Les présidents américain Barack Obama et cubain Raul Castro ont ouvert samedi un nouveau chapitre des relations entre les Etats-Unis et Cuba, en entamant le premier échange entre chefs d'Etat de ces pays depuis plus d'un demi-siècle.
Les dirigeants ont prononcé des discours qui feront date lors d'un Sommet des Amériques voué à sceller leur rapprochement.
Barack Obama a affirmé que le rapprochement entre Washington et La Havane marquait "un tournant" pour les Amériques: "le fait que le président Castro et moi sommes assis ici aujourd'hui représente un événement historique".
Son homologue cubain a ensuite salué la probité du président des Etats-Unis, le qualifiant d'"homme honnête", dans la foulée d'un plaidoyer contre les ingérences des anciennes administrations dans les affaires cubaines et latino-américaines.
Sommet "historique"
Ce sommet continental, réunissant 35 chefs d'Etat, s'était ouvert vendredi sur une poignée de main des deux hommes. Leur face à face très attendu doit consacrer le réchauffement annoncé au terme de 18 mois de tractations qui ont permis de tourner la page de plus d'un demi-siècle de conflit.
Le principal obstacle à la réouverture d'ambassades réside pour l'instant dans la présence de Cuba sur la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme, qui coupe Cuba d'une partie de l'aide internationale.
Raul Castro a incité son homologue à accélérer les démarches pour le retrait de Cuba de cette liste, indiquant qu'il verrait comme un "pas positif" une "décision rapide"des Etats-Unis.
La Maison Blanche a pour sa part indiqué que Barack Obama n'était "pas encore au stade" de prendre une décision sur ce point, mais n'a pas toutefois pas écarté "une annonce" au Panama.
Assouplissement de l'embargo
Le chemin de la normalisation reste semé de nombreux autres points de contentieux, dont l'embargo total sur les transactions économiques et financières avec Cuba, imposé depuis 1962. Le président cubain a une nouvelle fois insisté samedi sur le fait que cette question "doit être résolue".
Depuis l'annonce historique du rapprochement avec Cuba, le président américain a demandé au Congrès, contrôlé par les républicains, de travailler à la levée de l'embargo car lui seul peut le faire. Mais les deux chambres sont pour l'instant très partagées sur la question.
Dans l'attente d'une décision du Congrès, Barack Obama a pris une série de mesures assouplissant l'embargo, dans la limite de ses prérogatives présidentielles, mais elles sont jugées "insuffisantes" par La Havane.
agences/mre/ptur
Echange inédit Obama-Maduro
Barack Obama a eu samedi un "bref échange" de quelques minutes avec son homologue vénézuélien Nicolas Maduro en marge du Sommet des Amériques au Panama, a rapporté une porte-parole de la Maison Blanche.
Cet entretien est le premier entre les deux hommes depuis que Nicolas Maduro a succédé au défunt Hugo Chavez en avril 2013. Le président Obama a répété que "notre intérêt n'est pas de menacer le Venezuela mais de soutenir la démocratie, la stabilité et la prospérité au Venezuela et dans la région", la porte-parole.
Souvent tendues, les relations entre Washington et Caracas ont connu un violent coup de froid après la signature début mars par Barack Obama d'un décret imposant des sanctions contre de hauts responsables vénézuéliens accusés de non-respect des droits de l'homme.
Ce décret qualifiait en outre le Venezuela de "menace" pour la sécurité intérieure des Etats-Unis, provoquant la fureur de Nicolas Maduro, qui a obtenu le soutien de nombreux pays latino-américains.
"La fin des ingérences"
"Les temps où nous considérions si souvent que les Etats-Unis pouvaient mener des ingérences dans l'impunité sont révolus", a déclaré vendredi le président américain dans un discours prononcé devant un forum de la société civile organisé en marge du Sommet des Amériques.