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Nick Cave goûte un peu à la joie avec "Wild God", album d'un optimisme inédit

Le chanteur australien Nick Cave. [PIAS - Ian Allen]
Le chanteur australien Nick-Cave. - [PIAS - Ian Allen]
Nick Cave se métamorphose quelque peu en compagnie de son groupe les Bad Seeds dans "Wild God". Bien que marqué par les deuils, ce 18e album rempli de choeurs paru le 30 août irradie d'instants de joie et d'optimisme inédits au regard de son récent répertoire ténébreux.


S'il y a assurément de la joie, un optimisme inédit et une exaltation qui traversent "Wild God", la lumière n’est pas encore au bout du tunnel pour Nick Cave.

Cela constitue tout de même un sacré changement, ou un changement sacré, dans le répertoire du chanteur australien de 66 ans qui conserve une dimension spirituelle au coeur de son oeuvre et de sa vie. Une existence traversée par des deuils insoutenables et qui avait pris une teinte sombre, de douleur et de reconstruction.

Si "Wild God" est encore un disque hanté par les décès (de sa mère, d’un deuxième fils, de son ex-compagne Anita Lane, d'un ancien membre de son groupe The Bad Seeds), il s'avère paradoxalement plus léger, solaire, moins ténébreux que sa trilogie d’albums précédents marqués au fer rouge par le deuil.

Un Nick Cave plus apaisé

Aujourd'hui, la douleur comme le spirituel irradient différemment, avec un Nick Cave apparaissant plus apaisé que dévoré par le désespoir et le chagrin. L'icône punk-rock maudite semble tourner un peu la page. Comme dans ce "Joy" qui ressemble pourtant à une oraison funèbre, mais où il chante en demandant miséricorde: "Un fantôme avec des baskets géantes, des étoiles rieuses autour de la tête, ce garçon flamboyant dit: 'nous avons tous eu trop de chagrin, le temps de la joie est venu'".

Ce garçon fantôme, c'est Arthur, son fils. Il est mort à quinze ans en 2015 en chutant d'une falaise à côté de la maison familiale à Brighton, dans le sud de l'Angleterre. Une tragédie suivie sept ans plus tard par la mort à l'âge de 31 ans de Jethro, son fils aîné souffrant de schizophrénie.

Le souffle d'une joie presque retrouvée

Malgré les ténèbres, Nick Cave se montre ici en quête de lueurs d'espoir. Le chanteur-prédicateur se demande même qu'aurait pensé son fils de voir ses parents noyés de chagrin, et répond qu'ils vont bien aujourd'hui.

Ce souffle d'une joie presque retrouvée qui ne s'apparente pas encore au bonheur s'entend d'ailleurs par l'omniprésence d'un choeur, d'arrangements somptueux de cordes et d'une abondance de claviers soutenant un Nick Cave déclamant autant que chantant. On vacille entre rock progressif, gospels et oratorios et de rares mélodies au fil de dix chansons habitées et aux atmosphères très marquées.

Le rythme a repris le dessus par rapport aux morceaux précédents plus éthérés, contemplatifs et ténébreux nourris de couches de synthétiseurs. Le rock plus émotionnel que charrie "Wild God" est ainsi l'histoire d'une métamorphose en cours. La plénitude devra encore un peu attendre.

Sujet radio: Yves Zahno

Adaptation web: Olivier Horner

Nick Cave, "Wild God" (PIAS). Paru le 30 août 2024.

En concert au Hallenstadion, Zurich, le 22 octobre 2024.

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