Une quarantaine d’institutions et d'associations se sont unies pour lancer ce pendant suisse du Printemps des poètes français, qui en est cette année à sa 18e édition. La volonté est de promouvoir un genre qui n'a plus guère la cote.
Un genre délaissé par les lecteurs
Au rayon poésie, les tirages sont faibles et les chiffres d'affaires anecdotiques. Les grandes maisons d'édition, à l'exception de Gallimard, ne publient plus de recueils et les lecteurs leur préfèrent les romans.
A Lausanne, la librairie Payot réserve tout de même encore aux vers une place de choix. "La poésie est une niche. Il y a très peu de best-sellers, d'ouvrages qui décollent. C'est vraiment des ouvrages qui s'écoulent à un, deux exemplaires. Un grand succès, c'est cinq ou dix", reconnaît Pierre-François Clavel, chef de service en littérature. Mais, précise-t-il, "c'est un genre qu'on aime défendre parce qu'il y a toujours des amateurs."
Pour séduire l'être aimé
Et la poésie connaît du reste un regain d'intérêt, notamment sur internet et les réseaux sociaux. Chez les jeunes, les vers sont prisés quand il s'agit de séduire l'être aimé. "Sur Facebook, les étudiants de toutes les universités du monde ont des sites dans lesquels ils écrivent des poèmes pour essayer d'avoir un rendez-vous avec quelqu'un qu'ils ont rencontré dans la journée", relève Antonio Rodriguez, président de ce premier Printemps de la poésie.
La poésie passe désormais par l'image
On trouve aussi sur la toile de nouveaux auteurs qui tentent de percer. "S'il désire une visibilité, le jeune poète va justement se lancer dans l'écriture peut-être en postant des lectures sur YouTube, ce qui est très fréquent aujourd'hui, et donc en passant aussi par l'image", poursuit Antonio Rodriguez. "Il ne va pas forcément attendre d'être dans une maison d'édition et de passer par le livre."
La poésie ne passe donc plus forcément par le livre aujourd'hui, et c'est peut-être sa force: les lectures publiques, voire les concerts de slam, permettent d'échanger autour de la langue. Dépoussiérée et réinventée par une génération en quête de sens et de partage, la poésie n'a pas dit son dernier mot.
Sophie Iselin/oang