Quelque 2000 civils ont été évacués lundi soir de la ville syrienne frontalière de Kobané, où les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) sont entrés après plusieurs jours de violents combats, a indiqué un journaliste kurde présent dans la ville. Trois quartiers sont désormais aux mains de l'organisation terroriste.
"Les responsables militaires (kurdes qui défendent la ville) ont demandé aux civils de quitter les lieux. Ils ont déclaré Kobané zone militaire", a souligné Mustafa Bali, le responsable du syndicat de la presse kurde à Kobané.
Drapeau noir
Les djihadistes de l'EI ont réussi dans la journée à hisser leur drapeau sur un bâtiment et sur une colline à l'est de la ville syrienne de Kobané, à quelques kilomètres de la frontière turque.
Un pavillon noir était visible lundi sur le toit d'un bâtiment de quatre étages proche des secteurs qui ont connu les combats les plus acharnés ces derniers jours. Un officier turc a déclaré qu'il s'agissait bien de celui de l'EI.
Au cours du week-end, des combats ont eu lieu aussi autour de la colline de Mistanour, au sud-ouest de la ville, dont l''EI a revendiqué la prise dimanche mais où des combats avaient toujours lieu lundi selon le Parti de l'union démocratique, la principale formation kurde de Syrie.
afp/pym/jvia
La carte:
Attentisme turc
Face à cette situation, la Turquie s'est pour l'instant contentée de renforcer sa frontière et n'a répondu à aucun tir, une passivité vigoureusement dénoncée par sa population kurde (de 15 à 20 millions), qui l'accuse de laisser faire les djihadistes.
L'offensive des djihadistes a fait selon l'OSDH des centaines de morts dans les deux camps depuis le 16 septembre, et poussé à la fuite quelque 300'000 habitants, dont 180'000 ont trouvé refuge en Turquie.
Appel à la solidarité
Face à la soudaine détérioration des positions kurdes dans la ville, le Parti démocratique populaire (HDP, prokurde) a appelé lundi soir tous les Kurdes de Turquie à descendre dans les rues du pays pour manifester leur solidarité avec la population de Kobané.
"La situation est très critique. Nous appelons notre peuple à occuper les rues, à dénoncer les attaques de l'EI et (...) la position de l'AKP (le Parti de la justice et du développement au pouvoir depuis 2002 en Turquie) envers Kobané", a déclaré le HDP dans un communiqué.