Près de 200 personnes ont été blessées mercredi au deuxième jour de violences entre manifestants et forces de l'ordre tunisiennes à Siliana, ville déshéritée au sud-ouest de Tunis.
Mercredi soir, après le retrait des forces de l'ordre, un calme précaire régnait à l'issue de cette journée d'affrontements qui a conduit de nombreux manifestants au service des urgences.
"Les blessés souffrent d'impacts de munitions non létale, de contusions, de fractures et de coupures", a indiqué un médecin de l'hôpital de Siliana interrogé par un journaliste de l'AFP. Plusieurs blessés, touchés aux yeux, ont dû être transférés à Tunis à la clinique ophtalmologique.
Pas de commentaire du ministère de l'Intérieur
Mercredi en milieu d'après-midi, les affrontements ont été intenses entre la foule armée de pierres et les policiers. Comme la veille, des manifestants avaient barricadé des axes de Siliana avec des piles de pneus enflammés. D'épais nuages de gaz lacrymogènes étaient visibles dans la ville.
Les tensions ont été exacerbées par des rumeurs faisant état de manifestants tués, mais les sources hospitalières et policières interrogées ont démenti tout décès.
Départ du gouverneur réclamé
Le ministère de l'Intérieur tunisien s'est refusé à tout commentaire sur ces affrontements et n'a pas non plus dressé de bilan. Mais les blessés ont afflué tout l'après-midi au service des urgences, et des proches des victimes s'y étaient rassemblés pour manifester leur colère.
Des milliers de manifestants s'étaient rassemblés dès 9h00 locales (10h00 en Suisse) mercredi devant les locaux du gouvernorat de Siliana. Ils réclament notamment le départ du gouverneur, la libération de personnes détenues depuis avril 2011 et des aides économiques et sociales.
afp/ptur
Les revendications économiques et sociales au coeur de la contestation
La région de Siliana est très affectée par ses difficultés économiques. Selon des statistiques officielles, les investissements y ont baissé de 44,5% et les création d'emplois de 66% sur la période janvier-octobre 2012, par rapport à la même époque de l'année précédente.
Des violences éclatent régulièrement en Tunisie entre les forces de l'ordre et des manifestants excédés par la pauvreté, en particulier dans l'intérieur du pays où le taux de chômage, notamment celui des jeunes, est très élevé.
Les revendications économiques et sociales étaient au coeur des causes de la révolution tunisienne et les lenteurs de la reprise économique ont nourris les tensions.