Claire et Colin forment un couple fragile. Ils vivent de l'aide sociale et Claire souffre d'épilepsie. Lorsqu'elle tombe enceinte début 2015, les services sociaux décident que le couple n'est pas apte à élever le bébé. Malgré un stage de parentalité, l'enfant est retiré à ses parents 3 jours après sa naissance pour être adopté.
Des quotas d'enfants à retirer
Ce cas n'est pas isolé. Le documentaire "Les enfants volés d'Angleterre" de P.Chassagnieux et S.Thomas fait la lumière sur ce scandale, qui touche surtout des familles désargentées et des mères célibataires.
Chaque année, le gouvernement fixe aux autorités locales des quotas d'enfants à faire adopter. Si les comtés ne les atteignent pas, leur budget est amputé. Des agences privées sont ensuite chargées de l'adoption, souvent dans des foyers aisés. En 2015, 7740 enfants étaient en attente d'adoption.
Le phénomène est méconnu car la loi anglaise impose le silence aux parents et aux journalistes, qui s'exposent à une condamnation.
Cécile Rais
Un soupçon inscrit dans la loi
Le point de départ de cette pratique est une loi instituée par Margaret Thatcher en 1989, le Children Act. Elle introduit la notion de "probabilité de faire du mal" ("likelihood of harm").
Sous la pression du gouvernement de Tony Blair, l'application de cette loi est encore durcie suite à des affaires de maltraitances d'enfants graves dans des familles pourtant suivies par des travailleurs sociaux.
Désormais, aucune preuve de maltraitance ne doit être apportée, le soupçon suffit.
Aujourd'hui, de plus en plus de parents sous la menace d'une adoption forcée quittent l'Angleterre juste avant la naissance de leur enfant.
Les enfants placés de Suisse
En Suisse aussi, des enfants ont été placés abusivement dans des familles paysannes pour servir de main d'oeuvre, et ce jusque dans les années 1980.
Il s'agissait souvent d'orphelins ou d'enfants de familles monoparentales, jugées inaptes à les prendre en charge. Ces enfants ont souvent été exploités et maltraités.