L’année 1961 va être cruciale pour celui que l’on appellera bientôt un peu partout "The Genius". Ray Charles est avec sa formation en juillet au Festival d'Antibes et pendant quatre soirs, les caméras de Jean-Christophe Averty vont capturer l’essence musicale de ce chanteur en passe de devenir une superstar. Son "passeport" pour la France et pour la gloire sur le Vieux-Continent est pratiquement prêt. A tel point que trois mois plus tard, notre homme est de retour avec un big band pour une tournée européenne qui, par chance, s’arrêtera à Zurich le 18 octobre, avant deux concerts au Palais des congrès de Lyon le 19 et une série de représentations historiques au Palais des Sports de Paris.
Initialement prévu du 20 au 22, le séjour du grand orchestre de Ray Charles remporte un tel succès que le séjour va se prolonger jusqu’au 24 pour répondre à la demande du public. Tout cela dans une atmosphère particulièrement lourde à l’extérieur de la salle, puisque Paris est à feu et à sang en cette période de Guerre d’Algérie…
Le Palais des Sports est même le lieu de détention de milliers de manifestants jusqu’au matin même du premier concert. Mais "Brother Ray" bénéficie d’une telle cote d’amour naissante que les Algériens eux-mêmes enverront un message au promoteur du chanteur pour lui dire qu’il n’y aurait aucune explosion sur le trajet de son hôtel à la salle de concert, comme Ray le racontera plus tard dans son autobiographie, "Le Blues dans la peau". Et effectivement, contre toute attente et contrairement à pas mal d’artistes qui ont dû annuler toutes leurs représentations à cette période-là, le pianiste fut accueilli comme un roi!