Evita Koné a grandi un peu partout dans le monde. Sa maman est tchadienne, son papa afro-américain et suisse et travaille pour l'Unicef. Sa famille passe d'Europe en Afrique avec escale par les Caraïbes, jusqu'à leur retour en Suisse quand Evita souffle ses onze bougies. L'âge auquel elle commence à chanter, écrire et rapper, tout en prenant des cours de théâtre et de batterie.
Influencée par Erykah Badu ou encore Lauryn Hill, Evita Koné rejoint à 20 ans le groupe de hip-hop genevois Captains of the Imagination. En 2019 elle commence un projet avec le producteur romand Christophe Calpini, prévu pour 2020, mais le Covid passe par là. Un contretemps devenu opportunité pour fignoler le projet d'une chanteuse qui figure depuis l'automne dernier parmi les nouveaux talents soutenus par le Montreux Jazz Festival.
"Break" pour briser les barrières
Après deux ans d'attente, le premier projet solo d'Evita Koné voit le jour. Il s'intitule "Break", "cassé" en anglais. "L'idée, quand j'ai nommé ce projet, c'était vraiment de casser les vieux schémas, les mauvaises habitudes qui me freinaient, et briser les barrières", explique l'artiste à la RTS. Son inspiration a changé, l'univers se veut plus optimiste qu'à ses débuts. "C'est un projet que j'ai commencé en 2019 et naturellement, on change, on évolue avec le monde autour de nous. Ce projet, c'était le travail du changement et maintenant je vise des choses un peu plus positives", dit-elle.
Dans "Break" affleurent des ondes positives, mais aussi des revendications politiques, notamment concernant la condition féminine dans le morceau "Drums". "C'est vraiment un morceau que j'ai écrit pour dénoncer l'oppression des femmes, mais aussi des trans et des personnes non-binaires", précise Evita Koné.
Inspirée par les cultures de la résistance
Ses origines afro-américaines l'inspirent, car elles sont basées sur une culture très riche de la résistance, mais aussi sur une culture musicale faite notamment de luttes. Cette culture afro, pour Evita Koné, se retrouve aussi dans la diaspora africaine européenne, même si, elle l'admet, la culture afro-européenne est très différente de la culture afro-américaine. Evita Koné se revendique afro-féministe, un statut qui lui est parfois reproché dans le milieu du rap. "J'ai ressenti beaucoup de solitude au début de ma carrière. Je fais de plus en plus d'efforts pour ne plus ressentir ça et intégrer de plus en plus de femmes afro-descendantes suisses", explique la chanteuse.
Pour moi, "Drums" est ma chanson afro-féministe.
Pour "Break", Evita Koné travaille pour la première fois avec Christophe Calpini (qui a notamment oeuvré pour Alain Bashung et Erik Truffaz). Une collaboration assez spontanée pour laquelle producteur et chanteuse ont tout de même dû apprendre à parler un langage commun, même si leurs influences se rejoignent beaucoup.
Propos recueillis par Cecilia Mendoza
Adaptation web: Lara Donnet
Evita Koné, "Break" (Diapazona).
Evita Koné en concert au Groove, Genève, le 26 mai 2022; Montreux Jazz Festival, 8 juillet 2022.