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Marge de manoeuvre face aux coupes dans l'instruction genevoise

Anne Emery-Torracinta, conseillère d'Etat genevoise chargée de l'Instruction publique. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Anne Emery-Torracinta, conseillère d'Etat socialiste genevoise / L'invité de la rédaction / 23 min. / le 22 janvier 2015
Les enseignants genevois sont mobilisés contre les coupes budgétaires de l'instruction publique. La conseillère d'Etat Anne Emery-Torracinta a dit jeudi sur la RTS qu'une marge de manoeuvre existait.

Après le vote du budget genevois 2015 en décembre, le corps enseignant est particulièrement mobilisé contre la baisse des ressources dans l'instruction publique: des maîtres du secondaire font la grève des notes, tandis que ceux du primaire s'apprêtent à débrayer pour la deuxième fois.

La conseillère d'Etat socialiste en charge de l'instruction publique Anne Emery-Torracinta, en fonction depuis 2013 et elle-même ancienne enseignante, assure qu'il reste une marge de manoeuvre.

"Je comprends l'inquiétude du corps enseignant. Au moment du vote final du budget, on annonçait des coupes de 18 millions dans l'enseignement, dont 14 millions dans l'enseignement obligatoire, ce qui implique la suppression d'une centaine de postes", a expliqué l'élue jeudi dans le Journal du Matin de la RTS.

12 millions d'économies possibles

Mais pour Anne Emery-Torracinta, les coupes ne seront pas forcément nécessaires. "Nous cherchons des pistes de recettes, des réallocations sont possibles. Et certains employeurs sont prêts à réfléchir à des mesures de formation", souligne-t-elle.

Un rapport de la Cour des comptes, qu'elle a demandé, table également sur des économies possibles de 12 millions de francs, notamment grâce à des modifications dans l'enclassement.

"15% de jeunes non certifiés"

Selon Anne Emery-Torracinta, ces économies permettraient de mettre davantage de moyens dans l'une des priorités du gouvernement genevois: aider les élèves en grande difficulté, dans le but de les certifier. "Dans le canton de Genève, 15% de jeunes sortent chaque année de l'école sans aucun titre et ont, à terme, quatre fois plus de chances que les autres de se retrouver au chômage", regrette-t-elle.

jvia

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Main d'oeuvre nécessaire après le 9 février

Après l'application de l'initiative du 9 février, la Suisse aura besoin de davantage de ressortissants qualifiés pour faire face à la demande du marché sans faire appel à une main d'oeuvre étrangère aussi abondante qu'auparavant.

La formation des jeunes est en ligne de mire pour pallier ce manque, mais la question des filières à encourager pour répondre au mieux aux besoins se pose.

Selon le conseiller national Mathias Reynard (PS/VS), qui siège à la commission de l'éducation, il s'agit d'un problème démographique, auquel il sera de plus en plus difficile de répondre car tous les secteurs de l'économie réclament leur dû.

La formation de jeunes arrivés à l'âge adulte sans aucune qualification, dont le nombre serait élevé selon les cantons (15% chaque année à Genève, comme l'indique Anne Emery-Torracinta), représente donc un potentiel vivier dans lequel puiser.

Trop de maturités à Genève ?

Dans le canton de Genève, on compte 30% de maturités par année contre une moyenne suisse de 20%. Pour Anne Emery-Torracinta, la situation est logique: "Ce chiffre comprend aussi la maturité professionnelle et la maturité spécialisée. Et puis nous sommes un canton tertiaire. Notre seule richesse est l'éducation car nous n'avons pas de matière première et avons besoin de main d'oeuvre qualifiée".

La conseillère d'Etat note toutefois qu'environ un élève sur quatre quitte le collège avant d'obtenir sa maturité, souvent pour cause de double échec. Elle souhaiterait donc de permettre "une réorientation plus rapide".