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De multiples condamnations après 47 exécutions en Arabie saoudite

Des manifestations de protestation se sont tenues jusque dans le Cachemire indien. [AP Photo/Dar Yasin]
Réactions indignées après l'exécution du dignitaire chiite Nimr al-Nimr / Le 12h30 / 1 min. / le 2 janvier 2016
Les condamnations affluent samedi après l'exécution du cheikh chiite Nimr al-Nimr et de 46 autres personnes en Arabie saoudite pour des faits de "terrorisme". "Le prix sera élevé", a promis l'Iran.

L'imam chiite Nimr al Nimr, considéré comme une figure de la contestation saoudienne, a été exécuté en même temps que 46 autres personnes. Parmi eux figurent 43 djihadistes sunnites, principalement des membres d'Al-Qaïda jugés responsables d'attentats contre des objectifs occidentaux, des bâtiments administratifs et des missions diplomatiques qui ont fait plusieurs centaines de morts entre 2003 et 2006.

Les quatre autres, dont le cheikh Nimr al Nimr, sont de confession chiite. Ils ont été reconnus coupables de la mort de plusieurs policiers dans le district de Katif, entre 2011 et 2013.

Ces exécutions ont rapidement soulevé une vague de protestation dans la communauté chiite.

>> Des hommes et des femmes manifestent en Arabie saoudite :

Des Saoudiens manifestent contre l'exécution d'un cheikh chiite
Des Saoudiens manifestent contre l'exécution d'un cheikh chiite / L'actu en vidéo / 22 sec. / le 2 janvier 2016

Indignation en Iran

La colère de Dieu va s'abattre sur les autorités saoudiennes, a promis dimanche l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution iranienne.

"Le sang injustement versé du martyr opprimé va, à n'en pas douter, faire son effet et la vengeance divine va s'abattre sur la classe politique saoudienne", a-t-il déclaré, selon la télévision publique.

Le ministère iranien des Affaires étrangères a aussi accusé Ryad de soutenir le terrorisme et de se débarrasser de ses opposants, ajoutant que le prix serait "élevé" pour l'Arabie saoudite. Le dignitaire religieux iranien Ahmad Khatami a lui estimé que la famille Saoud "serait balayée des pages de l'histoire".

L'Arabie saoudite a convoqué l'ambassadeur d'Iran pour protester contre les déclarations "agressives" de Téhéran, a indiqué le ministère saoudien des Affaires étrangères.

Aussi au Liban, en Irak et en Syrie

Pour le Hezbollah libanais, qui dénonce un "assassinat", le cheikh Nimr a été exécuté parce qu'il militait "pour les droits du peuple opprimé". Le Conseil suprême islamique chiite du Liban a lui jugé qu'il s'agissait d'une "erreur grave". "L'exécution du cheikh Nimr est la mise à mort de la raison, de la modération et du dialogue", a déclaré le vice-président du conseil.

Le parlementaire irakien Mohammed al Sayhoud, membre de la coalition au pouvoir à Bagdad, a dénoncé une mesure qui vise à "embraser à nouveau la région" et à provoquer des affrontements entre sunnites et chiites. Pour l'ancien Premier ministre irakien Nouri al Maliki, ce crime "va entraîner le renversement du régime saoudien".

L'influent imam chiite Moktada al Sadr à quant à lui invité les chiites d'Arabie et du Golfe à se mobiliser pacifiquement contre "les injustices et le terrorisme gouvernemental".

Le ministre syrien de l'Information, Omran al Zoubi, a condamné samedi l'exécution, dénonçant "un crime commis par un Etat contre son propre peuple".

Au Yémen, le mouvement houthi dit porter le deuil "d'un guerrier saint" exécuté "après une parodie de procès et en violation flagrante des droits de l'homme".

"Sérieuses inquiétudes" européennes

L'Union européenne a exprimé samedi ses "sérieuses inquiétudes" après l'exécution de Nimr al-Nimr, figure de la contestation contre le régime.

"Le cas spécifique du cheikh Nimr al-Nimr soulève de sérieuses inquiétudes sur la liberté d'expression et le respect des droits civils et politiques de base, qui doivent être préservés dans tous les cas, y compris dans le cadre de la lutte contre le terrorisme", a déclaré la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, citée dans un communiqué.

"Ce cas a le potentiel d'enflammer un peu plus les tensions sectaires qui font déjà beaucoup de dégâts dans la région, avec des conséquences dangereuses", estime encore Federica Mogherini.

Les Etats-Unis craignent pour leur part l'exacerbation des "tensions communautaires à un moment où il est urgent de les apaiser", a jugé le département d'Etat. "Les Etats-Unis exhortent le gouvernement d'Arabie saoudite à permettre que s'exprime pacifiquement la contestation", a ajouté le porte-parole de la diplomatie américaine, John Kirby, dans un communiqué.

Pour Amnesty, l'Arabie "règle des comptes politiques"

"Les autorités saoudiennes disent avoir mené ces exécutions pour préserver la sécurité. Mais l'exécution du cheikh Nimr Baqer al-Nimr suggère qu'elles utilisent les exécutions pour régler des comptes politiques (...) sous couvert de lutte contre le terrorisme", a déclaré Philip Luther, directeur d'Amnesty pour le Moyen-Orient.

"C'est une tentative de faire taire les critiques contre le régime, en particulier au sein de la communauté des activistes chiites", a poursuivi le directeur d'Amnesty pour le Moyen-Orient, pour qui le procès de Nimr Baqer al-Nimr a été "manifestement inéquitable".

>> Manifestation en Inde aussi :

Manifestation en Inde contre l'exécution d'un cheikh en Arabie saoudite
Manifestation en Inde contre l'exécution d'un cheikh en Arabie saoudite / L'actu en vidéo / 47 sec. / le 2 janvier 2016

ats/asch/boi/ebz

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La plus importante exécution simultanée depuis 1980

Les exécutions se sont déroulées dans les prisons de 12 villes du pays. Dans quatre d'entre elles, les condamnés ont été fusillés et, dans les huit autres, ils ont été décapités. Les corps ont ensuite été hissés à des gibets pour être exposés en public.

Il s'agit de la plus importante série d'exécutions simultanées pour des raisons de sécurité en Arabie saoudite depuis celles, en 1980, de 63 djihadistes condamnés pour l'attaque de la grande mosquée de La Mecque, l'année précédente.

Multiplication des exécutions

L'Arabie saoudite a fortement augmenté les exécutions cette année jusqu'à atteindre en 2015 un niveau inégalé depuis 20 ans. L'an passé, le royaume a mis à mort 153 personnes, selon un décompte de l'afp basé sur des chiffres officiels, soit une très forte hausse par rapport aux 87 personnes exécutées en 2014.

Les exécutions ont généralement lieu par décapitation et en public. Elles concernent aussi bien des Saoudiens que des étrangers.

Terrorisme, meurtre, viol, vol à main armée et trafic de drogue sont passibles de la peine capitale en Arabie saoudite mais aussi des infractions comme l'apostasie, la "sorcellerie" ou l'adultère, selon Amnesty.

Les sentences sont prononcées "souvent à l'issue de procès iniques", a dénoncé Amnesty International dans son rapport 2014/2015.