Dimanche après-midi, deux cadavres ont été localisés par des plongeurs à l'arrière de la partie immergée du navire qui gît sur un flanc, incliné à 90 degrés, ont précisé les garde-côtes. Les deux personnes sont l'une de nationalité italienne et l'autre espagnole, a rapporté l'agence Ansa.
Le matin, trois rescapés - un couple de Sud-Coréens et un membre italien de l'équipage - ont été sortis du Costa Concordia, un jour et demi après le naufrage du paquebot en Toscane. Les recherches se poursuivent pour retrouver 15 disparus.
Un couple de jeunes mariés sud-coréens en voyage de noce a été sauvé dans la nuit de samedi à dimanche de l'épave du Costa Concordia, qui a fait naufrage vendredi soir dans le sud de la Toscane. Les deux tourtereaux, tous deux âgés de 29 ans, ont passé 24 heures coincés dans leur cabine.
Le troisième rescapé est un Italien membre de l'équipage, a indiqué la capitainerie du port de Santo Stefano. Selon les médias italiens, il aurait un membre cassé. Il a été sorti de l'épave grâce à un hélicoptère.
De nombreux Philippins
En plus des deux personnes retrouvées, l'accident avait déjà fait trois morts, deux touristes français et un Péruvien membre de l'équipage. Selon un nouveau recoupement, 15 personnes manquent encore à l'appel, des touristes et des membres d'équipage. Ce chiffre provient de la confrontation des listes de l'armateur, parlant de 4229 passagers et membres d'équipage, et de celles des sauveteurs.
Les Philippines paient un lourd tribut dans cet accident maritime. Manille a indiqué que 300 Philippins travaillaient à bord du paquebot, sur un équipage d'un millier d'hommes, et que 21 d'entre eux avaient été blessés.
Pas de risque de pollution
Le bilan comprend aussi une soixantaine de blessés, dont deux dans un état grave, une femme souffrant d'un traumatisme crânien et un homme pour un traumatisme à la colonne vertébrale.
Selon des sources sanitaires, la plupart des blessés ont eu des mains, bras ou jambes cassés et souffrent d'hypothermie après leur séjour dans l'eau glacée. Les pompiers ont indiqué qu'ils avaient "sorti 100 personnes de l'eau et sauvé environ 60 autres qui étaient piégées sur le bateau".
Toute la journée, sauveteurs et plongeurs, à la recherche de survivants, ont inspecté les parties émergées et immergées du navire, couché sur le flanc avec une brèche énorme longue de 70 à 100 mètres, incliné à 80 degrés, et à moitié sous l'eau.
Les pompiers craignent que le navire échoué sur les rochers ne glisse vers le large, où il pourrait couler par 100 mètres de fond. Un responsable du ministère de l'Environnement a écarté tout risque de pollution, affirmant que "c'est un navire neuf, à double fond".
Commandant de bord arrêté
Le Costa Concordia, parti de Civitavecchia vers 19h00 vendredi, effectuait une croisière en Méditerranée. Il transportait 4229 personnes dont plus de 3000 touristes, en particulier 989 Italiens, 569 Allemands, 462 Français, 177 Espagnols, 129 Américains et 69 Suisses. Au moment de l'accident, les passagers étaient en train de dîner ou pour certains déjà au lit.
L'accident s'est produit vendredi soir près de l'île du Giglio. Le commandant du navire "s'est approché de manière très maladroite de l'île, a heurté un rocher qui s'est encastré dans son flanc gauche, faisant s'incliner le navire et embarquer énormément d'eau en l'espace de deux, trois minutes", a indiqué le procureur de Grosseto.
Le commandant du bateau s'était auparavant défendu en affirmant avoir "heurté un éperon rocheux" qui ne figurait pas sur les cartes nautiques, une hypothèse exclue par les garde-côtes. Il a été arrêté, de même que son second. Les deux responsables sont accusés notamment d'homicides multiples et d'abandon du navire. Selon le procureur, ils auraient quitté le paquebot avant les derniers passagers.
Scènes d'apocalypse
Plusieurs passagers ont décrit des "scènes d'apocalypse" et de "panique" suite au naufrage avec des bousculades entre passagers cherchant à monter sur les chaloupes, au milieu de cris et pleurs de la cinquantaine d'enfants et des nombreux retraités participant à la croisière. Certains ont dénoncé l'impréparation de l'équipage.
