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Moscou et l'Occident s'entendent sur un vaste échange de prisonniers, dont le journaliste Evan Gershkovich

Un important échange de prisonniers entre la Russie, les États-Unis et ses alliés occidentaux a eu lieu en Turquie. [Keystone/EPA - STR]
Un échange de prisonniers entre Moscou et l’Occident, le plus important depuis la fin de la Guerre froide / Forum / 2 min. / hier à 18:06
La Russie et les Occidentaux procèdent en Turquie à un échange d'une vingtaine de prisonniers, dont le journaliste américain du Wall Street Journal Evan Gershkovich, a annoncé jeudi la présidence turque, l'une des opérations de ce type les plus importantes depuis la Guerre froide.

Les services de renseignements turcs ont "mené à Ankara l'opération d'échange de prisonniers la plus importante de ces derniers temps, qui a impliqué l'échange de 26 personnes provenant des prisons de sept pays différents (États-Unis, Allemagne, Pologne, Slovénie, Norvège, Russie et Biélorussie)", selon un communiqué de la présidence turque.

Plus tôt, des télévisions américaines avaient révélé cet accord entre la Russie, les Etats-Unis et plusieurs pays européens, concernant le journaliste Gershkovich détenu en Russie depuis mars 2023 ainsi que l'ex-Marine Paul Whelan.

Le journaliste américain Evan Gershkovich va être libéré grâce à un accord entre la Russie et l'Occident. [REUTERS - Dmitry Chasovitin]
Le journaliste américain Evan Gershkovich va être libéré grâce à un accord entre la Russie et l'Occident. [REUTERS - Dmitry Chasovitin]

Sept avions

En échange, l'agent russe présumé Vadim Krassikov a été remis à la Russie, selon la présidence turque. Il était emprisonné en Allemagne pour l'assassinat d'un ex-commandant séparatiste tchétchène à Berlin.

"Dix prisonniers, dont deux mineurs, ont été transférés en Russie, treize en Allemagne et trois aux États-Unis", a précisé la même source.

Ils ont été transportés en Turquie par sept avions. L'AFP a assisté à l'atterrissage de deux appareils, un aux couleurs de la Russie, l'autre de type Falcon, sur l'aéroport civil d'Ankara peu avant 13H30 GMT.

Le président russe Vladimir Poutine a gracié officiellement 13 personnes condamnées en Russie et libérés jeudi dans le cadre de cet échange de prisonniers.

Oleg Orlov et Vladimir Kara-Mourza libérés

Dans un communiqué, le Kremlin a remercié les gouvernements étrangers ayant contribué à l'échange et indiqué que Vladimir Poutine avait signé les décrets graciant Evan Gershkovich, Paul Whelan, les opposants russes Oleg Orlov, Vladimir Kara-Mourza et Ilia Iachine; Lilia Tchanycheva, Ksenia Fadeïeva, deux collaboratrices de l'adversaire numéro un du Kremlin, Alexeï Navalny, mort en prison en février; Vadim Ostanine, allié d'Alexeï Navalny; l'artiste Alexandra Skotchilenko, condamnée à sept ans pour avoir remplacé des étiquettes de prix de supermarchés par des messages dénonçant l'offensive contre l'Ukraine; le jeune russo-allemand Kevin Lik; la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva; le militant russe Andreï Pivovarov; le politologue russo-allemand Demouri (Dieter) Voronine.

L'opposant russe Vladimir Kara-Mourza dans une cage en verre à l'annonce du verdict en appel au tribunal municipal de Moscou en juillet 2023. [Dmitry Serebryakov]
L'opposant russe Vladimir Kara-Mourza dans une cage en verre à l'annonce du verdict en appel au tribunal municipal de Moscou en juillet 2023. [Dmitry Serebryakov]

Premier échange depuis 2022

Il s'agit du premier échange entre Moscou et les Occidentaux depuis la libération fin 2022 de la joueuse américaine de basket Brittney Griner détenue en Russie pour une affaire de stupéfiants contre celle du célèbre trafiquant d'armes russe Viktor Bout, emprisonné aux Etats-Unis.

Un précédent échange en 2010 avait vu la libération de 14 espions, dont les Russes Anna Chapman condamnée aux Etats-Unis et Sergueï Skripal, agent double emprisonné en Russie.

Pressions de Washington

Les États-Unis ont fait pression sur Moscou pour obtenir la libération d'Evan Gershkovich arrêté en mars 2023 et condamné le 19 juillet dernier en Russie à 16 ans de prison à l'issue d'un procès expéditif pour "espionnage", une accusation jamais étayée.

Le journaliste, sa famille, ses proches ainsi que la Maison Blanche n'ont eu de cesse de dénoncer une affaire montée de toutes pièces. Evan Gershkovich, ancien collaborateur de l'AFP, 32 ans, avait été arrêté alors qu'il était en reportage à Ekaterinbourg (Oural).

"Nous sommes immensément soulagés d'apprendre que le calvaire d'Evan Gershkovich, qui a duré 16 mois, devrait enfin prendre fin", a réagi l'ONG Reporters sans frontières, disant espérer avec impatience "son retour sain et sauf aux Etats-Unis".

Même avion que pour Brittney Griner

Washington a également oeuvré pour obtenir la libération d'autres de ses ressortissants dont Paul Whelan, 54 ans, qui a également les nationalités britannique, irlandaise et canadienne et a été condamné en 2018 pour "espionnage", des accusations qu'il rejette.

Comme d'autres prisonniers, Paul Whelan avait récemment "disparu" du système carcéral russe, ce qui a alimenté les spéculations sur un accord imminent entre Moscou et des pays occidentaux.

Un avion précédemment utilisé pour l'échange de Brittney Griner et Viktor Bout avait quitté jeudi matin Moscou pour l'enclave russe de Kaliningrad avant de repartir vers la Russie en fin de matinée, selon le service de suivi des vols Flightradar24.

agences/juma

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L'Otan salue la "collaboration entre alliés" 

L'Otan a salué jeudi la libération de prisonniers par la Russie dans le cadre d'un important échange avec des pays occidentaux, assurant que l'accord avait été négocié par des membres de l'Alliance.

"Nous saluons la libération aujourd'hui de Russie de plusieurs prisonniers. L'accord qui a abouti à leur libération a été négocié par la collaboration de plusieurs alliés de l'Otan", a expliqué une porte-parole, Farah Dakhlallah.

Kamala Harris a appelé l'opposante Navalnaïa après l'échange de prisonniers

La vice-présidente américaine Kamala Harris a appelé jeudi l'opposante russe Ioulia Navalnaïa, veuve de l'ex-ennemi N°1 du Kremlin, Alexeï Navalny, après l'important échange de prisonniers entre Moscou et les Occidentaux.

Mme Harris a exprimé "son soutien" et salué "la contribution au combat pour une Russie démocratique" d'Alexeï Navalny et de son épouse, a indiqué sur X la porte-parole de Ioulia Navalnaïa. La Maison Blanche a confirmé jeudi avoir tenté de libérer l'opposant, mort en février en prison en Russie.