La responsabilité du numéro deux bancaire suisse doit encore être établie, mais Credit Suisse devra répondre aux questions du Ministère public genevois, puisqu'elle est la principale banque dépositaire dans cette affaire. Jointe au téléphone jeudi, elle se refuse à tout commentaire pour le moment.
D'autres noms d'établissements apparaissent dans le dossier, mais Credit Suisse est d'autant plus citée que le gérant de fortune en question est un ancien employé de la banque. Il l'a quittée en 2008 pour créer sa propre société de tiers gérants à Genève, mais "aurait gardé des contacts privilégiés", selon plusieurs sources proches du dossier.
Mode opératoire complexe
La justice genevoise a été alertée par le MROS, le bureau de communication en matière de blanchiment. Faux dans les titres, abus de confiance ou encore escroquerie: voilà les soupçons qui pèsent sur ce gestionnaire d'origine turque dont la clientèle était majoritairement de la même origine.
L'homme a été entendu mercredi par le procureur en charge et a reconnu plusieurs actes, selon nos sources présentes durant l'audition. Seulement voilà, il se pourrait qu'il n'ait pas agi seul, car le mode opératoire paraît complexe et nécessiterait l'aide de complices. Reste à savoir s'il s'agit de ses collaborateurs au sein de sa société ou s'il faut chercher ailleurs.
Plus d'une centaine de lésés
A ce stade, tous les clients lésés ne sont pas encore connus et seraient plus d'une centaine. Le procureur va devoir prendre le temps de passer au peigne fin tous les comptes du gestionnaire.
Le début de cette escroquerie remonterait à 2012, soit au premier transfert de fonds douteux. Quant au montant de la perte provoquée par l'escroquerie, il avoisinerait les 200 millions de francs, mais là encore, ce chiffre n'est pas définitif.
Les auditions se poursuivent. Le principal intéressé sera à nouveau entendu la semaine prochaine.
Alexandra Lawi