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Le Conseil de l'Europe alerte sur les actes racistes, xénophobes et antisémites

Le 25 avril, le Défenseur des droits a co-organisé avec la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI) un séminaire intitulé "Prévention et lutte contre le racisme, l'intolérance et les discriminations en France" (image d'illustration). [@ECRI_CoE - X]
Le Conseil de l'Europe alerte sur les actes anti-immigrés / Le Journal horaire / 27 sec. / le 20 juin 2024
Le Conseil de l'Europe s'inquiète de la montée des discours hostiles envers les réfugiés et les musulmans, ainsi que d'une recrudescence de l'antisémitisme. Il appelle politiques et médias à davantage d'"autorégulation" pour ne pas franchir "des lignes rouges".

"Nous avons constaté de nombreux cas de discours public utilisant la menace d'une soi-disant islamisation des sociétés européennes à des fins purement électorales", a déclaré le président de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (Ecri), le Suisse Bertil Cottier, professeur émérite de droit à l'Université de Lausanne.

"Le risque est particulièrement élevé en période de campagne électorale. L'autorégulation des responsables politiques et des médias est essentielle, et ils doivent rendre des comptes quand les lignes rouges sont franchies", a-t-il insisté.

Différence de traitement envers les différents réfugiés

Dans son rapport annuel publié jeudi, cet organe du Conseil de l'Europe s'inquiète d'abord des discours "hostiles" de responsables politiques envers les réfugiés. Les auteurs regrettent notamment les "différences significatives observées" dans la qualité de l'accueil, soulignant par exemple les "efforts remarquables déployés" pour accueillir les personnes déplacées d'Ukraine.

"Certains Etats ont continué de restreindre l'accès à l'asile des personnes non européennes", souligne l'institution, rappelant que "toutes les personnes déplacées par la guerre et d'autres situations d'urgence devraient se voir proposer rapidement une protection".

La guerre à Gaza attise les haines

L'Ecri rappelle aussi que depuis le début de la guerre menée par Israël à Gaza, plusieurs pays européens ont été confrontés à une "montée en flèche de l'antisémitisme", mais aussi d'une "sensible augmentation" des incidents "motivés par la haine à l'encontre des musulmans".

Le texte rappelle que "si les critiques dirigées contre Israël ne sauraient être considérées comme antisémites en soi, l'appel au meurtre de personnes juives l'est", déplorant que des groupes extrémistes instrumentalisent "une fois de plus le regain de violence au Proche-Orient pour répandre la haine envers les personnes juives".

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Il est toutefois "encourageant de noter que depuis le 7 octobre, de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement ont publiquement manifesté leur solidarité avec les communautés juives d'Europe".

Musulmans stigmatisés par certaines politiques

À l'inverse, "les personnes portant des symboles religieux visibles ou des vêtements traditionnels ont parfois été présentées comme étant associées au terrorisme ou à l'extrémisme", note le rapport. "Tel est notamment le cas des écolières musulmanes dans certains pays."

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L'instance européenne estime aussi que "la mise en œuvre de lois ou de politiques antiterroristes ou anti-extrémistes a continué d'avoir des effets négatifs sur les personnes musulmanes, ou perçues comme telles". Elle déplore enfin que des "patients musulmans" aient fait l'objet de discrimination "dans leur accès à des soins de santé".

afp/jop

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Le Conseil de l'Europe, organisation-mère de la CEDH

Le Conseil de l'Europe est une organisation intergouvernementale siégeant à Strasbourg et réunissant les 46 Etats signataires de la Convention européenne de sauvegarde des droits humains, ratifiée par la Suisse en 1974. Ses différents organes veillent à l'application de ces droits sur le continent.

Ses activités ont abouti à l'élaboration d'un large éventail de normes, chartes et conventions destinées à faciliter la coopération entre les pays membres du Conseil et à renforcer la construction européenne, dans le but également de "favoriser le progrès économique et social".

La Convention européenne des droits humains ainsi que la Cour européenne des droits humains (CEDH) qui l'applique constituent les chevilles ouvrières du Conseil. C'est auprès de cette Cour que tous les individus - ressortissants ou non des États parties à la Convention - peuvent introduire des requêtes s'ils estiment qu'un Etat-membre a enfreint leurs droits.