Africa Mercy.
Publié Modifié

Le navire-hôpital d'une ONG suisse offre des soins à Madagascar

L'ONG Mercy Ships, fondée à Lausanne en 1978, affrète des navires-hôpitaux qui sillonnent les côtes des pays démunis, notamment en Afrique, pour prodiguer gratuitement des soins à la population.

L'émission Mise au Point de la RTS est partie à la rencontre de Roland Decorvet, ancien directeur de Nestlé pour la Chine, qui a embarqué au printemps 2014 avec sa famille pour diriger bénévolement le navire Africa Mercy pendant plus d'un an. Il fait partie des nombreux Suisses qui participent régulièrement aux missions de l'organisation.

Historique

1978 : Création de l’association Mercy Ships à Lausanne, par les missionnaires évangéliques américains Don et Deyon Stephens. Acquisition pour un million de dollars de l’ancien paquebot M/V Victoria.

1982 : Le M/V Victoria, rebaptisé Anastasis, prend la mer. En quatre ans, il a été transformé en bateau-hôpital conforme aux normes internationales.

1983 : L’ancien ferry côtier de Terre-Neuve, la Petite Forte, est légué à Mercy Ships. Il a desservi les Caraïbes, l’Amérique Centrale et du Sud pendant 11 ans, sous le nom Good Samaritan. Il a été renommé Island Mercy en 1994 et a été affecté au Pacifique Sud.

1994 : Mercy Ships acquiert un ancien ferry norvégien, qu’elle baptise Caribbean Mercy.

1999 : L’organisation acquiert son quatrième navire, un ferry danois renommé Africa Mercy. Il s’agit du plus grand navire-hôpital géré par l’organisation.

2006: Le Caribbean Mercy est retiré de la flotte. Il aura contribué à plus de 20% du rendement total de Mercy Ships en termes de soins, services et bénéficiaires.

2007 : L’Anastasis est retiré de la flotte de Mercy Ships. En 29 ans de service, il a contribué à plus de la moitié du rendement total de l’association en termes de services, valeur et bénéficiaires.

Après des années de transformations, l’Africa Mercy prend la mer.

2013 : Mercy Ships signe un contrat pour la construction d’un nouveau navire-hôpital, provisoirement nommé Atlantic Mercy, qui devrait être disponible à l’horizon 2018.

2014: L’Africa Mercy part pour Madagascar en septembre. A l’origine, la mission devait se rendre en Afrique de l’Ouest, mais y a renoncé en raison de l’épidémie d’Ebola.

Mercy Ships en chiffres

Mercy Ships a effectué des missions dans 70 pays différents depuis 1978, et y a fourni des services d’une valeur d’un milliard de dollars (920 millions de francs), à 2,5 millions de bénéficiaires directs.

L’organisation a réalisé au total plus de 67’000 interventions chirurgicales, telles que des fermetures de fentes labiales ou palatines, des corrections orthopédiques, des reconstructions faciales ou des réparations gynécologiques. Elle a traité plus de 572'000 patients dans des dispensaires de villages, dont plus de 119'000 patients dentaires.

Rien qu’en 2013, lors de missions en Guinée et en République du Congo, Mercy Ships a mené 2863 opérations chirurgicales, 37'463 procédures dentaires et 12'004 traitements ophtalmologiques.

Des soins ophtalmologiques sont dispensés sur le bateau.

Les navires-hôpitaux

Historiquement, les navires-hôpitaux ont été mis en oeuvre par les marines militaires.

Le premier exemple connu remonte à l'époque des Croisades. En 1523, la caraque Santa Maria est utilisée par l'Ordre St-Jean de Jérusalem pour isoler les malades, afin d'éviter les risques de contagion.

Le concept s'est généralisé au 20ème siècle, au cours des deux guerres mondiales, où des paquebots, à l'instar du Britannic ("bateau-frère" du Titanic) ont été transformés en de véritables hôpitaux flottants.

Actuellement, la flotte de la marine militaire américaine comporte deux pétroliers aménagés, l'USNS Mercy et l'USNS Comfort. En 2007, le Peace Ark de la marine chinoise, équipé de 300 lits et de 8 blocs opératoires, a pris la mer.

L'USNS Comfort lors d'une mission après le séisme en Haiti en 2010.

Outre Mercy Ships, plusieurs ONG possèdent des navires médicaux, à l'instar de Friendship, créée par un Français au Bengladesh. C'est dans ce même pays que navigue le navire Rainbow Warrior II de Greenpeace, transformé en bateau-hôpital par l'ONG Humaniterra, basée à Marseille.

