Le souverain alaouite, vêtu d'un costume bleu foncé et
s'exprimant en arabe classique, n'a pas fait d'annonce
spectaculaire mais évoqué les réalisations des dix dernières
années.
Il a également invité le gouvernement du Premier ministre Abbas El
Fassi à redoubler d'efforts pour poursuivre les chantiers déjà
entrepris, en particulier dans l'éducation et le développement
social.
Appel à "la bonne gouvernance"
Mohammed VI a aussi insisté sur "la bonne gouvernance publique",
indispensable selon lui à "la consolidation d'un climat économique
propice à l'investissement et au développement".
Cette "bonne gouvernance" suppose "un effort de moralisation et de
protection des deniers publics contre toute forme de dilapidation
et de gaspillage", a-t-il souligné, ajoutant qu'il fallait
"combattre toutes les pratiques inhérentes à l'économie de rente et
les autres privilèges indus".
Dans son discours, enregistré mercredi à Al Hoceima, une localité
de la côte méditerranéenne à environ 300 km dans l'est de Tanger,
le roi a également évoqué la nécessité d'une "réforme profonde de
la justice". Il s'est engagé à "entretenir prochainement" les
Marocains sur cette réforme "après avoir reçu les conclusions des
larges consultations engagées à ce propos".
La ferveur d'une nation
Depuis plusieurs jours déjà, le pays est saisi d'une ferveur
populaire tous azimuts qui se manifeste par des concerts organisés
dans toutes les localités du royaume, envahi de drapeaux marocains
et de banderoles à la gloire du souverain.
Shows aériens, émission de pièces de collection en argent et de
timbres-poste célébrant l'événement, numéros spéciaux des journaux,
fantasias: la fête du roi est omniprésente.
La presse quotidienne n'est pas en reste et, à l'exception de
quelques rares titres indépendants, les journaux (y compris ceux de
partis politiques) rivalisaient de dithyrambes et de
louanges.
Le quotidien Le Matin, proche du palais, a publié une édition
spéciale avec, en dernière page, un arbre généalogique de la
dynastie alaouite, initiée avec Moulay Rachid (1666-1672).
agences/sbo
Grande cérémonie vendredi à Tétouan
Le lendemain, le souverain, monté sur le trône alaouite à la mort de son père Hassan II le 23 juillet 1999 à l'âge de 35 ans, accomplira la prière du vendredi à la mosquée Hassan II de Tétouan (nord).
Après la prière d'Al Asr (celle de l'après-midi), le roi présidera la bey'a au palais royal de Tétouan. Tout ce que le royaume compte de dignitaires et de personnalités civiles feront acte d'allégeance au souverain, comme chaque année, mais avec peut-être un peu plus de solennité en ce dixième anniversaire du règne.
La cérémonie d'allégeance -moment fort de cette Fête du Trône sera retransmise en direct, exclusivement par la SNRT (Société nationale de radio-télévision). Les photographes du palais immortaliseront l'événement.
Seul ce jeudi 7 Chaâbanne 1430 de l'Hégire est férié au Maroc, mais avec la bey'a et le week-end qui suit dans la foulée, les quelque 31,5 millions de Marocains vont vivre quatre jours de fête quasi-ininterrompue.
Quelque 25'000 détenus graciés
Le roi Mohammed VI a accordé mercredi, à la veille de la commémoration de son intronisation, sa grâce à 24'865 détenus, commuant 32 condamnations à mort en peines à perpétuité, a annoncé le ministère de la Justice.
Le souverain accorde traditionnellement sa grâce à plusieurs centaines, voire milliers, de détenus à l'occasion de la Fête du Trône.
Cette année, sur la base de "considérations humanitaires visant à assurer la réinsertion des détenus dans la société", le roi a notamment gracié 517 "femmes enceintes ou accompagnées d'enfants" et 137 mineurs, selon un communiqué du ministère.
Mohammed VI a en outre accordé sa grâce à 659 détenus "de différentes nationalités, condamnés pour crimes et délits" et ordonné que soient commuées en peines à perpétuité les peines capitales de 32 personnes.
Les tribunaux continuent à prononcer des condamnations à mort mais elles ne sont plus appliquées depuis 1994. Quatre-vingt-trois autres condamnés à la perpétuité ont eu une réduction de peine.