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"Nous voulons des mesures de protection pour le Tessin"

Le conseiller d'Etat Norman Gobbi (Lega) est proposé par l'UDC tessinoise. Il siégeait dans le groupe UDC lorsqu'il était conseiller national. [Keystone - Lukas Lehmann]
Edition spéciale au Tessin (2/2) / Le Journal du matin / 23 min. / le 26 juin 2015
Berne doit mieux aider le Tessin face aux millions d'Italiens en quête de travail, ont estimé vendredi le chef du gouvernement Norman Gobbi et le Vert Sergio Savoia, lors d'une émission de la RTS à Chiasso.

"Notre canton de 400'000 habitants ne peut pas faire face à des millions d'Italiens disposés à travailler pour un salaire trois fois plus bas que le nôtre", a clamé Sergio Savoia, coordinateur des Verts. "Il y a 10 millions de personnes en Lombardie et 4 millions de personnes dans le Piémont voisins", a-t-il rappelé, tandis que les candidatures pour un poste peuvent venir de toute l'Italie, Sicile comprise.

"En plus, il ne s'agit plus seulement d'Italiens qui vont travailler dans les secteurs du bâtiment et de l'industrie, mais ce sont des jeunes spécialistes du secteur tertiaire, financier notamment", a renchéri Norman Gobbi, président du gouvernement tessinois, issu des rangs de la Lega. "Un ingénieur qui sort de l'Ecole polytechnique de Milan attend un salaire de 1200 euros. Celui qui sort de Lausanne ou de Zurich attend au moins 6000 francs", a-t-il poursuivi.

De l'autre côté de la frontière, une Italie en crise

"Les Confédérés pensent à l'Italie comme une destination de vacances, et non pas comme une machine industrielle. Pourtant c'est avec cette Italie-là qu'on partage la frontière. Et elle est en crise", a déploré Sergio Savoia.

En effet, en Italie, 40% des moins de 35 ans n'ont pas de travail et s'ils ont en un, il s'agit d'un travail précaire. Nombre de personnes de cette tranche d'âge sont donc prêtes à faire un apprentissage pour 800 francs par mois. Et ceci est d'autant plus intéressant que ce cursus permet d'obtenir un diplôme suisse.

La libre-circulation énerve

"Si on a voté si fort contre l'immigration de masse et pour l'introduction de salaires minimums sectoriels, c'est surtout contre les frontaliers", qui sont au nombre de 60'000, a résumé Norman Gobbi.

"Ce n'est pas vraiment la migration qui préoccupe les Tessinois", a renchéri le Vert Sergio Savoia, "mais plutôt la libre-circulation", qu'ils perçoivent "un peu comme un gros mot" en raison de ses effets socio-économiques.

Mieux gérer l'accès au marché du travail

Pour le président du gouvernement tessinois, il faut que la Berne fédérale prenne "des mesures de protection pour le canton, afin que le système d'accès au marché du travail soit mieux géré".

Norman Gobbi a aussi plaidé pour que ce soit un Tessinois qui gère les relations avec l'Italie, notamment pour ce qui concerne les tractations sur les accords fiscaux. "Il faut quelqu'un qui a une vue d'ensemble à la fois sur la Suisse et sur la particularité de notre canton", a-t-il précisé.

"Le Tessin n'est pas un pays fermé sur lui-même, mais il est préoccupé par son futur", a conclu Sergio Savoia.

>> Ecouter le débat à Chiasso sur la fermeture des frontières aux migrants :

Sergio Savoia. [Gaëtan Bally]Gaëtan Bally
Edition spéciale au Tessin (1/2) / Le Journal du matin / 16 min. / le 26 juin 2015

bri

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Le non à la LRTV, quelques explications

Les Tessinois ont voté non par 52% à la loi sur la radio-télévision, alors que le canton bénéficie beaucoup de la clé de répartition.

Pour Sergio Savoia, ancien journaliste à la SSR, ce refus est lié à la façon dont la radio-TV est gérée. "Dans la liste des fonctions à la RTSI, il y a un responsable des espaces vides", a-t-il précisé en souriant.

Pour Norman Gobbi, de la Lega, il s'agit surtout d'un vote contre "les journalistes gauchistes", "qui sont toujours critiques envers la population tessinoise lors des votations populaires, quand ils ont accepté l'initiative UDC contre l'immigration de masse ou lorsqu'ils soutiennent la Lega.