La messe du souverain pontife mercredi à la Havane: sous un soleil ardent, les fidèles, auxquels se mêlaient des athées communistes et des adeptes des rites afro-cubains de la santeria, ont prié et écouté le pape âgé de 84 ans.
BenoîtXVI semblait fatigué à l'issue d'un périple de six jours qui l'a mené au Mexique et à Cuba, son premier voyage en Amérique hispanophone.
La foule avait commencé dès la nuit précédente à se rassembler sur la place, là-même où Fidel Castro avait l'habitude de prononcer des harangues de plusieurs heures.
Sermon pour davantage d'ouverture
Entouré d'immenses portraits des héros de la révolution, notamment le Che, le souverain pontife a lu un sermon pour que Cuba construise une société plus ouverte, fondée sur la vérité, la justice et la réconciliation.
S'en prenant manifestement au marxisme, il a estimé que certains "interprètent à mauvais escient cette quête de vérité, ce qui les mène à l'irrationnel et au fanatisme; ils s'enferment dans 'leur vérité' et cherchent à l'imposer aux autres", a-t-il expliqué.
La messe a eu lieu en présence du président cubain Raul Castro, assis au premier rang. Le cardinal et archevêque de La Havane Jaime Ortega avait auparavant lancé un appel "pour la paix et la réconciliation" dans le pays.
Rencontre avec Fidel
Le pape Benoît XVI a reçu à sa demande le père de la révolution cubaine, l'ancien président Fidel Castro, mercredi à La Havane. Il s'agit de la première entrevue entre le "Lider Maximo", âgé de 85 ans, et le pape allemand, âgé de 84 ans. Fidel Castro avait rencontré par deux fois Jean Paul II, en 1996 au Vatican, puis lors d'une visite historique de celui-ci à Cuba, en 1998.
Le père de la Révolution cubaine Fidel Castro a eu "une conversation très animée" avec le pape Benoît XVI, a indiqué le porte-parole du Saint-Siège Federico Lombardi. "J'ai appris de la bouche du pape comment cela s'était passé. Il s'est agi d'une conversation très animée, d'un véritable échange d'arguments", a expliqué aux journalistes le père Lombardi à propos de la rencontre de trente minutes entre les deux hommes.
Federico Lombardi a souligné que le "Lider Maximo", ancien élève des jésuites, menait désormais "une existence consacrée à la réflexion culturelle sur le monde d'aujourd'hui". "Il a interrogé le pape sur trois questions. La première a été celle des changements liturgiques à la messe. Le pape lui a alors expliqué le sens de cette rénovation", selon le père Lombardi.
"Puis, Fidel Castro a demandé: que fait un pape, quelles sont sa mission et son service ?" "Enfin la troisième question abordée a été sur la difficulté des temps d'aujourd'hui". Le père Lombardi a cité "la science en difficulté" et la difficulté des religions à répondre aux "défis" de la modernité.
ats/pym