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France: l’extrême droite aux portes de la Suisse?

Elections législatives française 2024: affiches de campagne dans le Haut-Doubs [RTS - Cédric Guigon]
Elections législatives française 2024, affiches de campagne dans le Haut-Doubs - [RTS - Cédric Guigon]
Neuf communes sur dix ont voté pour le Rassemblement national (RN) aux élections européennes. Jamais la France n’a connu un tel plébiscite pour l’extrême droite. À quelques jours des législatives, quelles sont les chances du RN de prendre le pouvoir? Le magazine 15 Minutes a suivi la campagne dans le Haut-Doubs, en France voisine.

"La droite et la gauche sont venus et s'en sont mis plein les poches alors qu'ils n'en ont rien à foutre de nous. Alors pourquoi pas changer? ". Cet électeur du Rassemblement national ne se laissera pas convaincre par les partis traditionnels. Comme 28% des votants de Pontarlier, il a voté RN lors des élections européennes.

>> Ecouter le reportage de 15 Minutes :

VIGNETTE 15MIN Élection France [RTS - Cédric Guigon]RTS - Cédric Guigon
France: l'extrême-droite aux portes de la Suisse? / 15 minutes / 14 min. / le 28 juin 2024

28% à Pontarlier, 40% à Frasne pour le RN

Quelques kilomètres plus loin, sur la ligne du TGV Lyria, à Frasne, le vote RN a même atteint 40%. "Dans notre village, les gens sont plutôt modérés", explique le maire Philippe Alpy, membre du parti Horizons (centre droit), "mais on vit actuellement un renversement significatif des populations sur notre territoire, du fait de la proximité et de l'attrait de la Suisse. Beaucoup de gens du nord et du sud de la France s'installent ici. Ils travaillent souvent dans les métiers de la sécurité, ont peu fait d'études supérieures. On ne maîtrise pas trop cet électorat-là et les extrêmes montent.

La candidate RN Florianne Jeandenand et son suppléant William Victor, dans le Haut-Doubs (25) [RTS - Cédric Guigon]
La candidate RN Florianne Jeandenand et son suppléant William Victor, dans le Haut-Doubs (25) [RTS - Cédric Guigon]

Historiquement, la région du Haut-Doubs vote pour la droite dite traditionnelle. La députée sortante et candidate Les Républicains, Annie Genevard, est la favorite du scrutin. Pour le RN, l'objectif est de la pousser vers un second tour. C'est l'ancienne policière Florianne Jeandenand qui porte les couleurs du RN. Pour elle, le rétablissement de l'ordre, la sécurité et la question de l'immigration sont des points essentiels du programme: "On vit en France, donc si on vient ici, il faut adopter notre culture. Ceux qui viennent et profitent uniquement des aides, non, on n'est pas d'accord."

Le défi de la gauche

Matthieu Cassez, candidat du Front populaire dans le Haut-Doubs (25), avec Stéphanie Prevalet et Kaina Auray, militantes. [RTS - Cédric Guigon]
Matthieu Cassez, candidat du Front populaire dans le Haut-Doubs (25), avec Stéphanie Prevalet et Kaina Auray, militantes. [RTS - Cédric Guigon]

Au marché de Pontarlier, les militants de l'alliance de gauche tentent de faire barrage. "Il y a eu un effet de sidération le soir des européennes", raconte le candidat du Nouveau Front populaire, Matthieu Cassez. Depuis, cet ingénieur agronome tracte sans relâche et tente de convaincre le plus grand nombre, mais il doit composer avec un leader clivant. "J'aurais voté pour le Front populaire s'il n'y avait pas Mélenchon", assène un habitant "Il se prend pour Fidel Castro. Entre lui, Bardella et Le Pen, il n'y a aucune différence, ce sont tous des dictateurs."

Et le candidat le reconnaît: "Il y a eu des maladresses, des coups de colère inappropriés et c'est un répulsif ici en milieu rural."

Alors que le premier tour des élections approche à grands pas, un sondage de l'institut Ipsos donne le RN gagnant, mais sans majorité, avec 31,5% des intentions de vote. Pour la militante de gauche Kaina Auray, une victoire totale de l'extrême droite serait sans appel: "Si le Rassemblement national l'emporte avec la majorité absolue et entre à Matignon? Je me tire! Je viens chez vous en Suisse."

>> Le blues des macronistes à la veille des élections législatives en France, dans le 12h30 :

Macron pouvait payer très cher sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale immédiatement après l'annonce d'une percée électorale du RN. [Keystone/EPA - Olivier Matthys]Keystone/EPA - Olivier Matthys
Le blues des macronistes à la veille des élections législatives en France / Le 12h30 / 1 min. / le 29 juin 2024

Cédric Guigon et Joëlle Cachin

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