L'Africa Mercy

Le navire-hôpital Africa Mercy, en fonction depuis 2007, est le plus grand hôpital flottant non-gouvernemental au monde. Il permet 7000 hospitalisations par année, soit deux fois la capacité médicale des précédents bateaux de la flotte de Mercy Ships.

Il comporte cinq salles d’opérations, une salle de réveil, une unité de soins intensifs et plusieurs salles d’hospitalisation totalisant 82 lits.

Le navire Africa Mercy est le plus grand bateau-hôpital non-gouvernemental au monde.

Plongez dans le quotidien de l'équipage:

Le quotidien sur le navire-hôpital Africa Mercy
Le quotidien sur le navire-hôpital Africa Mercy / Info en vidéos / 2 min. / le 1 février 2015

Les missions depuis 2007

Les escales effectuées par le bateau depuis mai 2007 sur une carte interactive, avec les dates des missions.

Reconversion

Roland Decorvet, 49 ans, a quitté son poste de grand patron de Nestlé Chine pour diriger bénévolement l'Africa Mercy.

Avec sa femme, d'origine malgache, et ses quatre filles, ils occupent une cabine de 60m2 sur le navire-hôpital.

Au retour de la mission de Mercy Ships, en juin 2015, l'homme d'affaires envisage de reprendre sa carrière. "Cela fera de moi un meilleur patron", confie-t-il dans Mise au Point.

Peu avant son départ, il avait raconté son grand défi sur les ondes de La Première:

Roland Decorvet, le grand patron de Nestlé Chine constate que le niveau de vie général des paysans chinois s’est beaucoup amélioré depuis quelques années. Il reste des poches de pauvreté dans les régions périphériques. [Alain Arnaud]Alain Arnaud
Les Couleurs du Pouvoir (4/5): Roland Decorvet / Le Journal du matin / 8 min. / le 7 août 2014

Une histoire suisse

Fondée à Lausanne, l'organisation est enregistrée en Suisse en tant qu’association d’utilité publique et dirigée par un conseil d’administration, dont fait partie Roland Decorvet.

Actuellement, une vingtaine de membres d'équipage suisses sont à bord de l'Africa Mercy pour la mission à Madagascar. Un dentiste thurgovien, une professeur de français genevoise, des infirmières bernoises, une serveuse vaudoise, un ancien banquier genevois qui officie comme médiateur avec le gouvernement malgache...

Une organisation chrétienne

L'organisation Mercy Ships a été créé par des missionnaires évangéliques américains. Mais quelle place y tient actuellement la religion ?

« Mercy Ships Suisse est fondée sur la foi et les valeurs chrétiennes et soutenue par des donateurs individuels, des entreprises et des fondations. Les bénévoles qui s’engagent à long terme (plus de 2 ans) sont de confession chrétienne. Les engagements à court terme sont, quant à eux, ouverts à chacun», explique Noémie Jaffrain, sa porte-parole.

Le point de vue de Roland Decorvet:

Mercy Ships ne cache pas ses valeurs chretiennes
Mercy Ships ne cache pas ses valeurs chretiennes / Info en vidéos / 1 min. / le 30 janvier 2015

Des dons et des bénévoles

L'organisation fonctionne uniquement grâce à des dons, en nature ou financiers, provenant de particuliers, d'entreprises, d'églises, de clubs ou de fondations.

En 2013, lors de missions en Guinée et en République Démocratique du Congo, l'organisation a collecté les recettes suivantes:

Mercy Ships vit essentiellement de dons individuels, d'entreprises ou de fondations.

Par ailleurs, tous les membres de l'équipage sont bénévoles, mais dépensent 3 à 400 francs par mois pour le gîte et le couvert.

Ebola, une menace

En septembre 2014, Mercy Ships a annoncé qu'elle renonçait à sa mission en Afrique de l'Ouest pour se rendre à Madagascar en raison de l'épidémie du virus Ebola.

Un navire-hôpital qui "recule" devant une épidémie, n'est-ce pas paradoxal ? La réponse de Roland Decorvet:

Pourquoi avoir reculé face au virus Ebola ?
Pourquoi avoir reculé face a Ebola ? / Info en vidéos / 50 sec. / le 30 janvier 2015

Jessica Vial et Cécile Rais, avec Sébastien Faure