favorable au maoïsme, l'écrivain n'a cependant jamais adhéré au parti communiste et a rompu avec le régime de Pékin après la "révolution culturelle".
La politesse des contrôleurs
Elizabeth-Kuanghu Comber - c'est son nom pour l'état-civil - s'est remariée deux fois après la mort de son époux chinois: avec un sinologue anglais d'abord, puis avec un colonel et ingénieur indien domicilié à Lausanne, où elle résidait depuis de nombreuses années.
Bien que retournant fréquemment en Chine, elle est restée fidèle au Pays de Vaud, qui lui a inspiré l'un de ses romans, "La cité des sortilèges". Elle a volontiers comparé la courtoisie suisse à la courtoisie asiatique: elle s'est dit frappée par la politesse des contrôleurs CFF, qui disent "merci" à chaque voyageur présentant son billet de train. Ses funérailles sont prévues jeudi à Lausanne.
ats/pym