La capitainerie du port de Livourne, le plus important de Toscane, a ouvert une enquête sur les causes de l'accident et sur la façon dont les passagers ont été secourus. Les "boîtes noires" du navire (enregistrement des conversations) ont été récupérées et saisies par la justice.
agences/dk/rber
LE COSTA CONCORDIA, UN VERITABLE PALACE FLOTTANT
Le navire de croisière Concordia, qui a fait naufrage vendredi soir, était le fleuron de l'armateur italien Costa, qui avait fait de ce palace flottant long comme trois terrains de football un temple consacré au divertissement et au bien-être.
Tout comme le Titanic à son époque, le Concordia accumulait à lui seul tous les superlatifs. Navire amiral de la flotte Costa depuis son lancement en 2006, ce tour de force des chantiers navals italiens Fincantieri était le plus grand navire jamais construit en Italie : 290 mètres de longueur pour 38 de large.
Pour manoeuvrer et entretenir ce géant des mers comptant treize ponts, pas moins de 1068 membres d'équipage étaient nécessaires, ce qui en faisait une ville flottante pouvant accueillir jusqu'à 3780 passagers. Ceux-ci étaient répartis dans 1500 cabines, dont 505 avec balcon privé, auxquelles venaient s'ajouter 70 luxueuses suites.
Pour nourrir tout ce petit monde, cinq restaurants, dont le très exclusif "Club Concordia" où les tables n'étaient disponibles que sur réservation : la clientèle visée était haut de gamme. A l'heure de l'apéritif ou du digestif, le passager avait le choix entre treize bars thématiques aux noms évocateurs : "Cognac et cigare" ou encore "Café et chocolat".
Un navire "maudit"
Mais c'est avant tout par ses services consacrés au "bien-être" que le Concordia s'était distingué dès ses débuts : cinq jacuzzis, quatre piscines dont deux avec toiture de verre amovible, terrain de sport multi-activités, parcours de jogging en plein air, ... Cerise sur le gâteau : le Samsara Spa, présenté officiellement comme le plus grand centre de soins et de remise en forme à bord d'un navire.
Une fois reposés, les passagers pouvaient se rendre au théâtre aménagé sur trois étages, ou, pour les plus joueurs, au casino, sans oublier la discothèque où étaient organisées des soirées thématiques dignes de "La croisière s'amuse". Pour les plus sérieux, le Concordia disposait d'une bibliothèque, tandis que les accros du shopping pouvaient s'adonner à leur passe-temps favori dans des dizaines de boutiques.
Toutefois, dans les milieux souvent superstitieux des marins italiens, ce palace flottant avait la réputation d'être "la maudite". Son baptême s'était en effet déroulé en 2005 sous de mauvais augures : la bouteille de champagne lancée en direction de sa coque ne s'était pas cassée.
Le Concordia avait en outre enregistré un premier accident en 2008 à Palerme. A son entrée dans le port, lors d'une brusque tempête, il avait été déporté par de grosses vagues. Un choc avait provoqué une vaste fissure entre sa proue et son flanc droit, qui n'avait eu cependant aucune conséquence pour les passagers et l'équipage.
Deux blessés légers parmi les Suisses
Selon les derniers chiffres disponibles du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), 61 personnes des 69 ressortissants suisses ont été localisés.
Deux de ces personnes ont été légèrement blessées, a indiqué dimanche le DFAE, qui cherche toujours à localiser les 8 passagers helvétiques restants. Il n'a pas d'informations selon lesquelles des Suisses se trouveraient parmi les personnes disparues, ajoute le DFAE.
Le commandant "a commis des erreurs" selon la société de croisière
La société de croisière Costa Crociere, propriétaire du Costa Concordia, a reconnu que le commandant du navire avait "commis des erreurs de jugement" et n'avait "pas suivi les procédures" prévues en situation d'urgence.
"La justice, avec laquelle Costa Crociere collabore, a ordonné l'arrestation du commandant, contre lequel pèsent de graves accusations", rappelle la compagnie dans un communiqué transmis à la presse.
"Il semble que le commandant ait commis des erreurs de jugements qui ont eu de graves conséquences" et que "ses décisions dans la gestion de l'urgence n'aient pas suivi les procédures de Costa Crociere qui sont en ligne avec les standards internationaux", poursuit la compagnie.
De nombreux survivants ont raconté des "scènes d'apocalypse" et de "panique" avec des bousculades entre touristes cherchant à monter sur les chaloupes, au milieu des cris et des pleurs, tandis que les membres d'équipage, dont certains ne parlaient ni italien ni anglais, n'arrivaient pas à faire descendre les chaloupes. Ils accusent également le commandement d'avoir mis une heure à donner l'alerte après le choc.