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Le Royaume-Uni prend des mesures pour lutter contre le fléau des attaques au couteau

Le gouvernement et la société civile britanniques veulent réduire les homicides au couteau. [Keystone/Pool Photo via AP - Ian Vogler]
Le gouvernement britannique veut réduire de moitié le fléau des attaques au couteau envers les jeunes / Le 12h30 / 2 min. / aujourd'hui à 12:40
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a promis de lutter contre la vente en ligne de couteaux facilement accessibles aux jeunes et qui font des dizaines de victimes chaque année. Les machettes et les couteaux de style "zombie" seront en outre interdits.

Le gouvernement britannique veut réduire de moitié les attaques au couteau dans les dix ans à venir. Dès le 24 septembre, il sera donc interdit outre-Manche de détenir ou de vendre des machettes ou des couteaux zombies, ces armes à double tranchant à la lame incurvée. Celles et ceux qui en possèdent ont jusqu’à cette date pour les déposer de manière anonyme à la police.

Les autorités britanniques veulent désormais "combler les lacunes" sur la vente en ligne de ces armes et durcir les sanctions pour ceux qui les possèdent. Des machettes aux couteaux inspirés par la culture des gangs, ces armes sont "trop facilement accessibles en ligne ou par la poste", a dénoncé le Premier ministre Keir Starmer.

Des auteurs toujours plus jeunes

Les crimes au couteau ont progressé de 80% au Royaume-Uni depuis 2015. Quelque 50'000 incidents ont été recensés l’an dernier et près de 250 personnes sont mortes entre juillet 2022 et juin 2023 en Angleterre et au Pays de Galles, selon l'Office national des statistiques.

>> Lire aussi : Un adolescent inculpé pour meurtre dans l'attaque au couteau survenue dans le nord de l'Angleterre

"Nous voyons de plus en plus d’attaques au quotidien", a affirmé lundi dans le 12h30 de la RTS l'éducateur à Islington Tyler Clansy. Selon lui, si les auteurs de ces attaques sont toujours plus jeunes, c'est parce que les adolescents "ont peur d’être dans la rue".

"La plupart du temps, les jeunes qui portent un couteau sur eux le font en pensant qu’ils seront plus en sécurité, pas parce qu’ils veulent s’en servir", dit-il. "Mais cela représente un énorme danger pour eux, et la seule réponse à leur donner est de ne pas porter de couteau".

Miser sur la prévention

A Londres, là où le nombre d'agressions à l’arme blanche est le plus élevé, une organisation mise sur la prévention pour lutter contre ce fléau. A la bibliothèque Finsbury du quartier d’Islington, une exposition permanente retrace la vie de Ben Kinsella, un Londonien de 16 ans assassiné sans raison ni provocation en 2008.

"Cette exposition a été un peu conçue sur le modèle de la maison Anne Frank, mais pour les crimes au couteau", explique Patrick Green, le directeur de la fondation Ben Kinsella. "Nous voulons que les jeunes visiteurs puissent s’identifier aux victimes d’attaques aux couteaux".

L'espace "La chambre de Ben" de l'exposition permanente de la fondation Ben Kinsella retrace la vie du jeune Londonien pour apprendre à mieux le connaître. [Fondation Ben Kinsella]
L'espace "La chambre de Ben" de l'exposition permanente de la fondation Ben Kinsella retrace la vie du jeune Londonien pour apprendre à mieux le connaître. [Fondation Ben Kinsella]

S'attaquer aux causes

Les années d’austérité après la crise financière sont largement tenues responsables de cette augmentation alarmante. La pauvreté, le manque d'opportunités et les coupes dans les budgets des services de la jeunesse et de police ont exacerbé les comportements criminels, tout comme les réseaux sociaux, selon Patrick Green.

"Si vous regardez un contenu violent sur les réseaux sociaux, les algorithmes vont répéter la diffusion de ce contenu et chercher d’autres contenus violents", souligne le directeur de la fondation Ben Kinsella. "Cela normalise la violence et désensibilise les jeunes".

Pour Patrick Green, si l’interdiction des couteaux zombies et machettes va dans la bonne direction, il faut surtout un meilleur encadrement des jeunes, livrés à eux-mêmes et sans perspectives. L'appel a été entendu par le gouvernement. Le 9 septembre dernier, Keir Starmer a annoncé, en compagnie de l'acteur Idris Elba, la création d’une task force pour s’attaquer aux causes de cette criminalité.

Cette coalition associera la police et les services du ministère de l'Intérieur à des associations spécialisées, des familles de victimes et les services de la jeunesse et du sport, ainsi qu'aux entreprises technologiques qui gèrent les réseaux sociaux.

Sujet radio: Catherine Ilic

Adaptation web: edel avec afp

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