Une voiture emportée sur cinquante mètres, une carte d'identité qui s'envole jusque dans le Val-de-Ruz, plus de 70 kilomètres plus loin: il y a 50 ans, le 26 août 1971, une tornade dévastait la Vallée de Joux. Les couples Aubert et Berney s'en souviennent comme si c'était hier.
"Les vitres tremblaient, on était tous debout dans l'atelier en train de se demander si elles allaient résister (...) j'ai un souvenir très précis de deux corbeaux que je vois passer à l'envers, absolument gagnés par le courant (...) c'est à ce moment que je me suis dit qu'il y avait un sérieux problème", se remémore Wilfred Berney dans le 19h30.
Eliane Berney, son épouse, se souvient également de la crainte qu'avait suscitée cette tempête pas comme les autres: "J'ai eu peur, c'était vraiment violent. J'ai mis mon bébé au lit et je me suis calfeutrée dans la maison", explique-t-elle.
550 hectares de forêt détruits
Quelques minutes plus tard, on constate déjà les dégâts. "Quand on est sorti de la maison, on a vu qu'il y avait des maisons qui n'avaient plus de toit (...) Côté forêt, on a commencé à distinguer plusieurs chalets qu'on n'avait jamais vu auparavant, puisqu'il y avait une forêt", ajoute de son côté Daniel Aubert.
Et pour cause, la tornade détruira 550 hectares de forêt, l'équivalent de 770 terrains de football. Outre les toits qui s'envolent, près de 300 personnes seront sinistrées et six blessées. Par chance, cette super tempête ne connaîtra pas d'issue tragique.
La Vallée de Joux, une topographie particulière
En Suisse, les deux plus puissantes tornades, soit celle de 1971 et celle de 1890, ont toutes deux touché la Vallée de Joux. Pour Lionel Peyraud, prévisionniste à MétéoSuisse, il y a une part de hasard mais c'est surtout la topographie spécifique des lieux qui explique cela.
"Je dirais qu'il y a vraisemblablement quelque chose qui est dû un peu à la canalisation des vents dans les vallons du Jura, qui font que de manière locale, cela peut les renforcer", juge-t-il.
Pour les aînés de la région en tout cas, le souvenir et le crainte restent vifs même 50 ans plus tard. "Quand le ciel devient sombre, comme il y a dix jours, je dis à mon mari que je n'aime pas ça et que c'est comme un cyclone", détaille Huguette Aubert.
Si le phénomène reste imprévisible, il pourrait bel et bien se répéter un jour.
Patrick Le Fort/ther