Impossible de savoir qui ils sont vraiment. On les dit étudiants, chômeurs ou supporters ultras de football. Le gouvernement les qualifie de terroristes, eux se prétendent gardiens de la révolution et défenseurs des protestataires opposés au président Mohamed Morsi. Eux? Ce se sont les black blocs, un nouveau type de révolutionnaires qui s'inspirent des mouvements anarchistes européens des années 1970 (lire ci-contre).
Cagoule noire pour préserver leur anonymat, masque de Guy Fawkes comme symbole à la manière des Anonymous et du mouvement des "indignés", ces activistes participent aux manifestations. De manière pacifiste, selon certains qui voient les Black blocs comme des protecteurs. De manière belligérante, selon d'autres qui estiment que la violence est le seul moyen de communication connu de ces anarchistes.
Présence sur les réseaux sociaux
Communiquer, les Black blocs savent pourtant le faire. Même sans organisation officielle - c'est le propre des mouvements anarchistes - le groupe possède des outils de propagande sur internet.
C'est même sur Youtube qu'ils ont commencé à se faire connaître sous ce nom avec une vidéo publiée le 24 janvier 2013.
Traduction de la vidéo:
"Nous sommes le groupe Black Bloc. Nous avons essayé pendant des années de libérer l'être humain et de mettre à bas la corruption et la tyrannie. Nous devons donc apparaître officiellement pour nous opposer au tyran fasciste (Les Frères musulmans) et à sa main militaire. Si la police se confronte à nous, nous répondrons sans hésitation."
Aussi sur Twitter et Facebook
Bien que cette vidéo laisse penser que le groupe s'est officiellement formé, sa présence sur internet reste disparate. Ainsi, au moins deux comptes Facebook renvoie aux Black Blocs du Caire. Le principal "Black Bloc Egypt", est suivi par près de 50'000 personnes. Le second, suivi par plus de 20'000 personnes, se veut être le compte mondial des mouvements "Black Bloc" et recense les activités de différents groupuscules, dont les Egyptiens.
La difficulté de retrouver un compte "officiel" se retrouve aussi sur Twitter, avec des dizaines d'utilisateurs se revendiquant du mouvement Black Bloc Egypte, comme @blackbloc07 - particulièrement actif et suivi par près de 10'000 abonnés - ou @RevBlackBloc - en arabe et suivi par 4500 personnes.
Le fil Twitter sur les BlackBloc
Plusieurs personnalités revendiquent également leur appartenance au mouvement Black Bloc sur internet, notamment le bloggeur Mahmoud Salman, dont le compte twitter sous son alias SandMonkey est suivi par plus de 110'000 personnes.
Victorien Kissling
Les Black Blocs originaires d'Allemagne
Les Black Blocs sont issus des mouvements autonomes européens, particulièrement du mouvement autonome allemand des années 1980.
Les autonomes allemands ont créé l'idée de "Schwarzer Block" avec des "actions directes" collectives pour la défense de squats et de "lieux autogérés". Ils ont aussi soutenu la Fraction armée rouge ("Rote Armee Fraktion") lors des manifestations de solidarité, bien que la plupart des autonomes aient critiqué cette lutte armée, selon la page Wikipedia consacrée.
Les blocs noirs sont réapparus lors de manifestations de contestation de la guerre du Golfe en Irak en 1991, pratiquant des "actions directes" en marge de manifestations conventionnelles.
Plusieurs nouvelles appellations sont apparues au sein du bloc noir par la suite; le "Radical Anti-Capitalist Blocs" (RACB) composé d'un millier de personnes a émergé lors du rassemblement contre le FMI et la Banque mondiale à Washington les 16 et 17 avril 2000.
Après les manifestations liées aux différents sommets du G8 en Europe au début des années 2000, les tribunaux européens ont poursuivi des membres de "Black Blocs" pour vandalisme, association de malfaiteurs et association de malfaiteurs en vue d'une entreprise terroriste.
Vidéo Youtube montrant des Black Blocs
Des Black Blocs entrent sur la place Tahrir (18 janvier 2013, utilisateur Kikhote)