La Russie a lancé lundi un nouveau service international multimédia baptisé Sputnik. La structure, financée par l'Etat, comprendra notamment le service en langues étrangères de l'agence de presse publique Ria-Novosti et la radio Voix de Russie.
L'objectif de Sputnik, dont les informations seront publiées sur le site Sputniknews.com et diffusées sur les ondes radio dans une trentaine de pays, est de fournir une "interprétation alternative" des événements dans le monde, a souligné Dmitri Kisselev.
Présence médiatique renforcée
"Nous sommes contre la propagande agressive qui nourrit le monde et impose un point de vue unipolaire", a lancé le controversé directeur de l'agence de presse publique Rossia Segondnia (Russie d'Aujourd'hui), qui chapeaute Sputnik (voir encadré).
Avec ce nouveau média, la Russie renforce sa présence médiatique à l'étranger, déjà assurée par la chaîne de télévision RT (Russia Today), dont le budget sera d'ailleurs augmenté l'an prochain.
RT épinglée au Royaume-Uni
Cette offensive médiatique russe suscite déjà des réactions en Europe. Lundi, l'autorité de surveillance des médias britannique Ofcom a ainsi épinglé RT, lui reprochant de ne pas être impartiale et équilibrée dans sa couverture des événements en Ukraine.
La chaîne russe, qui diffuse depuis un mois des contenus pour le public britannique, a d'ores et déjà annoncé qu'elle ne comptait pas modifier le contenu de ses programmes.
afp/dk
Dmitri Kisselev, journaliste controversé
Dmitri Kisselev, un présentateur controversé, connu pour ses commentaires tranchés contre l'opposition ou les homosexuels, avait été nommé en décembre dernier à la tête de Rossia Segodnia par un décret du président Vladimir Poutine.
En mars, il a été interdit d'entrée en Union européenne pour la "propagande soutenant le déploiement des forces russes en Ukraine", après le rattachement à la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée à majorité russophone.
Journalistes français approchés par le Kremlin
Interrogé par la RTS, Anthony Bellanger, journaliste aux Inrocks, raconte comment il a été approché - comme d'autres journalistes - afin d'assurer "la propagande pro-Poutine".
Durant une heure, ses interlocuteurs ont ainsi testé ses opinions sur la Russie, sur l'Ukraine, sur la France, sur l'OTAN, sur la Moldavie, etc., explique-t-il.
Selon Anthony Bellanger, l'objectif du Kremlin serait de produire un programme d'une heure puis de la vendre aux radios "afin de faire passer la voix de Moscou".