Après les grands discours, il faut trouver des compromis pour aboutir le 11 décembre à un pacte universel. Un modus vivendi qui satisferait aussi bien les îles Salomon qui rêvent d'un accord ambitieux et contraignant pour ne pas disparaître sous les eaux, et les deux grands pollueurs, Etats-Unis et la Chine, qui veulent le moins de contraintes possibles.
Mais la version actuelle du texte de négociation donne le vertige. La Fondation Nicolas Hulot a ainsi compté "plus de 200 options et plus de 1200 expressions ou phrases 'entre crochets'", soumises à discussion.
Des crochets et des conditionnels
Par exemple à l'article 2, option I: le but de l'accord est "de limiter la hausse de la température globale moyenne [au-dessous de 2°C][au-dessous de 1,5°C][bien au-dessous de 2°C][au-dessous de 2°C ou 1,5°C][au-dessous de 1,5°C ou 2°C][aussi loin de 2°C que possible].
Et à 34 reprises dans l'ensemble du texte, les négociateurs doivent encore choisir entre "devrait" (should) ou "doit" (shall).
La tâche s'annonce aussi ardue dans le choix des termes. Rien que le mot "décarbonisation" est un sujet de crispation pour l'Inde, très dépendante du charbon, ou l'Arabie saoudite. "On avancerait plutôt vers le terme 'neutralité climat'", souligne un autre négociateur occidental, qui tempère: "Ce n'est pas le problème le plus difficile à résoudre".
Une table ronde permanente
La méthode choisie est de tenir une réunion permanente: une table carrée avec autour environ 80 chefs de délégation du monde entier, explique une source proche de la présidence française de la COP. Et mandat est donné aux experts de chaque délégation de tenir des mini-réunions sur chaque point et dire "si c'est résolu. Ou pas".
"La gestion de notre temps va être essentielle, il faudrait que chaque jour nous permette d'avoir des progrès", a lancé le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, président de la COP21, à l'ouverture des travaux dimanche.
afp/boi
La fièvre de la dernière nuit
Laurent Fabius a d'ores et déjà averti les négociateurs que "si l'on voulait s'en remettre au pseudo-miracle de la dernière nuit", ce n'était "pas la bonne solution".
Et pourtant, la fièvre gagne vraiment les COP lors de la dernière journée de négociation, qui se prolonge souvent jusqu'au coeur de la nuit, quand ce n'est pas le lendemain ou le surlendemain...