Manuel Valls: "L'Europe doit faire la démonstration que l'islam est compatible avec notre démocratie"
Concernant Davos, Manuel Valls, qui rencontrera le président de la Confédération Johann Schneider-Ammann lors de sa venue en Suisse, juge que la méfiance qui existait entre la gauche française et les participants au Forum est de l'histoire ancienne. "Davos est un endroit où il faut être", indique le Premier ministre.
Il affirme aussi qu'il y a des "idées à prendre dans la réussite suisse", citant l'importance de l'apprentissage. Il prône par ailleurs "un Etat qui dépense moins".
S'exprimant sur les victimes de l'attentat de Ouagadougou, Manuel Valls "s'incline devant les morts suisses, français et de toutes nationalités", victimes d'un "terrorisme mondialisé".
Le Premier ministre souligne que la Suisse n'échappe pas au danger terroriste, évoquant les soupçons de radicalisation islamiste d'employés de l'aéroport de Cointrin: "Il y a eu une absence d'attention ces dernières années dans les entreprises de transport, que ce soit à la RATP ou dans les aéroports. C'est un problème qu'on rencontre à Genève comme ailleurs en Europe."
"Schengen doit être réformé"
Il est urgent de résoudre les lacunes de la surveillance des frontières extérieures de l'Europe, selon Manuel Valls, "sans quoi le projet européen peut se disloquer rapidement." Il appelle à "réformer Schengen", jugeant que "le projet européen est en danger" et que "l'Europe joue son avenir face au défi des réfugiés".
Manuel Valls souligne le rôle décisif de l'Allemagne dans la crise des réfugiés. "Tous ces réfugiés ont décidé de converger vers l'Allemagne parce qu'il y avait ce message d'accueillir" et cela "dans une Europe où il n'y a pas de méthode, pas de contrôle aux frontières". Il ajoute à ce sujet: "Il faut faire attention aux messages qui créent ces mouvements de population. On ne peut pas dire «Venez» et encore moins «Venez tous!»"
"L'idée de nation"
Réagissant au vote des Suisses sur la libre circulation et au vote prochain des Britanniques sur un éventuel "Brexit", le chef du gouvernement français note la permanence de l'idée nationale: "Avec la crise terroriste et le défi des réfugiés, l'idée de nation est toujours là. La force de l'Europe, c'est que c'est une fédération d'Etats-nations." Pour lui, "retrouver confiance dans la libre circulation passe par renforcer les contrôles extérieurs de l'Union".
Une part d'homme de droite?
Interrogé sur le tournant sécuritaire pris par la France après les attentats de 2015 et sur sa propre couleur politique, Manuel Valls se défend d'être devenu "un homme de droite" mais revendique "les valeurs d'ordre et d'autorité comme des valeurs de gauche".
Darius Rochebin