"Je n'ai jamais vu de telles horreurs", a déclaré Carla Del Ponte lundi dans une interview à la RTS en évoquant des sévices d'une ampleur inégalées contre les femmes et les enfants en Syrie.
Affirmant que des atrocités sont commises dans les deux camps, la Tessinoise, qui est membre de la Commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'Homme, estime que la proportion de djihadistes parmi les rebelles est maintenant "encore plus" grande que 50%.
Carla Del Ponte confirme aussi avoir reçu une invitation de la part de Damas "à titre personnel". Elle a cependant refusé de s'y rendre seule, d'entente avec les autres membres de la commission.
Un nouveau rapport accusateur
La commission d'enquête indépendante sur la Syrie a elle livré lundi un nouveau rapport sur les violations des droits humains. La situation ne cesse d'empirer, relève la commission dont fait partie Carla del Ponte.
Le président de la commission d'enquête a constaté dans le nord de la Syrie un regain de crimes et abus commis par des groupes armés extrémistes antigouvernementaux avec un afflux de combattants étrangers.
Paulo Pinheiro a mis en évidence aussi de nouvelles attaques, par les deux camps, contre le personnel médical et des hôpitaux.
"La Syrie est aussi devenue un lieu toujours plus dangereux pour les journalistes. Un schéma inquiétant de harcèlement, d'arrestation et de détention de journalistes, surtout étrangers, a émergé", a affirmé Paulo Pinheiro.
agences/boi/cab
Une aide suisse de 30 millions
L'aide humanitaire de la Suisse en faveur des Syriens se monte à 30 millions de francs pour cette année. Un peu plus de la moitié de ce montant permet de soutenir les réfugiés ayant fui dans les pays voisins: l'Irak, la Jordanie et le Liban, a expliqué lundi le conseiller fédéral Didier Burkhalter au Conseil national.
Le reste de l'argent va à l'assistance des personnes qui n'ont pas quitté la Syrie, a détaillé le ministre des Affaires étrangères. Avec l'arrivée de l'hiver et une détérioration prévisible des conditions de vie des réfugiés, "il est possible que cette enveloppe augmente encore", a prévenu Didier Burkhalter.
Confirmation de l'utilisation de sarin
Du gaz sarin a été utilisé en Syrie lors du massacre du 21 août près de Damas, ont annoncé lundi les experts de l'ONU en parlant de "preuves flagrantes".
Des armes chimiques ont été utilisées "sur une échelle relativement grande", précise le rapport.
La première page du rapport, remis dimanche au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, précise que ces armes ont été utilisées "contre des civils, y compris des enfants".
Le document précise que l'attaque du 21 août, qui a fait plus de 1400 morts selon l'administration américaine, a été perpétrée à l'aide de "roquettes sol-sol contenant du gaz sarin".
Le rapport ne désignera pas directement les responsables. Ce rôle incombe à la commission d'enquête indépendante sur la Syrie.
En présentant le rapport lundi au Conseil de sécurité de l'ONU, Ban Ki-moon a lui dénoncé "un crime de guerre".