L’homme d’affaires Igor Kolomoisky a demandé fin 2014 le renouvellement de son titre de séjour. Comme la RTS l’a appris, la procédure auprès du Secrétariat fédéral des migrations (SEM) n’a pour l’heure pas abouti. Interrogé, le SEM ne prend pas position: "Dans le cas concret, nous ne pouvons, pour des raisons évidentes de protection des données, fournir de précisions", explique le porte-parole Martin Reichlin.
Une lenteur administrative inhabituelle concernant un homme qui séjourne régulièrement en Suisse depuis 1999 et qui est au bénéfice d’un forfait fiscal dans le canton de Genève.
Rempart contre les pro-Russes
Igor Kolomoisky est un homme aux multiples casquettes. Il détient notamment PrivatBank, la première banque d’Ukraine, et la chaîne de télévision 1+1. Depuis le début de la crise, il a consacré une partie de sa fortune, évaluée entre deux et trois milliards de dollars, à la mise sur pied de bataillons de volontaires. Dans un entretien accordé à la RTS en décembre dernier, il évaluait cette contribution entre dix et vingt millions de dollars (voir la vidéo ci-dessous).
Cette initiative s’est révélée cruciale alors que l’armée gouvernementale ne pouvait faire face seule aux séparatistes dans l’est du pays. Le mécène a aussi endossé un rôle politique en devenant gouverneur de Dnipropetrovsk, une province stratégique car voisine de celle de Donetsk. En l’espace de quelques mois, il s’est ainsi imposé comme un rempart contre la rébellion pro-russe.
Bras de fer avec Kiev
Igor Kolomoisky défend ses intérêts avec tous les moyens à sa disposition, comme dans le cas de la compagnie nationale de pétrole et de gaz UkrNafta et de sa filiale UkrTransNafta, qui gère plusieurs oléoducs.
La semaine dernière, de mystérieux hommes en armes se sont emparés de son siège au centre de Kiev. Interrogés, certains se sont identifiés comme appartenant au bataillon Dnipro-1, l’un de ceux qu’a financé Igor Kolomoisky.
Celui-ci affirme avoir prévenu une tentative malveillante dirigée par la Russie contre la compagnie ukrainienne. Mais de nombreux observateurs soulignent que l’homme d’affaires aurait surtout tenté de s’opposer au limogeage de l’un de ses protégés siégeant à la tête d’UkrTransNafta, filiale d’UkrNafta, ainsi qu’à une modification des règles relatives au droit de vote des actionnaires de l’entreprise (Igor Kolomoisky détient 43% d’UkrNafta).
Limogeage
Dans la nuit de mardi à mercredi, après plusieurs jours d’un face-à-face tendu entre Igor Kolomoisky - gouverneur de Dnipropetrovsk - et le président ukrainien Petro Porochenko, ce dernier a accepté la démission du gouverneur.
Pourtant, de nombreuses incertitudes demeurent sur l’avenir de l’homme d’affaires, sur celui des bataillons qu’il a financé et sur les rapports entre les oligarques et les nouvelles autorités ukrainiennes.
Marc Allgöwer et Agathe Duparc/hend