Au Gymnase de Beaulieu à Lausanne, par exemple, une majorité d'élèves a adopté le signe de ralliement. Une initiative soutenue par la direction de l'établissement. "Nous estimions que cela correspondait vraiment au message que nous essayons de faire passer tout au long de l'année: le harcèlement est l'affaire de tous, on ne doit pas détourner le regard et il est crucial de réagir lorsque l'on constate un comportement inapproprié", explique la directrice Sabrine De Vito-Bolla, à la RTS.
A l'origine de cette démarche se trouve Helay Fatah, 23 ans, présidente du Conseil des jeunes de la Ville de Lausanne. "Le harcèlement scolaire était une réalité effrayante pour les élèves en arrivant au gymnase", témoigne-t-elle. Environ deux à quatre élèves par classe sont victimes de harcèlement en Suisse, selon la dernière étude PISA.
Un symbole neutre
Cette journée s'adressait aux élèves des gymnases, mais aussi aux enseignants, car ce sont souvent eux qui observent les dynamiques au sein des classes, selon Helay Fatah. Ce qui l'a beaucoup marquée, c'est la réaction de certains professeurs qui semblaient minimiser ce problème en raison de l'âge des élèves. "Cela m'a profondément révoltée, car, même au sein de ma classe, je constatais des cas flagrants de moqueries, d'intimidation et de discrimination."
Le t-shirt blanc comme symbole n'a pas été choisi au hasard. "Le t-shirt blanc, étant un vêtement commun à tous et sans connotation de classe sociale, de genre ou de taille, permet d'éviter toute discrimination", explique Helay Fatah.
Helay Fatah et ses collègues espèrent faire de cette action une tradition annuelle et appellent à instaurer un dialogue avec ces institutions pour mieux comprendre et combattre le harcèlement scolaire. "Nous sommes conscients que des mesures sont mises en place par l'Etat, mais nous ne savons pas toujours comment y accéder, explique-t-elle. Nous aimerions que les institutions publiques viennent à nous, nous montrent plus clairement ce qui existe et les ressources que nous pourrions utiliser."
L'inaction politique dénoncée
Beaucoup de choses restent à faire. Le magazine L'illustré a consacré mercredi un article au suicide d'une jeune Valaisanne de 22 ans en septembre dernier après avoir subi du harcèlement durant des mois, notamment sur les réseaux sociaux. L'avocat de la famille, Sébastien Fanti, dénonce l'inaction des responsables politiques.
"Ses dossiers se multiplient et je ne comprends pas, objectivement, les priorités des élus. Je pense que c'est leur paresse, leur manque de compréhension des enjeux numériques actuels qui explique cela, dit-il. Mais nous avons également un processus législatif beaucoup trop lent."
Et d'ajouter: "La France a adopté des peines de prison pour des jeunes qui ont 13, 14 ou 15 ans. D'autres sanctions sont envisagées par nos pays voisins, comme la privation d'un accès à un abonnement téléphonique, d'un téléphone ou l'interdiction d'accès aux réseaux sociaux. Il faut protéger les jeunes. Nous avons trop laissé faire."
Léa Bucher, Tschani Boulens et Romain Bardet/vajo