Le correspondant de RTSinfo en Chine Raphaël Grand a pu se rendre dans une zone tibétaine pour un reportage sur un village d'orphelins. Le projet TADRA a été fondé par un couple de Tibétains qui ont eux-mêmes grandi dans un village Pestalozzi sur les bords du lac de Constance.
La région étant très fermée, il est rare qu'un journaliste puisse s'y rendre. Raphaël Grand en a ramené des photographies que vous pouvez découvrir dans ce grand format, en même temps que son reportage audio.
> A écouter, le reportage de notre correspondant.
Une route dans les hautes-plaines
Golog, province du Qinghai, zone tibétaine voisine de la province du Tibet. Cette région est ouverte aux étrangers, contrairement au Tibet lui-même. Mais les checkpoints ne sont pas rares...
Il faut sept heures de voiture pour se rendre à Golog depuis Xining, la capitale de la province du Qinghai. Emprunter une nouvelle route construite par la Chine. Ce qui n'empêche pas de devoir zigzaguer entre les troupeaux de yaks.
Golog
Raphaël Grand
L'histoire commence dans les années 60, quand des dizaines d'enfants tibétains exilés sont accueillis en Suisse. Ils sont placés dans des familles d'accueil ou dans le village Pestalozzi de Trogen (Appenzell Rhodes-Extérieures). Au total, 160 enfants sont accueillis durant ces années, suivis d'un millier d'adultes. Ce sont des enfants qui ont grandi dans un village Pestalozzi qui ont fondé un village basé sur le même concept à Golog.
L'orphelinat se trouve dans une province reculée. La zone était quasiment déserte il y a quelques années. Seuls des nomades y résidaient. Depuis, les constructions vont bon train: hôtels de luxe, immeubles, routes et même un aéroport.
Et c'est là, à plus de 4000 mètres d'altitude, que vivent les 300 enfants recueillis.
La Chine refuse au couple qui a fondé ce village un visa pour revenir dans le pays. C'est donc Beat Renz, un Fribourgeois, qui sert d'homme de liaison, qui accompagne notre journaliste.
>> En images: Arrivée émue de Beat Renz à l'orphelinat.
Portraits d'enfants
Accueil des orphelins au village.
Le témoignage de Momo, 17 ans.
"Avant d’arriver dans cette école, je vivais avec mes parents. Mais ils sont morts tous les deux…. Nous vivions dans des conditions difficiles. Ils étaient très pauvres. La vie n'était pas facile.. Ensuite je suis arrivée ici, on m’a recueillie".
"Je ne me rappelle plus de mon père. A 3 ans, j’ai déménagé dans un autre village avec ma mère. Mais elle est morte quand j'avais 9 ans…"
Le témoignage de Sunamdorje, 18 ans.
"Ma mère est tombée malade. Elle a été malade longtemps, très longtemps et finalement elle est morte. Et mon père, à cause du décès de ma mère, est devenu très triste. Il a commencé à boire, à boire beaucoup. Il est mort l’année suivante… Nous vivions dans une petite maison de nomade durant l’hiver. Et durant l’été, nos nous déplacions avec nos tentes. J’adorais la vie de nomade… Et peut-être que j'aurai la chance de revenir avec les nomades.
Mais après avoir passé mon diplôme à l‘université, je devrai trouver un moyen de subsistance, un travail.. Peut-être que je deviendrai un professeur ou que je devrai travailler pour le gouvernement afin de gagner ma vie. Mais au fond de mon cœur, je crois que je serai toujours un nomade."
L'orphelinat
Raphaël Grand
L'orphelinat comprend une dizaine de dortoirs, une école, une cantine et un terrain vague qui sert à jouer au football.
La vie en communauté
Raphaël Grand
Les salles de classe
Les journées au village sont rythmées par les leçons. A l’école, les enfants apprennent le tibétain, le chinois et quelques bribes d’anglais…
La cantine
La prière et les réunions
Les petits orphelins perpétuent un peu de la culture et de la tradition tibétaines. Le soir, un moine récite des mantras aux enfants, avec une photo de la ville de Lhassa en arrière-plan.
Moments de détente
Le projet TADRA, soutenu depuis la Suisse, compte deux villages dans la zone tibétaine, dont celui visité par Raphaël Grand. Au total, près de 540 enfants y vivent. Plus d'informations sur le site tadra.ch.