Après trois plaintes pour viol déposées en France et une aux Etats-Unis, c'est désormais dans sa ville natale, Genève, que Tariq Ramadan devra affronter la justice. Une Suissesse âgée d'une quarantaine d'années à l'époque des faits l'accuse de séquestration, contrainte sexuelle et viol avec la circonstance aggravante de la cruauté.
Le témoignage de cette femme, surnommée Brigitte, est raconté par la Tribune de Genève sur la base d'un document que le quotidien a pu consulter.
Séduction
Selon ce document, cette musulmane convertie a rencontré Tariq Ramadan pour la première fois lors d'une séance de dédicaces à Genève, puis à l'une de ses conférences, en 2008, durant laquelle il lui a transmis sa carte de visite. Elle affirme avoir correspondu ensuite avec lui par le biais de Facebook et MSN. "Il se montrait parfois taquin, pouvant ainsi me traiter par exemple de 'coquine', et j'étais séduite", reconnaît-elle, dans le document cité par la Tribune de Genève.
C'est à l'occasion d'une conférence privée à laquelle elle ne peut assister que l'intellectuel lui aurait proposé d'aller boire un café. Le 28 octobre 2008, elle le rejoint alors dans un hôtel de la Rive droite, à Genève. Durant un échange "cordial" dans une salle de dîner, Tariq Ramadan aurait indiqué à Brigitte avoir de sérieuses raisons de penser qu'elle travaillait pour les Renseignements généraux français.
Durant des heures
C'est en l'aidant à monter du matériel dans sa chambre que tout aurait commencé. "M. Ramadan s'est baissé pour brancher ou débrancher un appareil. Je me trouvais alors derrière lui (…). Au moment où il s'est redressé, son visage s'était transformé. Il m'a alors basculée sur le lit (…) et est tombé sur moi. Je lui ai immédiatement demandé d'arrêter", écrit le quotidien genevois, citant toujours le document.
La contrainte sexuelle aurait duré des heures, durant lesquelles Brigitte, "terrifiée et paralysée", dit avoir reçu des gifles. "Il me disait qu'il y avait deux catégories de femmes qui refusaient d'embrasser: les prostituées et les espionnes", explique Brigitte.
Après avoir réussi à s'enfuir vers 06h30, la Suissesse, qui souhaite garder l'anonymat, a songé à porter plainte. Elle s'est ravisée par peur, mais s'est confiée à une journaliste romande connaissant Tariq Ramadan.
Brigitte explique dans le document avoir continué à correspondre avec lui pendant quelque temps, "dans l'espoir de comprendre son geste, dans l'espoir qu'il s'excuse".
Réaction des avocats
Sa motivation à porter plainte est née du courage des autres victimes qui se sont exprimées, indique-t-elle dans le document. Son avocat genevois, Me Romain Jordan, a confirmé le dépôt de la plainte pénale. "Cette plainte dénonce des faits susceptibles de constituer un viol avec cruauté", expliquait-t-il dans le 19h30 de la RTS.
L'avocate genevoise de Tariq Ramadan, Yaël Hayat, dit tout ignorer de cette nouvelle affaire. "À ce stade, je relève que les droits de la personnalité de Tariq Ramadan sont violés, puisqu'il est fait état, avant même qu'il ait connaissance de la plainte, de la teneur de faits graves", réagit-elle au micro de la RTS.
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