Cinq ans de guerre en Syrie: les chiffres qui révèlent l'horreur

Selon le Centre syrien pour la recherche sur les politiques, 11,5% de la population syrienne a été tuée ou blessée à la suite du conflit dans le pays. La guerre a fait 470'000 victimes, d'après ce rapport. Les blessés représentent quant à eux 1,88 million de personnes.

Les chiffres de l'ONG sont nettement plus élevés que ceux compilés par les Nations unies, qui évoquaient 250'000 victimes il y a 18 mois.

Alors que la population syrienne était de 21,80 millions de personnes en 2010, elle a décliné à 20,44 millions d'habitants à la mi-2015. A la fin 2015, la population totale aurait atteint 25,59 millions d'habitants si le conflit n'avait pas émergé, précise le rapport. En réalité, la population a donc diminué de 21%, d'après cette estimation.

Alors qu'un Syrien pouvait espérer vivre 70,5 ans en 2010, son espérance de vie a reculé à 55,4 ans en 2015. Cette mesure reflète les conditions de vie qui se sont fortement détériorées en cinq ans, ainsi que l'état catastrophique des services de santé.

Les Nations unies ont également développé un indice de développement humain qui prend en compte l'espérance de vie à travers le monde. Sur le thème de la santé, la Syrie est passée de la 106e à la 174e place entre 2010 et 2015, sur 195 Etats. Elle a ainsi rejoint le club des pays où la santé des résidents est la pire.

A la fin de l'année 2015, environ 45% de la population syrienne a été délogée, à la recherche de davantage de sécurité et de meilleures conditions de vie, estime le rapport. Plus de 6 millions de Syriens sont déplacés à l'intérieur du pays, tandis que plus de 3 millions d'habitants ont fui la Syrie.

>> Ecouter aussi le point sur les réfugiés syriens bloqués à la frontière turque :

AFP - Bunyamin Aygun - AP Photo

Alors que l'économie du pays est en récession, plus de 85% des Syriens vivent dans la pauvreté. Près de 70% sont en situation de pauvreté extrême, selon les estimations de l'ONG. En clair, plus de deux tiers des Syriens ne peuvent pas obtenir la nourriture et autres articles nécessaires à leur survie.

Le niveau de pauvreté diffère cependant de manière importante selon les régions du pays, les provinces les plus touchées par la violence étant les plus pauvres:

L'éducation se trouve également en situation de souffrance en Syrie. Plus de 45% des enfants en âge d'être scolarisés ne vont plus à l'école en 2016.

Plusieurs facteurs expliquent la déscolarisation des enfants syriens, rapporte le centre, notamment la peur des parents pour la sécurité de leurs enfants, le travail des mineurs et la destruction du système éducatif syrien.

Les pertes économiques cumulées à la suite du conflit syrien sont estimées à 254,7 milliards de dollars (soit 246,8 milliards de francs) par l'ONG. Elles incluent les pertes de produit intérieur brut (PIB), les dommages en investissements, les dépenses militaires de l'armée régulière du pays et celles des groupes armés, ainsi que les pertes liées à la production non officielle de pétrole et gaz.

Les pertes de PIB sont estimées à 163,3 milliards de dollars, dont 49,7 milliards ont été générées en 2015. L'année dernière, le PIB syrien s'est contracté de 4,7% par rapport à 2014. Parmi les secteurs les plus touchés figurent le commerce intérieur, les services gouvernementaux et le secteur minier:

Les investissements publics ont été fortement affectés par le conflit syrien, le gouvernement priorisant les dépenses militaires.

En 2015, les investissements du secteur public se sont contractés de 15% au premier trimestre, puis de 23% au deuxième trimestre, 36% aux troisième et quatrième trimestres (estimation), par rapport à la période correspondante en 2014.

>> Réécouter cette analyse datant de l'année dernière sur le tissu économique syrien et la fin des subventions étatiques :

Joseph Eid

Le taux de chômage de la population active en Syrie est passé de 14,9% en 2011 à 52,9% à la fin 2015. Quelque 2,91 millions de personnes sont sans emploi, estime l'ONG, dont 2,7 millions qui ont perdu leur emploi durant le conflit.

Note tragique: environ 17% de la population syrienne travaille dans l'économie de la guerre, précise le rapport.