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L'utilisation de la reconnaissance faciale par la police zurichoise critiquée

La police cantonale zurichoise mise sur l'intelligence artificielle (IA) pour mieux lutter contre la criminalité. [Keystone - Urs Flueeler]
La nouvelle stratégie de la police zurichoise, qui mise sur l'IA et la reconnaissance faciale, fait débat / La Matinale / 1 min. / vendredi à 06:28
La police cantonale zurichoise mise sur l'intelligence artificielle (IA) pour traquer les terroristes sur internet et prévenir les attentats. Elle veut également repérer les criminels qui se déplacent en voiture. Ce dernier point prévoit l’usage de la reconnaissance faciale sous certaines conditions, et cela fait débat.

"Nous avons eu des événements graves en Europe" qui "nous préoccupent", a déclaré jeudi Mario Fehr, chef du département de la sécurité du canton de Zurich. Il a notamment cité l'attaque terroriste lors d'une fête populaire à Solingen (D), l'annulation des concerts de Taylor Swift à Vienne menacés par un projet d'attentat et l'attaque contre un juif à Zurich.  Le canton de Zurich veut donc renforcer les prérogatives de la police, afin de mieux lutter contre la criminalité. Il a présenté jeudi sa révision de la loi sur la police, qui doit encore être débattue au Parlement.

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"Nous devons pouvoir intervenir plus tôt, même si des personnes se radicalisent individuellement sur internet", a souligné Mario Fehr. Le gouvernement prévoit d'accorder davantage de droits à la police, notamment pour enquêter dans des chats et des forums fermés sur internet. L'IA doit aider à chercher certains termes dans les énormes quantités de données qui circulent.

"Violation des droits fondamentaux"

Un système automatisé doit également permettre à trouver les criminels qui se déplacent en voiture. En utilisant des caméras de surveillance déjà présentes sur les routes, la police pourrait à l'avenir repérer automatiquement des véhicules, leurs plaques d'immatriculation, ainsi que leurs occupants.

Cela ne doit pas seulement servir à combattre le terrorisme, mais aussi d'autres délits graves comme les enlèvements d'enfants, fait valoir Mario Fehr, qui assure que la protection des données est garantie. Mais pour les Vert-e-s, il s'agit d'utiliser un système de reconnaissance faciale, ce qui, même sous certaines conditions, est une ligne rouge à ne pas franchir.

"Nous rejetons de manière fondamentale le fait de saisir automatiquement les données biométriques comme le visage", déclare Silvia Rigoni, députée verte au Grand Conseil zurichois, dans La Matinale de la RTS. "De nombreuses autres organisations de défense des droits humains le rejettent également, parce qu'il s'agit en réalité d'une surveillance".

Pour la Zurichoise, le potentiel de dérives est grand. "Cela viole nos droits fondamentaux: le droit à l'intimité et à l'autodétermination", souligne-t-elle.

Echange intercantonal

La criminalité ne s'arrêtant pas aux frontières cantonales, Zurich veut échanger ses données avec tous les autres cantons. "Souvent, la police d'un canton ne sait pas ce que la police d'un autre canton sait", a expliqué Mario Fehr. Il ne s'agit pas de collecter de nouvelles données, mais d'échanger celles qui existent déjà.

Actuellement, Zurich ne peut échanger ses données qu'avec Schaffhouse. L'objectif est que tous les cantons participent. Pour y parvenir, ces derniers doivent également réviser leur loi sur la police. Certains l'ont déjà fait, d'autres sont en train de le faire. La plateforme d'échange intercantonale devrait être opérationnelle en 2026.

Sujet radio: Camille Degott

Adaptation web: edel avec ats

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