Les attentats sanglants ayant frappé depuis trois mois la Russie sont une conséquence de l'obsession de Moscou pour l'Ukraine, estiment plusieurs experts qui jugent que les autorités russes en sont venues à sous-estimer la menace islamiste.
Dimanche, des individus armés ont attaqué des églises orthodoxes et au moins une synagogue au Daguestan, une république à majorité musulmane du Caucase russe, faisant 20 morts, dont au moins 15 policiers et quatre civils. Cinq assaillants ont également été abattus, ont affirmé les autorités, sans indiquer si d'autres étaient en fuite. L'attaque n'a pas été revendiquée pour l'heure, mais rappelle le mode opératoire de groupes islamistes qui avaient déjà mené une insurrection meurtrière dans le Caucase russe dans les années 2000.
Une semaine plus tôt, des membres de l'organisation jihadiste Etat islamique (EI) avait été tués après avoir pris en otage deux agents pénitentiaires dans une prison de Rostov-sur-le-Don, dans le sud-ouest de la Russie.
Surtout, fin mars, l'EI a revendiqué le massacre commis au Crocus City Hall, une salle de concert de la banlieue de Moscou, qui a fait plus de 140 morts.
Ces attaques rappellent les heures sombres de la fin des années 1990 et du début des années 2000, lorsque les combats armés dans le Caucase et les attentats à Moscou se multipliaient, après la radicalisation islamiste du mouvement indépendantiste de Tchétchénie. Moscou était parvenu à étrangler peu à peu les groupes jihadistes du Caucase, en les combattant, non sans multiplier les exactions.
Mais cette focalisation sur le danger islamiste a peu à peu laissé place à l'obsession de Vladimir Poutine, héraut de la puissance russe, pour l'Ukraine, culminant avec l'invasion de février 2022. Désormais, l'armée, la police et les services de sécurité se dédient au combat contre les "saboteurs", "terroristes" et "traîtres" à la solde de Kiev.
"Le dysfonctionnement des autorités (russes) est évident, elles sont occupées par d'autres missions liées à 'l'opération militaire spéciale' (en Ukraine) et à l'Occident" présenté désormais comme l'ennemi existentiel, estime Grigori Chvedov, rédacteur en chef du média indépendant Kavkazski Ouziol, désigné "agent de l'étranger" en Russie.